Le LAB ouvre 2024 avec une exposition #Découverte aux accents ibériques. Nous avons le plaisir de présenter "61500 cm³" d’Irene Gordillo, jeune artiste madrilène que nous avons découverte l’été dernier à l’occasion de l’exposition des jeunes artistes La Rioja 2023 au Musée de La Rioja à Logroño.
Le travail d’Irene Gordillo explore la place du corps dans l’espace : à partir du calcul de son propre volume corporel, elle appréhende le réel dans sa dimension physique et matérielle pour révéler ce qui fonde notre relation au monde : le temps, l’espace et la gravitation sous un angle frictionnel. On croise des personnages dans des structures diverses : architecture, intérieurs, piscine, parc. On pourrait poser cette problématique dans différents lieux où les individus évoluent habituellement, mais l’artiste bouscule les attendus, en y instillant une forme de décalage et d’humour.
Les images sont composées de façon habile, jouant des lignes et des perspectives, les corps sont le plus souvent rigides, pas réellement vivants, pas morts pour autant, se fondent dans le décor, changent de place puis se retrouvent ailleurs, comme on déplace un pion sur un échiquier. Et au-delà de ces nuances, le propos est le même, et nous invite à sourire, à chercher le détail incongru : mais où est donc passé Charlie ?
Il flotte dans une des propositions vidéographiques d'Irène Gordillo comme un air d'éther aquatique. Oxymore qui sourd de cette proposition où un corps immergé dans une piscine évolue tel une méduse dans les abysses hydrauliques d'un espace artificiel. Teintée de pastels bleus verts grisants, l'image est mobile, instable, flottante, belle, douce et onirique. Des photos de corps enfouis dans des machines à laver dans un espace de cuisine domestique: un univers ludique et décalé, très chorégraphique où l'on pourrait distinguer des références ou inspiration issues du travail de Sahsa Waltz dans la vidéo de création d'Eliot Kaplan "L"allée des cosmonautes". Ici
personnage trouble, flouté à la Gary Hill ou Bill Viola, le corps
baigne paisiblement en apesanteur, suspendu aux cimaises des électrons
libres
sasha waltz |
La fiction chorégraphique transplantée dans un appartement de la banlieue berlinoise... Un singulier rapport à l’image enregistrée, à l’espace, aux cadrages, et aux faits et gestes filmés au plus près des corps, épousant une écriture et un tempo fulgurant. Encore un corps allongé sur un divan rose dans une atmosphère kitsch pour souligner le découpage des corps morcelés émergents à la Robert Gober.
L'architecture urbaine, le mobilier "urbain" inspire à la photographe des cadrages inédits. Les corps des modèles figurants s'inscrivant dans l'architectonique des lieux de passages, des arrêts du bus, stations vidées de leur public pour accueillir une mise en scène, en espace, singulière. Couchés sur l’asphalte, debout en érection verticale ou assis en tandem, le dos tourné. Belle configuration chorégraphique à la Willi Dorner qui ausculte l'espace, les failles pour y nicher des corps colorés dans les interstices du béton.
willi dorner |
Les accolades de deux amants, aimantés par un montage de photographies, style pixilation image par image renforcent encore cette écriture atypique de la jeune créatrice d'icônes sensibles.
En
photographiant une succession de mouvements du corps dans l’espace,
Irene Gordillo introduit une dimension particulière dans la perception
des choses. Il y a, dans les gestes et postures des corps figés tout un
alphabet qui se dessine et constitue un répertoire de signes, dans une
écriture aussi bien typographique que manuscrite.
La photographie ajoute ici une dimension que la vidéo ne saurait capturer, en jouant de ses interstices immobiles, elle met en exergue la situation plutôt que le mouvement, le fait plutôt que la narration, l’intrinsèque plutôt que l’histoire. Alors que la vidéo insisterait sur la performance de ces corps et leur virtuosité, l’image arrêtée met le doigt sur l’instantané, hors du temps et du mouvement, laissant au spectateur le soin d’imaginer le reste. Ils sont comme suspendus, déshumanisés et pourtant ils habillent ces espaces, en ouvrant un nouveau champ possible. Comment alors s’affranchir de ces forces qui les clouent au sol et les empêchent de se mouvoir librement ? Comment les habiter, les animer, et leur permettre de faire humanité ? Irene Gordillo signe avec 61500 cm³ sa première exposition personnelle en France : sensible, poétique et très prometteur.
La photographie ajoute ici une dimension que la vidéo ne saurait capturer, en jouant de ses interstices immobiles, elle met en exergue la situation plutôt que le mouvement, le fait plutôt que la narration, l’intrinsèque plutôt que l’histoire. Alors que la vidéo insisterait sur la performance de ces corps et leur virtuosité, l’image arrêtée met le doigt sur l’instantané, hors du temps et du mouvement, laissant au spectateur le soin d’imaginer le reste. Ils sont comme suspendus, déshumanisés et pourtant ils habillent ces espaces, en ouvrant un nouveau champ possible. Comment alors s’affranchir de ces forces qui les clouent au sol et les empêchent de se mouvoir librement ? Comment les habiter, les animer, et leur permettre de faire humanité ? Irene Gordillo signe avec 61500 cm³ sa première exposition personnelle en France : sensible, poétique et très prometteur.
Vernissage le jeudi 18 janvier à 18h en présence de l'artiste
L'exposition 61500 cm³ d'Irene Gordillo est présentée du 18 janvier au 17 février 2024 à la Galerie La pierre large (mercredi au samedi 16h / 19h)
Commissariat Benjamin Kiffel & Bénédicte Bach pour le LAB
Plus d'infos : www.galerielapierrelarge.fr
L'exposition 61500 cm³ d'Irene Gordillo est présentée du 18 janvier au 17 février 2024 à la Galerie La pierre large (mercredi au samedi 16h / 19h)
Commissariat Benjamin Kiffel & Bénédicte Bach pour le LAB
Plus d'infos : www.galerielapierrelarge.fr
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