"Nachlass : de nach (après) et lassen (laisser). Nachlass correspond à l'ensemble des biens matériels et immatériels laissés par un défunt.
Pièce de théâtre sans êtres humains, Nachlass se déroule dans des espaces intimes que des personnes confrontées à la mort ont souhaité reconstituer pour nous. Ici, le petit théâtre d’une femme qui rêvait d’être chanteuse de cabaret, là le bureau d’un banquier et de son épouse, plus loin, le témoignage plein d’amour d’un père à sa fille. Avec le scénographe Dominic Huber, ils ont eux-mêmes esquissé le portrait de leur vie, en confectionnant de leur vivant un espace de narration qui parle pour eux après leur mort.
Installation déambulatoire, Nachlass s’ouvre au regard des spectateurs qui pénètrent dans le dispositif par groupes de huit, toutes les quinze minutes.
« Il semblerait que nous n’ayons jamais aussi intensément réfléchi à l’éphémère et à la mort, au temps et à l’éternité, qu’en ce début de XXIe siècle. (...) Peu de pays permettent d’observer ce phénomène aussi bien que la Suisse. En Suisse, la mort est anticipée, mise en scène et analysée avec une précision presque inégalée. » Stefan Kaegi, mai 2015"
Lorsque on pénètre dans ce qui sera l'espace de jeu, c'est un peu avec déjà nos propres questionnements sur "la fin de vie", la notre, celle des nôtres...Selon les âges, on appréhende les choses différemment, mais pour ces huit "cas" et habitants virtuels de ces huit chambres, espaces conçus à chaque fois pour accueillir les propos de huit personnages,tout est différent. Du couple qui évoque la fin de vie maîtrisée et pilotée par d'autres, au spécialiste du saut en parachute qui s'interroge sur la nécessité de s'assurer pour couvrir ses proches en cas de mauvaise chute, tout semble bien différent!
De l'espace clinique de celui qui réfléchit sur la démence, à la cuisine cosy et chaleureuse, emplie d'objets vernaculaires, le contraste est saisissant et toujours bien amené. On attend son tour avec le décompte des temps d'intervention, on passe d'une cabine à l'autre en compagnie d'autres spectateurs et la remontée dans la mémoire est belle et sereine Certain se préoccupe de confectionner amoureusement son cercueil pour le grand retour au pays après avoir essayé son linceul....C'est gai et positif, toujours dans le sens de la vie, celle qu'on va laisser, qu'on a bien vécue. Et sa fortune aussi, de s'investir dans une fondation pour échapper au fisc et faire avancer les choses en Afrique.Chanter pour exhausser son rêve sous le spot lumineux d'un rideau de scène d'un théâtre miniature... Faire essayer son lit de chambre de motel, celle qu'on partageait avec sa fille qu'on aurait jamais eue si l'on avait su qu'on était atteint d'une maladie dégénérescente....Passé, présent et avenir se côtoient quasi deux heures durant, le temps de faire connaissance avec ceux qui ne sont pas là, plus là et qui se soucient de laisser quelques traces visibles dans les mémoires des invités de ces cérémonies funèbres, funéraires qui osent mettre des mots sur les maux, les nostalgies, les reliques : des photos, des mouches appâts, des loukoums, une tenue de jump base, la chanson de Tom Pillibi..
Mise en espace comme dans un couloir, une salle d'attente, judicieusement confidentielle, mise en images par Bruno Deville, cette "déambulation" est bien plus qu'une balade, c'est un voyage dans l’au-delà, dans la science-fiction plutôt réalité du déroulement logique de la vie vers l'issue fatale et pourtant joyeuse de la mort: disparition comme cette absence d'acteurs, ces voix off qui jalonnent le parcours et en font un rébus à déchiffrer peu à peu. Huit "stations"pour réfléchir et ne pas fléchir, pour se pencher sans céder sur le cas de la vanité Des morceaux de vie, des moments d'humour, des instants de lucidité saisissants qui nous font réfléchir à nos propres volontés, nos désirs de passation et de filiation. Comme un miroir où l'on s' interroge avec courage et sans compromis sur la vie, la mort "mode d'emploi"! Stefan Kaegi et Dominic Huber aux commandes en pilote de ligne absents pour mettre le cap sur le tarmac final.
Alors "Nachlass" devient réalité irrévocable, "faim de vie" et soif de résurrection, histoire de croire qu'on va en revenir comme le héros de Pasolini dans "Le Décaméron".....Les nouvelles sont bonnes, on peut "partir" tranquilles !
Au Maillon Wacken jusqu'au 11 Juin
Lorsque on pénètre dans ce qui sera l'espace de jeu, c'est un peu avec déjà nos propres questionnements sur "la fin de vie", la notre, celle des nôtres...Selon les âges, on appréhende les choses différemment, mais pour ces huit "cas" et habitants virtuels de ces huit chambres, espaces conçus à chaque fois pour accueillir les propos de huit personnages,tout est différent. Du couple qui évoque la fin de vie maîtrisée et pilotée par d'autres, au spécialiste du saut en parachute qui s'interroge sur la nécessité de s'assurer pour couvrir ses proches en cas de mauvaise chute, tout semble bien différent!
De l'espace clinique de celui qui réfléchit sur la démence, à la cuisine cosy et chaleureuse, emplie d'objets vernaculaires, le contraste est saisissant et toujours bien amené. On attend son tour avec le décompte des temps d'intervention, on passe d'une cabine à l'autre en compagnie d'autres spectateurs et la remontée dans la mémoire est belle et sereine Certain se préoccupe de confectionner amoureusement son cercueil pour le grand retour au pays après avoir essayé son linceul....C'est gai et positif, toujours dans le sens de la vie, celle qu'on va laisser, qu'on a bien vécue. Et sa fortune aussi, de s'investir dans une fondation pour échapper au fisc et faire avancer les choses en Afrique.Chanter pour exhausser son rêve sous le spot lumineux d'un rideau de scène d'un théâtre miniature... Faire essayer son lit de chambre de motel, celle qu'on partageait avec sa fille qu'on aurait jamais eue si l'on avait su qu'on était atteint d'une maladie dégénérescente....Passé, présent et avenir se côtoient quasi deux heures durant, le temps de faire connaissance avec ceux qui ne sont pas là, plus là et qui se soucient de laisser quelques traces visibles dans les mémoires des invités de ces cérémonies funèbres, funéraires qui osent mettre des mots sur les maux, les nostalgies, les reliques : des photos, des mouches appâts, des loukoums, une tenue de jump base, la chanson de Tom Pillibi..
Mise en espace comme dans un couloir, une salle d'attente, judicieusement confidentielle, mise en images par Bruno Deville, cette "déambulation" est bien plus qu'une balade, c'est un voyage dans l’au-delà, dans la science-fiction plutôt réalité du déroulement logique de la vie vers l'issue fatale et pourtant joyeuse de la mort: disparition comme cette absence d'acteurs, ces voix off qui jalonnent le parcours et en font un rébus à déchiffrer peu à peu. Huit "stations"pour réfléchir et ne pas fléchir, pour se pencher sans céder sur le cas de la vanité Des morceaux de vie, des moments d'humour, des instants de lucidité saisissants qui nous font réfléchir à nos propres volontés, nos désirs de passation et de filiation. Comme un miroir où l'on s' interroge avec courage et sans compromis sur la vie, la mort "mode d'emploi"! Stefan Kaegi et Dominic Huber aux commandes en pilote de ligne absents pour mettre le cap sur le tarmac final.
Alors "Nachlass" devient réalité irrévocable, "faim de vie" et soif de résurrection, histoire de croire qu'on va en revenir comme le héros de Pasolini dans "Le Décaméron".....Les nouvelles sont bonnes, on peut "partir" tranquilles !
Au Maillon Wacken jusqu'au 11 Juin
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