mardi 19 novembre 2019

"La nuit, nos autres : de bons sauvages !

Aina Alegre / Studio Fictif

LA NUIT, NOS AUTRES

France, Espagne / 3 interprètes / 60'
Coproduction A-CDCN
"Jeux de masques et métamorphoses sont au cœur de LA NUIT, NOS AUTRES. La pièce d’Aina Alegre, chorégraphe danseuse et comédienne originaire de Barcelone, fait miroiter de tous feux, les mystères, tour à tour cachés ou révélés, de nos identités multiples. « Comment faire de son corps un masque? Comment faire de l’autre un masque pour soi ? » À partir de ces questions, Aina Alegre orchestre une étrange fête des gestes et des identités. Dédoublement, copie, effet miroir, ombres, hybridation, mutation, tout concourt à semer le trouble dans LA NUIT, NOS AUTRES. Chacun des trois interprètes de cette pièce investit l’espace et suit son propre parcours jouant sur les décalages progressifs de sa partition. Entre répétitions et variations, les sens se troublent. Surgissent alors de surprenantes images, de nouvelles configurations de corps. Après s’être penchée sur les rituels collectifs de la célébration dans son précédent spectacle, Le jour de la bête, Aina Alegre poursuit sa recherche du côté de l’intime. Dans LA NUIT, NOS AUTRES, la chorégraphe s’intéresse à l’autoportrait et ses fictions. Passant de la figuration à la customisation, les corps – leurs gestes, mouvements et attitudes – se transforment comme dans un rêve ou un étrange bal de nuit, lieu de fabulation par excellence, qui réveille l’inconscient et ses imaginaires. Selon la chorégraphe, les mondes de la nuit, tout comme la nature ou la forêt, nous donnent la possibilité d’exister sans témoins et de s’émanciper."

Ils sont trois à nous attendre, déjà positionnés sur le plateau, torse nus, leggings noir moulants, deux femmes jumelles, queues de cheval et profils similaires, et lui, faune gracile et attentionné. Des guirlandes de feuilles exotiques suspendues aux cintres, une pierre large et plate, pierre à cupule marquée d'une trace rose...En vagues longilignes;, au ralenti dans le silence et la brume ambiante, leurs gestes sont fluides, détendus, harmonieux Eldorado, jardin d'Eden, paradis perdu ou pays de cocagne? Très sculpturales sous la lumière qui les modèle, les corps se déploient, divaguent, doigts déliés graciles comme les cils d'animaux marins qui palpitent et s'agitent dans l'air, ou dans l'eau: serre ou jungle bruissante, humide, vierge, territoire inconnu, non conquis, . Ces êtres hybrides aquatiques, amphibies, flottent, bras mobiles très détirés, amplitude large et docile.Figures très esthétiques, se déplaçant, tel le faune et ses nymphes, profilées, fresques animées de gestes angulaires. Corps lianes ondulants comme des méduses aux longues tentacules. Monde sauvage ou apprivoisé, défriché ou vierge? Comme des aborigènes, ils se peignent de bleu sur la peau, maculée de taches, dissimulant leurs attributs. Des empreintes à la Klein, du body painting live. Ces parures corporelles , costumes peints sur la toile de la peau tendue,soulignant leur appartenance à une tribu. Les pinceaux sont les mains des autres dessinant ces tableaux vivants.
Isadorables nymphes dans une ambiance sonore aquatique, une gestuelle fluide et gracieuse, la préciosité des mains à l'appui.
Faune bondissant sous l'impulsion de la musique qui se radicalise au passage dans le monde minéral, abrupte, sauvage. Des cris d'animaux nocturnes, de plaisir, de jouissance sourdent de leurs lèvres. Echos résonnants, alerte, appels de séduction, cris de ralliement, de rassemblement?Des babils étranges, non verbal d'une tribu, couvée de petits êtres fragiles, naissants.
Éclos à la vie ils halètent et s'inquiètent; sorte de zombis ou morts vivants évoquant un univers étrange, fantastique ou sauvage. Une sirène aguichante se profile, le mimétisme végétal fait se confondre et disparaître le faune dans un enchevêtrement de feuilles ; le rocher à cupules, de sacrifice bestial, s'impose. Un festin de plumes découvertes sous un tapis de tole dorée fait office de repas de fête, rituel carnivore, bestial. Des ailes de feuilles agitées, transforment et opèrent les mutations des corps.
 Encore quelques effets stroboscopiques pour effrayer sur fond de musique débridée. Des bruits d'eau qui ruisselle dans l'environnement naturel évoqué. Camouflage, mimétisme se rencontrent dans ce petit peuple réduit de Wilderman...Le bruit de l'eau les submerge, engloutissant ce petit monde comme une cité submergée, plongée dans un univers marin inéluctable....

A Pôle Sud le 19 Novembre

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