Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver
France Solo 2017
Quand on veut faire une danse, par où commencer ? Sylvain Riéjou prend cette question à bras-le-corps et nous entraîne dans son cerveau en pleine ébullition. Il n’est pas seul : un chorégraphe intérieur, autoritaire et sarcastique, surgit des enceintes. Avec ce double, qui prend forme avec la vidéo, il dialogue, se contredit, doute. Le dispositif est minimal : un plateau nu, un écran blanc, un vidéo-projecteur, qu’il manipule lui-même. Ce seul en scène, drôle et précis, donne à voir un processus créatif dans ce qu’il a de plus intime : à travers les hésitations, les échecs, les essais. Avec humour, il démonte le cliché de l’artiste tourmenté tout en explorant la part de vérité qu’il peut contenir. Et si le cliché était parfois un passage obligé vers l’émotion partagée ? Cette fable chorégraphique, à la fois pédagogique et décalée, interroge la justesse, le doute et l’élan sincère qui traversent toute création. Tout en réveillant, en nous, de solitaires souvenirs d’adolescent·es dansant devant leur miroir.
Toujours aussi pétillant, malicieux, versatile, adulescent, Sylvain Riéjou se joue des obstacles et franchit les difficultés avec distanciation, recul et franchise.Fans de mélodies, de chansons populaires , de danses chorales fédératives, animateur et entraineur de choc, le voici désormais seul sur le plateau. Un mets de choix à déguster sans modération. La recette est simple: être là, ici et prêt, casquette sur le front, gainé de noir, collant et justaucorps de maitre de cérémonie.Comme un livre ouvert, dédoublé par des ombres projetées sur le mur, il délivre son envergure corporelle à l'envi. Autodidacte depuis une dizaine d’années au montage vidéo, il l’explore ici comme un vecteur de composition chorégraphique.Explorant d’innombrables possibilités de basculer son propre corps de l’espace réel du plateau vers l’espace virtuel de la vidéo, l’artiste se dédouble, se détriple, offrant à lui seul des duos ou des trios, s’amusant à créer plusieurs personnages qui se répondent, se chamaillent ou collaborent, notamment chorégraphe et danseur, ouvrant ainsi l’horizon du rire de ses « prises de tête » artistiques.C'est drôle et malin et ça déverse une foultitude de questions sur le processus de création avec malice, intelligence. Partant du texte en français de la complainte de Mozart, il expose toutes les facettes de la réflexion à l'interprétation pour des "rôles" différents, des émotions multiples et plein d'autres détails qui échapperaient à la lecture ou compréhension du spectateur.A l'aide d'images animées de sa propre personne, il visite tous les univers des trois personnages de la complainte de Mozart, les attitudes, les expressions et se débat avec son double qui à l'oral et comme une petite voix intérieure lui dicte ses gestes!Dédoublement burlesque à souhait et très réussi pour évoquer nos peines, nos échecs, nos inquiétudes, en bref la vie d'artiste et plus encore.Quand tous les personnages évoqués sortent tour à tour de son rêve, c'est une galerie de tableaux, portraits en corps et graphies de Sylvain Riejou qui s'affiche, avec quelques années de plus! (2017) L'effet est joyeux et surprenant, cette petite foule s'affairant autour de lui pour lui rappeler qu'il n'est pas seul dans cette expérience aventureuse de la création. Du bel ouvrage accessible et ludique qui apprend beaucoup sur l'origine et le sens des gestes. Quand au final le danseur vit et danse ce court extrait sur la musique de l'opéra, c'est quasi expressionniste à la Mary Wigman: intense, vécu, sobre légèrement appuyé, plein d'émotions et de sensations transmissibles. Emouvant.
Conception et interprétation : Sylvain Riéjou
Régie générale : Emile Denize
Coach chorégraphique : Tatiana Julien
Regard extérieur : Laure Hamidi et Mathilde Hennegrave
Remerciements : Myriam Gourfink, Daniel Larrieu, Olivier Martin Salvant, David Walh
Production, diffusion : Marion Valentine et Charles-Éric Besnier-Mérand – Bora Bora productions
Régie générale : Emile Denize
Coach chorégraphique : Tatiana Julien
Regard extérieur : Laure Hamidi et Mathilde Hennegrave
Remerciements : Myriam Gourfink, Daniel Larrieu, Olivier Martin Salvant, David Walh
Production, diffusion : Marion Valentine et Charles-Éric Besnier-Mérand – Bora Bora productions
A Pole Sud jusqu'au 30 Septembre
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