lundi 19 juin 2017

"Avignon à vie" et à "très grande vitesse" InOui, ouigo !


"Dans le TGV pour Avignon, Pascal Rambert songe, observe et décrit ce qu’il voit : passagers, paysages, images et souvenirs du festival, légendes des spectacles joués depuis des décennies, images superposées, émotions toujours aussi vives, exaltation paroxystique d’un jeune homme épris de théâtre arrivant pour les premières fois dans cette cité d’un Sud à la fois haï et aimé. Rédigé pendant les trajets en train, en avion, durant l’attente dans les lieux de transit, ce poème en vers et en prose est une ode à la ville pendant ces quelques jours d’été où se presse tout un monde qui cherche à éprouver un transport esthétique, qui vient regarder des acteurs et des danseurs sur scène, qui se retrouve à ciel ouvert dans la cour d’honneur du palais des papes. Le texte est un chant d’amour au présent qui fait revivre une forme d’anxiété et de fébrilité, et parle de l’admiration pour les metteurs en scène et les acteurs dont la présence a marqué tous ces lieux et s’est inscrite quelque part dans les murs et au fond des mémoires. Celui qui se promet d’y revenir un jour et y est revenu en effet à de nombreuses reprises, fait se superposer différentes couches de temps et propose à Denis Podalydès, d’ailleurs cité dans un passage du texte, de jouer le rôle du lecteur."

"Coudre des vies sur des corps"
"Rambert en temps réel", solitaire intempestif signe ici un texte saisissant .
Dans la salle Koltes au TNS, une fois de plus il confie à Denis Podalydès le rôle de son personnage à l’affût de la vie avignonnaise.
Seul en scène, livret à la main, tenue d'été , chemise blanche, comme quand on part pour Avignon. Les corps s'animent de suite dans le texte du chorégraphe, gorges déployées, sur leurs "appuis", ancrés, défaits, vivants, charnels sensuels, abandonnés par le désir Le tunnel du TGV comme métaphore érotique, celui on l'on s'engouffre: anatomie du vocabulaire, physique, présent comme incarné par le comédien-conteur-lecteur." Je hais le théâtre, celui des mots", et c'est Pina Bausch qui relève le défi du non verbal dans la mémoire de l'écrivain-danseur. A la vitesse "grand V", le texte défile comme autant de séquences cinématographiques vues du cadre des vitres du train. Des histoires s'inventent chez ce personnage, voyageur du temps et de l'espace: la vie de Sandra, femme amoureuse, délaissée sur le quai pour laquelle il invente une autre vie....Vers le Sud toujours, en direction de tout ce qui n'est pas Le Creusot, sordide lieu de trépassés, de sinistrés. Vers Avignon, théâtre de l'histoire d'un festival, de ses auteurs, metteurs en scène, directeurs. Et de tous "ce et ceux que je n'ai pas vus" ! Le "fix" d'Avignon, cette drogue théâtrale, ce Palais des Papes qui fait sa tête de mule et envahit la cité. "Observer", "coudre des vies sur des corps", faire une "liste" pour se souvenir et remuer le terreau fertile du Théâtre....Et ce camping mythique "Les Bagatelles" sur l'île de la Barthelasse où tout jeune, Rambert contemplait les Mirandes en se disant que derrière Urbain V on ne pouvait voir la ville sacrée !!!
Beau texte émouvant, foisonnant, lu à tu-tête savamment pour le plaisir de ceux qui écoutent ce soir là, en assemblée, le mistral souffler et caresser le corps des pierres de la Cité des Papes du Théâtre. Podalydès, discret conteur habité, inspiré par les mouvements, le phrasé dansant d'un texte qui avance, comme un TGV sur la ligne d'un chemin de fer bon à tirer ! Oui, ceux qui l'aime prendrons le train, à voile ou à vapeur, en micheline ou tortillard , en omnibus pour mieux faire "leur "like" sur toile de fond d'Avignon: on y danserait toujours....

Au TNS ce 19 Juin dans le cadre de "L'autre saison"

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