mercredi 11 mars 2015

"Le malade imaginaire" selon Michel Didym au TNS: "entremets-teur" !


Allo Molière, bobo, grand corps malade!
On semblait connaitre la pièce emblématique de Molière sur médecins et médecine, et voici une version scénique très personnelle de Michel Didym, pleine de verve, de jeux de gestes, d'attitudes mesurées pour exprimer la démesure des personnages en liesse !
Chorégraphie des déplacements, postures , attitudes et gestuelle appropriée à chacun, tout est ici rythmé par les corps et la musicalité du texte, par les chansons et "entremets" musicaux décallés par rapport à la "comédie ballet" d'origine, signée baroque Lully!
Quelques intermèdes musicaux viennent émailler la pièce de façon très exotique, tout à fait inattendue. Ces intermèdes, bien que rarement montés, font partie intégrante de la pièce originale de Molière. Le metteur en scène donne une explication intéressante  :
« Je croyais que c’était une volonté de Molière de créer un espace métaphorique autour de la médecine. Il me paraît aujourd’hui qu’à l’évidence la musique de Lully a été imposée à Molière de manière dictatoriale. Beaucoup de ces ballets entourant la pièce étaient des oeuvres de circonstances qui permettaient à Molière d’accéder à la Cour et, tout simplement, de subsister. [...] Je ne compte pas garder l’intégralité de ces intermèdes musicaux chorégraphiés qui sont pour moi comme une gangue dont il s’agit d’extraire le fruit. »

Les choix de Michel Dydim quant à ces intermèdes musicaux amènent un champ inattendu à la pièce, un décalage tout à fait rafraîchissant et bienvenu. Cela enrichit le spectacle et l’empêche de tomber dans une représentation plus convenue du Malade imaginaire tel qu’on l’attend.
Il y a par exemple à la fin de la pièce une scène de ballet chantée et dansée : l’intronisation d’Argan en médecin. L’absurde est ici poussé à son terme. La parole devient musique : elle ne véhicule rien d’autre que l’étonnement du protagoniste devant ces médecins devenus fous. C’est du pur burlesque.
Et les actrices de briller dans des interprétations virulentes pour Toinette, éblouissante Norah Krief, affolante, abrupte et tonitruante, douce et soumise pour Angélique, gracieuse  Jeanne Lepers, aux longues jambes mystérieuses, façonnées par un sculpteur de génie !
Sans compter sur Louison, adorable fillette au jeu très assuré, feignant la mort dans une chute royale, simulée bluffante ! Une graine d'actrice véritable!

au TNS Strasbourg jusqu'au 21 MARS

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