samedi 20 janvier 2024

"Extra tes restes": On recycle en piste, en bretz'selle, on trie en déchets-tri, on rame en tram, on est décomposté au premier degré de tempé-rature....

 

 

Compostage, recyclage, tri et réemploi. Les comédiens de la Revue scoute ont porté en haut de l’affiche la seconde vie de nos déchets. « Extra, tes restes », c’est le titre qu’ils ont choisi pour leur nouveau spectacle. Un sujet dans l’air du temps et qui entre en résonance avec les préoccupations du moment.

En 2024, cela fera cinquante ans que le Café-théâtre de l’Ange d’Or ouvrit ses portes dans le pittoresque quartier de la Krutenau à Strasbourg. L’Ange d’Or fut le berceau, autant dire la couveuse, de ce bébé prématuré qui deviendra plus tard la Revue Scoute.

La Revue Scoute 2024 abordera des sujets aussi variés que le choc des civilisations, les destinations sanitaires pour des dents pas chères, le climatosepticisme, le genre des supporters, la faim de vie, la montée des prix, l’obsolescence des religions, la fin des hypers...
« Nous sommes entrés définitivement dans l’ère du recyclage, de la seconde main. Fini le gaspillage tous azimuts. Comme le disait si bien notre sirène dans la Revue Scoute 2023, on arrête de jeter la vie par les fenêtres... Le titre choisi cette année le dit bien : tout ce que nous jetons peut encore servir. Cela vaut pour les objets bien sûr : l’herbe fraîchement coupée qu’on méthanise ou ce bon vieux sèche-cheveux qui se recycle avec envie. Cela vaut aussi pour les individus qu’à tour de bras on requalifie, on réoriente, on reconverse, on réinsère... Cela vaut pour le monde politique qui est passé maître en récupération et qui sait si souvent muter pour tenter de faire oublier les vieilles idées polluantes
. »
 


Quarante ans de revue, ça se fête, alors "quadra", la revue en prend un bon coup dans l'aile! La quatra-ture du cercle se boucle et l'on jubile deux heures avec tous ces comédiens qui font la pluie et le beau temps sur notre planète "alsacienne" et de l'extérieur. A l'intérieur, on trie grâce à une équipe de techniciens des or-dures et "poubelles la vie" pour ces travailleurs de l'ombre évoqués à force de jeu de mots, calembours ou autre virelangue. Ici pas de langue de bois ni de chat: on dit ce que l'autre pense tout bas et on raffole d'humour noir, décalé, incisif et cinglant. La transition entre Paul Emploi et France Travail est une perle du "genre". Genre évoqué à maintes reprises, toujours du bon côté. L'Alsace c'est l'accouchement terrible du Grand Test, une séquence pimentée où la parturiente met bas moult objets et images stéréotypées de "notre province". Bierry aux premières loges de ce sketch désopilant qui en dit long sur l'identité régionale: plus un z'est, vous êtes cerné. Madame la Maire-Bière Danielle Dambach n'est pas en reste!
Schiltigheim, le berceau des "Scoutes"en prend de la graine avec cette balade, sac à dos, la maire en guide éclaireuse publique sur les sentiers du club vosgien, guide le peuple comme la liberté de Delacroix. Et le vert est dans le fruit pour ce compostage désopilant qui frôle le numéro de légende. 


C'est Patricia Weller qui s'y colle et c'est très éloquent. Quant à Jeanne d'Artagnan, la voici avec ses "mousqueverts" aux abois, face à un Gutenberg qui n'en finit pas de vociférer contre les pigeons et leur fiente sur sa statue. On imprime les faits et gestes, se gave de bons mots sur la gente humaine et la revue et corrigée bat son plein de verve, de rythme, de sauce bien relevée. Une robe de "seconde main" pour recycler le tissus et l'étoffe de la vie...Les musiciens sous la houlette de Michel Ott empruntent des morceaux connus et le "Hans im schnokeloch" fait mouche en défilé sado macho.Un Panza" kung-fu tout en rouge de colère.  Un steak à point ou au bleu, saignant comme un garçon boucher. Tout s'enchaine sans jamais s’étouffer ni se tarir L'AIRbnb des J.O. est un morceau de choix où le SDF se convertit en agent immobilier de choc, la "Justice d'Arson" est un régal de saynète désopilante. Une marionnette à deux jambes de poupée gonflable simule les malversations de Monsieur Dupond Moretti: grands écarts et autres élucubrations physiques pour conter les travers de la situation: le tout sur un cheval d'Arson..


En forme olympique,ce petit monde bordé des cinq anneaux en fond de scène. En "bombe à retardement" avec une fameuse intervention flash sur l'IA , un monologue entre un terroriste et une voix d'outre tombe qui interprète à tort toutes ses menaces. Les costumes de Rita Tatai siéent à merveille à cette tribu indomptable. Ce cabaret déjanté s'en prend aussi bien sur à la politique internationale et les Brigitte Macron ou Elisabeth Borne se retrouvent à deviser sur leur avenir, à venir pas trop reluisant. Bruno Uytter met sa patte de chorégraphe intuitif et efficace pour ce "Paradis alsacien" de circonstance. Du beau, du bon, du rire et de la critique en  sketches encaustiques pour ce show inédit entre revue et music-hall. Un OVNI du genre! L'orchestre au diapason de cet opus endiablé comme un bon Offenbach, opérette de pacotille au service de la diatribe et du cynisme décapant de ce monde manichéen à souhait. Chacun des comédiens y va de sa voix et pas une ride pour ce spectacle hybride en diable. 


Électrisante à souhait et décoiffante diatribe sarcastique à l'envi. Un moment d'électro choc salvateur où chacun s'y retrouve et respire de satisfaction constatant que ce qu'il pense tout bas est ici clamé haut et fort en toute majesté. L'équipe autour de Chambet-Ithier figure légendaire de la revue se déchaine, se défonce le temps d'un festin haut en couleurs, savoureux à souhait. Belle cuvée 2024 où personne n'est en reste: c'est extra!


 

Spectacle de cabaret satirique en français pour 8 comédiens et 4 musiciens
Coréalisation Acte 5 et Ville de Schiltigheim Et on fait des économies de chauffage au premier degré....

  • le 14/01/2024, le 21/01/2024 de 17h00 à 19h00
  • du 16/01/2024 au 20/01/2024 de 20h30 à 22h30
  • La Briqueterie Scikltigheim
Danielle DAMBACH a dit… Merci pour ces bons mots qui ne laissent pas le dernier mot aux maux de ce monde. Savoir rire de soi est le plus bel humour, il nous est donné dans cette revue. Il ne laisse aucune place aux mauvaises humeurs et mauvaises
odeurs, recyclées, retraitées. Merci pour cet article hommage au travail de la très belle équipe de la revue des Scouts, toujours prêts à nous détendre. Prescrivons du "rire sur ordonnance" !

photos patrick kupferschlaeger 

A la Scène strasbourg du 4 au 14 MARS

2 commentaires:

Danielle DAMBACH a dit…

Merci pour ces bons mots qui ne laissent pas le dernier mot aux maux de ce monde. Savoir rire de soi est le plus bel humour, il nous est donné dans cette revue. Il ne laisse aucune place aux mauvaises humeurs et mauvaises
odeurs, recyclées, retraitées. Merci pour cet article hommage au travail de la très belle équipe de la revue des Scouts, toujours prêts à nous détendre. Prescrivons du "rire sur ordonnance" !

Patrick Chevalier a dit…

Merci Geneviève, pour la précision de ton analyse et l'amitié que tu as exprimée pour ce spectacle. Merci en particulier d'avoir observé et dit que rien n'est gratuit dans une revue scoute. Pas le genre à faire des vannes juste pour le plaisir. Tout est pensé, affirmé, défendu et c'est pour ça qu'on les aime. Leur espièglerie est l'une de leurs grandes qualités mais le spectacle ne véhicule jamais la haine. Il y est plutôt question de bienveillance. Murielle et moi sommes très fiers d'eux, vrais bouffons du 21ème siècle.

Enregistrer un commentaire