Yasmina Reza, née en 1959, est une auteur et actrice française. Son père était un ingénieur juif iranien d'origine russe et sa mère une violoniste juive hongroise. « Art », sa pièce la plus célèbre, a été créée à Paris le 28 octobre 1994 et a remporté en 1995 le Molière de l'auteur francophone vivant et le Molière du théâtre privé. Depuis, la pièce a été traduite en trente-cinq langues.
« Art » est évidemment avant tout une brillante tragicomédie, mais en raison du discours néolibéral en vogue sur l'utilité de l'art et de la culture, de plus en plus cynique, le texte reste d'une inquiétante actualité.
Quand l'art est-il de l'art ?
Combien l'art peut-il coûter ?
Est-il utile qu'un pays consacre de l'argent à l'art ?
Votre passe-temps favori doit-il être subventionné ?"
Combien l'art peut-il coûter ?
Est-il utile qu'un pays consacre de l'argent à l'art ?
Votre passe-temps favori doit-il être subventionné ?"
Voici pour le préambule...Alors qui est-on quand on s'offre un tableau tout blanc strié de nervures blanches pour 200 000. Un snob, un fou, un dilettante, un ignorant, un amateur d'art ou tout simplement un homme qui cherche à connaitre la valeur de l'amitié avec ses deux complices, compères de toujours?On oscille vite pour une autre intention et surtout on ne tombe pas dans le piège de celui qui va se laisser séduire et embobiner par un discours lénifiant sur l'art abstrait....
Yasmina Reza évite l'obstacle et tisse un merveilleux texte, échange tonitruant et rebondissant entre trois êtres qui se cherchent, doutent, s'interrogent, tentent de rire sur le naturel ou l'absurdité d'un acte: acheter de l'art, pourquoi? Se faire plaisir, épater la galerie et le galeriste, faire semblant de s'y connaitre? Métaphore de la vie et de toutes ses embûches pour parvenir à aimer et se faire aimer.
Le collectif TG STAN et DOOO PAARO s'empare de ce motif pour mettre en scène une comédie pimentée, subversive, caustique et tendre à la fois où chacun des personnages excelle dans une interprétation minutieuse, savante, engagée autant que distancée.Il faut voir Kuno Baker en Serge,acheteur convaincu et malicieux, Gillis Biesheuvel, Yvan féroce tendre et désemparé, Frank Vercruyssen en Marc,dubitatif et septique pour se régaler du jeu des acteurs autant que de la langue, du texte à fleur de bouche et de lèvres.Et vous songez à l'ouvrage de Daniel Arasse "On y voit rien" pour rire des flatteries, préjugés ou autre attitude face à la lecture de l'art: savant ou vernaculaire, content pour rien ou comptant pour rien, et tout ira pour le mieux pour ce trio décapant, au ton vif et enjoué pour aborder le savoir sans fin que la peinture délivre à travers les siècles: l'amitié résiste aux divergences d'opinion sans que la toile n'ait fait quelques ravages, aveux ou nettoyages : un témoin, un prétexte à confronter humeur et sentiments pour le pire et surtout le meilleur; Art-tention !
Au théâtre de la Bastille jusqu'au 30 Juin, 20H
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