"Voilà bien une vingtaine d’années que Marc Ducret et Christophe Monniot s’invitent régulièrement dans leurs orchestres et projets respectifs (Ozone et Moniomania pour l’un ; Qui parle ? et Métatonal pour l’autre), tissant ainsi la trame d’un « territoire commun » en éternelle recomposition. C’est aujourd’hui en duo qu’ils poursuivent et développent leur dialogue, choisissant dans cette formule à haut risque de jouer la carte d’une sorte de mise à nu expressive et émotionnelle. Travaillant sur la tension entre écriture et improvisation à travers une série de compositions audacieuses et sophistiquées, ces deux électrons libres inventent une musique à nulle autre pareille, à la fois très tenue et follement expressionniste — toute en déflagrations d’énergies contrôlées."
Il faut les voir de si près, ces deux compères débonnaires, modestes et talentueux interprètes, nous livrer leurs fantaisies sonores au gré de leurs inventions, improvisations et autres trouvailles musicales de haute volée. L'interprétation sur le fil de la virtuosité "masquée", sincère marque de fabrique et de facture instrumentale. L'un aux "saxophones" et ses trois membres de la famille des vents, l'autre à l'unique guitare en en faisant sourdre et éclore des sons tantôt irritants, tantôt quasi lyriques...Démarrage avec "Yes, Igor", un titre énigmatique non revendiqué dans ses origines où se construit peu à peu leur relation de dialogue, questions-réponses virulentes ou édulcorée par des harmoniques insoupçonnées.Le son du saxo quelque peu à la Barbieri, chaleureux, sensuel ou Garbarek, lointain, évaporé.. Curieuse coïncidence sonore:"Un dernier tango" en référence à la musique de Gato Barbieri pour le film au titre éponyme et le tour est joué: ils nous emmènent sur des chemins de traverses très inspirés, entre plagia caricaturé très subtil où la "mélodie "basique et répétitive, se transforme, se déplace, subit des métamorphoses rythmiques et sonores acoustiques, humoristiques et décalées. Salvatrice déambulation des sons et des mesures au profit d'une nouvelle pièce où le tango est bien comme à ses origines, une danse d'hommes aux abois, traqués et magnifiée dans leurs déplacements angulaires, sensuels et directionnels...Encore quelques bons "morceaux" de bravoure décoiffant dont une pièce au titre évoquant la Thailande ou Birmanie, "Bishapour" et le concert s'achève par une courte composition, vive, brève qui semble tout dire ou tout condenser des talents respectifs de chacun autant que de la réussite de leur conjugaison. en osmose avec leur inventivité fertile et chaotique!
Ce concert marque la sortie de l’album Dernier Tango sur le label Jazzdor Series.
En partenariat avec la BNU le 19 Octobre auditorium de la BNU JAZZDOR
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