mercredi 7 juin 2017

"Gomme" de Loic Touzé et Yasmin Rahmani: rien ne s'efface et ça trace !


"Où est le lieu de la danse ? D’où vient-on quand on danse ? C’est avec ces questions que Yasmin Rahmani a souhaité rencontrer Loïc Touzé et initier un dialogue avec lui, danseur d’une même génération dont le parcours vient d’une autre culture artistique.
GOMME est une remontée aux sources d’un langage, le hip hop dont Yasmin Rahmani a été un des précurseur en France. Il propose à Loïc Touzé d’être partenaire, dramaturge et
récepteur de ses questions. Se construit un portrait, celui de Yasmin Rahmani en prise avec sa propre histoire articulée à celle du Hip Hop. Il nous la raconte par éclats, citations et fictions avec comme unique désir, celui de tenter de produire enfin une danse Hip Hop non pas exécutée mais juste imaginée."

Alors sur le tableau noir, on efface tout et on recommence: on gomme et ça repart !
Un décor dépouillé pour ce duo, duel bicéphale, hybride bestiole à deux têtes pensantes et dansantes. Costumes décontractés, urbains, sobres et pratiques pour commenter une vie de danse, deux vies de danse qui traversent les corps et les pensées, structurent le quotidien de ceux qui se meuvent jour et nuit dans la pratique de la danse, des danses, de toutes les danses. Après un petit coup de vinyl vintage , un superbe duo, style cabaret entame la soirée sous l'égide de grands noms graffités: Fred Astaire, Travolta, les Nicholas Brothers....Et comme deux vétérans dans leur campement de fortune, avec veste et chapeau en prologue. Nous voici projetés dans le temps, à rebrousse poil et dans l'évocation très stylée des "jeux de jambes" qui ont fait l'histoire autant du hip hop que de la comédie musicale.Malin, futé, rusé, ce Yasmin Rahmani, pour nous conter "une histoire à ma façon" de sa danse traversée de multiples influences. Sans parodier, ni imiter, sans accumuler les connaissances, le voilà qui s’attelle à une tâche légère: celle d'être inventif pour nous évoquer des univers bien contextualisés dans la "grande Histoire".Pausé, modulé, ponctué, son geste est celui d'un "grand méchant look" à la De Funès dans "Le Grand Restaurant": stylé, toujours, saccadé, haché pour cette danse de volatile, avisé quand il décrit ce "sol", porteur de tous les projets du hip-hop, prestidigitateur en diable, merlin l'enchanteur de sa génération dans son "Bach slide".
En habit de cosmonaute comme dans les années 1984,dansant sur "Oxygène" de J.M.Jarre...
Et l'on comprend mieux le titre "Gomme" lorsqu'il évoque les crissements des semelles sur le sol, celles de son ami, tout simplement. Celles qui laissent des traces au sol, comme une partition de notation chorégraphique à la Feuillet. Il trace ensuite et dessine une cosmogonie parlée de toutes les figures mythiques, sans démonstration, nous laissant imaginer la danse: torpille, balle au rebond, coupoles s’enchaînent sans qu'on les voit: on les devine et l'imagination va bon train: on danse aussi, les yeux fermés. Au final, pas de "fin" mais Loic Touzé et Yasmin Rahmani nous suggèrent de la faire nous mêmes, avant de nous quitter sur cette touche d'humour, de fantaisie, de poésie .Grafs de stars derrière eux, signés Jocelyn Cottencin, baudruche lumineuse telle une lune ou un soleil qui éclaire et surplombe le plateau,bien entourés de leurs amis autant que par les stars reconnus, nourris de désirs de partager leur rencontre, leurs différences et leur joie de danser ou de ne "pas danser" !

Au centre culturel Django Reinhardt le 7 JUIN dans le cadre du festival EXTRAPOLE

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