mercredi 24 janvier 2024

Nach: "Elles disent" et en disent long......


Nach
Nach Van Van Dance Company France 4 interprètes création 2022

Elles disent

Venue à la danse par le krump, Nach déployait dans ses premiers solos de puissantes et charnelles danses de solitudes. Dans cette pièce de groupe, avec Adelaïde Desseauve, danseuse inspirée de krump, Sophie Palmer, danseuse de flamenco et Manon Falgoux, danseuse contemporaine, la chorégraphe compose des récits de corps singuliers d’où jaillissent des secrets, des révoltes, des extases. L’énergie du hip-hop et des danses urbaines est là, mais au milieu de silences, de sons, de souffles et de râles. Avec Flora Detraz et Dalila Khatir en soutien et conseil pour les parties vocales, la chorégraphe ose l’indicible, le cri, l’onomatopée. Elles disent emporte les esprits, parfois strié de doute ou de peur dans des corps de femmes prônant la force dans la différence, l’autodérision et le désir sans culpabilité.


 Quatre feuilles d'un trèfle qui porterait bonheur, plaisir, ravissement. Les quatre interprètes que façonne à sa guise Nach pour ce quatuor désopilant nous conduisent du pur krump en entrée, prologue ou antipasti, à une belle critique caricaturale des simulations spasmodiques d'un orgasme collectif de femmes en pâmoison. Drôle, clownesque et décalée, la pièce signée Nach conduit à brosser quatre portraits singuliers de corps émus par des personnalités bien campées. A l'identité gestuelle personnelle et revendiquée. Elles sont toutes quatre semblables et singulières.L'une telle Joséphine Baker excelle en mimiques, grimaces et autres postures, attitudes à l'africaine, courbée, en dedans, les épaules retroussées.L'autre plus décontractée simule la nonchalance, en short déchiré comme il se doit. L'une d'elles échevelée à souhait devise en autant de charades, virelangues ou jeu de mots à fleur de lèvres, susurrés ou chantés. Du punch, du tonus une heure durant sans fausse note ni faiblesse. Déterminées, assurées, fortes et solides créatures pour incarner la pensée en paroles et mouvement de Nach. Qui signe ici une oeuvre haute en couleurs, sons, émissions vocales de toutes sortes.


Divertissement grave et profond sur l'image des femmes qui parlent des femmes et les proposent comme icônes jubilatoires de la condition féminine. Enrichie sur le plateau par un jeu scénique inventif et surprenant, une gestuelle tétanique et proche de la folie pour stigmatiser les comportements dits "hystériques" ou compulsifs des femmes qui frôlent la divinité. La statuaire des corps mêlés est fluide et changeante , l'esthétique de ces énergies qui s'enchevêtre fort réjouissante. Les regards s'aiguisent, la "scène de la folie" de cette femme envoutée est sidérante. Quatre interprètes pour quatre facettes de Terpsichore en émoi, tant les gestes, les déplacements et autres surprises nous entrouvrent les portes d'autres possibles. Femmes, je vous aime et vous respecte sur ce plateau tout blanc, vierge d'histoire ou de récit pour ne plus laisser parler que les corps en mouvement.

A Pole Sud les 23 et 24 Janvier dans le cadre du festival "l'année commence avec elles"

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