"KUU!"
"Participant du grand brassage multiculturel propre à la jeune scène berlinoise, tant au niveau de sa composition cosmopolite que de ses multiples références, le quartet KUU! invente un univers musical post-moderne détonant et provocateur. Il compile en petites chansons mutantes, marquées d'une forme d'irrévérence punk, des sonorités agressives, des rythmes empruntés à l'électro danse, des improvisations radicales relevant du free jazz et une théatralité baroque héritée du cabaret dadaïste. Portée par la voix lyrique et ultra-sensorielle de la chanteuse et comédienne Jelena Kuljić, la musique de KUU!, nourrie par les guitares subtilement entrelacées de Frank Möbus et Kalle Kalima, et pulsée par la batterie aussi sophistiquée que primitive de Christian Lillinger, est de celles dont on ne sort pas intact."
Bien lunés ou lunatiques dans ce Luna Park rock cosmique
croquis simultané in situ de Christian Pion: un des guitaristes! |
"La Lune" "KUU" en finlandais,promise ce soir -et de surcroit "pleine" cette nuit du 6 Novembre-est bien de la partie; lumineuse, pleine de reliefs et anfractuosités, de volcans et de tectonique versatile, musicale!Le groupe convoqué en début de soirée, et non "lever de rideau", électrique à souhait se couronne d'une belle énergie, portée par ses quatre interprètes dont la chanteuse en kilt et pantalons écossais qui excelle en rugissements couverts par l'acoustique réverbérante de l'ensemble. Nonchalante ou virulente égérie rock émancipée, dont la voix se marie avec virtuosité avec le percussionniste Christian Lillinger.
croquis sur le vif du percussionniste par Christian Pion |
Figure énigmatique aux commandes de multiples baguettes frappantes, chevelure à la Tintin, visage expressif et planante attitude jouissive...L'espace entre leurs interventions en tuilage est du plus bel effet acoustique, la voix s’immisce astucieusement entre les instruments et le regard espiègle et malin de Jelena Kuljic fait mouche.Des sons industriels, stridents, rouillés comme de la tôle crispée font irruption sous la griffe acerbe du batteur, armé de métal: un homme au travail devant nous résonne trivial et dis-harmonieux.Un moment inattendu de création décoiffant et provocateur, juste ce qu'il faut pour être en empathie avec une recherche sonore pointue et décapante. Les deux guitaristes, au diapason de cette expérience inédite!
Jelena Kuljić voix
Kalle Kalima guitare
Frank Möbus guitare
Christian Lillinger batterie
"LADY M"
MARC DUCRET
"C’est à d’autres types d’hybridations que nous convie ensuite le guitariste Marc Ducret avec son opéra de chambre ‘Lady M‘, relecture très contemporaine du ‘Lady Macbeth’ de Shakespeare. Mettant en scène un ensemble orchestral et vocal de 11 musiciens brouillant allégrement les frontières entre les genres, les registres et les époques cette partition lyrique d’une grande virtuosité formelle propulse Ducret parmi les compositeurs actuels les plus passionnants."
Un opéra dégenré, bien chambré!
C'est en jupe noire, style Jean Paul Gaultier, que Marc Ducret fait irruption sur fond de bande magnétique, aux gondoles- réverbérations de mise.Les autres arrivent, comme des officiants d'une cérémonie, tous en longue jupe noire et santiag en cuir noir...Les vents, saxo, clarinette se mettent de la partie, vent en poupe, dominants puis cèdent la place au violon et contrebasse.L'ambiance est stridente, aux accents spirituels d'un rituel, d'une dramaturgie issue de chaque instrument qui semble prendre la place d'un personnage.La voix du contre ténor se glisse, majestueuse entre les interventions sonores, double la musicalité de la partition et la composition de Ducret se fait lisse et complexe à la fois.Laissant la part belle à chacun avec bonheur et générosité.Un savant découpage, des interruptions choc et coup de poing, brèves respirations ou silences en suspension, touchent et frôlent le suspens.Le chant du "récitant", acteur subtil Rodrigo Ferreira est sensuel, profond, au timbre frôlant la basse autant que le ténor. Donnant de la matière sonore dense et chaleureuse, savoureuse et riche de timbres.Des sons cinglants accompagnent, soutiennent le chant, litanie tranchée, découpée, interrompue puis reprise à l'envi.En avancées, saccadées. Un éclatant solo de trompette jazzy pour apogée, au zénith de cet opus bigarré, savant et lumineux. Un opéra de poche bien chambré. Un duo virulent en guitare et saxo pour ponctuer cette belle présence du chanteur, animé d'intentions de jeu théâtral, discret, tempéré.Quelques percussions énigmatiques, frottées sur timbale par des cymbales inappropriées à cet usage et le tour de magie est joué.Ducret enchante lui aussi, les genoux fléchis faisant corps avec sa -ses- guitare, visage grimaçant de plaisir, lèvres pincées.De son jeu très organique se dégage un investissement, un engagement total. Puis c'est Lady M qui prend le relais de sa voix sublime, pleine et lunaire , large et savoureuse: Léa Trommenschlager en superbe forme vocale, plantée, ancrée,vêtue de rouge incarna, incarnant l'héroine avec passion et jeu théâtral dramaturgique non dissimulé! Très belle prestation vocale, riche et passionnée.Les instruments, eux aussi devenus acteurs, expriment leur empathie avec les deux protagonistes du drame.Les voix d'opéra lyrique se fondant dans ce répertoire très contemporain, comme la grammaire et vocabulaire des pointes chez le chorégraphe William Forsythe!Sans oublier la contrebasse ensorcelante. Les corps des musiciens et chanteurs pulsant sous la direction intuitive de Ducret, maitre à danser de cet opus hybride, détonant.Vibrant, organique, résonant en nous "intra muros", in situ et filtrant les sons jusqu'aux os devenus vecteurs de tant de sonorités multiples et infiltrantes, invasives dans les pores de la peau. Un opéra, opératoire, clinique et jouissif, portant un sujet sérieux, mythique sans pondération inutile, avec gravité et gravitation sonnante.Quelques métronomes doublés pour nous ramener sur le chemin final, épilogue d'un récit à tiroirs qui s'ouvrent sans cesse et délivrent secrets et surprises, étonnement, mais surtout adhésion sans concession au processus de création de Marc Ducret: des recettes alchimiques tenues secrètes tant leur délivrance est précieuse, rare et convoitée par le terreau musical enchanteur de son imagination débridée mais bien contenue architecturalement parlant....
"Depuis son émergence au début des années 90,
Marc Ducret est sans conteste le musicien français à avoir poussé le
plus loin sa révolution personnelle, faisant de sa musique mutante un
passionnant work in progress où trouvent chaque fois à s’incarner en
formes nouvelles les principaux enjeux esthétiques du jazz contemporain.
Guitariste virtuose mais surtout compositeur majeur empruntant autant
au jazz qu’au rock et à la musique contemporaine, il propose aujourd’hui
avec Lady M un opéra de chambre pour soprano, contre-ténor et petit
orchestre de « jazz » qui peut s’entendre comme une synthèse de sa
poétique. Avec cette partition à la fois raffinée, cérébrale et
profondément sensuelle, fondée sur la tension entre la circulation des
énergies et la maîtrise formelle, Ducret nous plonge au cœur de la
psyché vénéneuse d’un monstre, et nous envoûte."
Belgique / Brésil / France / Lituanie / Suisse
Marc Ducret
composition, guitares
Sylvain Bardiau
trompette, bugle
Samuel Blaser
trombone
Liudas Mockunas
saxophones, clarinette contrebasse
Catherine Delaunay
clarinette, cor de basset
Régis Huby
violons
Bruno Ducret
violoncelle
Joachim Florent
contrebasse, basse électrique
Sylvain Darrifourcq
batterie, électronique
Léa Trommenschlager
soprano
Rodrigo Ferreira
contre-ténor
Sarah Lee Lefevre
costumes, scénographie
Céline Grangey
son
En partenariat avec Musica
Jazzpassage : soirées franco-allemandes programmées en partenariat avec le Kulturbüro d’Offenburg / Avec le soutien d’AJC
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