Co-écrite avec la chorégraphe Anne Nguyen, cette pièce nous emmène dans les années 2000 en République Démocratique du Congo, où Yves Mwamba, 12 ans à l’époque, y pratique la danse hip-hop au lendemain des guerres à Kisangani. À travers la danse, le chant, la musique et la voix, il nous conte l’histoire de toute une génération de jeunes danseurs de rue, les Mudjansa. Star du hip-hop au Congo, il revient sur cette période trouble où la dictature de Mobutu faisait sa propagande politique grâce à une danse populaire : la rumba congolaise. Ses paroles et ses danses, qui vont de la tradition africaine aux danses urbaines en passant par Mickaël Jackson et Kery James, nous transportent, avec humour dans un univers onirique, peuplé d’ancêtres et de démons. Un récit touchant et engagé porté par l’enthousiasme réjouissant d’Yves Mwamba.
Un solo très édifiant qui se fabrique en grande complicité avec le public: le regard et les yeux interrogateurs, suspicieux du danseur pour nous jeter dans le bain de l'histoire du Congo et de tout le continent noir. Il démarre par un inventaire des formes et grammaires gestuelles du hip-hop, krump et autres expressions des danses de rue, danses urgentes, danses de l'extrême, expression populaire et langage d'actualité sociétale. Yves Mwamba dénonce, dévoile, détisse les mensonges, les abus d'une classe politique dictatoriale où la danse rumba fut largement exploitée à des fins de propagande. Il fait même scander par le public des slogans peu recommandables. Mais c'est pour mieux mettre en exergue le danger de ce bourrage de crâne qui coupe les ailes de la liberté. Son geste est libre et très formaté danse de rue sans autre soucis de les transgresser, de les transformer. Franc, juste et cinglant il tâte le terrain et nous positionne au pied de nos responsabilités et engagements. Fier et altier, drôle et scrupuleux, le danseur cause, parle, chante et promet à chacun un bel avenir s'il est prêt à acheter sa célébrité, à se vendre au diable et à se soumettre au troupeau. En se laissant dédier un chant repris par les médias et en en faisant une star!Le spectacle comme un manifeste de l'indépendance autant d'un pays que d'un être humain, libre de ses choix et de ses pensées dansantes. Le public alors bien éclairé sur les risques de l'embrigadement ou de l'instinct grégaire auquel on nous prépare trop souvent. A saute mouton, saute frontières, ce passe muraille détenteur du bon "trousseau de clef" ouvre des perspectives qui sont loin d'être des "passe-partout".
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