mardi 1 novembre 2022

"Le temps des mains": Laurent Goldring ne s'en lave pas les mains.....

 


Pour sa troisième exposition personnelle à la Galerie Maubert, Laurent Goldring continue son travail sur les représentations du corps (ici des mains).


« Le Temps des mains ». Ce titre, celui de la nouvelle collection de photos et de vidéos réalisées par le plasticien Laurent Goldring autour des gestes que l’on effectue pour se laver les mains, trotte dans la tête. A chaque fois désormais que l’on exécute ce nettoyage devenu répétitif, Covid-19 oblige, on observe d’encore plus près la façon dont on les frotte et entremêle. Dessus, dessous, bien profondément entre les doigts comme on nous a réappris à le faire, cet automassage, dégoulinant de gel hydroalcoolique que l’on sniffe au passage, histoire de se réanimer sous le masque, prend des allures de chorégraphie compulsive.

Lancé au tout début de la crise sanitaire, ce chapitre ouvre une dimension mythologique dans l’ère perturbée que nous traversons depuis un an. Il intègre ces mouvements routiniers pétris de méticulosité dans un rituel collectif à distance. 


Résultat très poétique que cet acte de scruter le monde des mouvements quotidiens, métamorphosés en images fixes devenues objet de contemplation directe.Gestes figés dans des poses de prière, de stupeur, de masques collés aux mains dans des attitudes horrifiées...Métamorphose, parties de corps centrées sur le visage perdu, disparu derrière ces mains qui occultent toute vision d'une expression. Et pourtant qui révèlent sensation, réveillent des sentiments occultes et enfouis...Laurent Goldring pétrit la matière, étire les peaux, crispe les tensions, défait les noeuds des expressions, masque les visages et garde l'essentiel du geste de "se laver les mains", clinique rituel galvaudé en ces temps de crise sanitaire... En même temps en fait une statuaire sacrée digne d'un autel commémoratif d'une cérémonie-célébration païenne! Les couleurs sont celles d'une chair de cire, lisse, sang et veines diffuses sous la peau du monde. La lumière opaque, pastel fige et pétrifie cette vision de surface de peau...Les mains comme voile et voilage qui surgissent de nulle part, fantômes, spectres vivants de visions bibliques. Mains qui parlent de l'éternité comme de la mort. Laurent Goldring en photographe-chorégraphe livre ici un travail remarquable sur la matière vivante et mouvante, sur fond d'analyse comportementale contemporaine et d'actualité. Rituel infiniment revisité comme ces gestes calculés pour exorciser le virus d'un maléfique ennemi du corps vivant.


L'exposition convoque aussi les photographies-séquences sur le travail de Xavier Leroy, chronophotographies à la Marey ou Muybridge, comme autant de découpes décalées de mouvements anguleux. sur un parcours non aligné.

Dates : du 29 octobre 2022 au 7 janvier 2023

Lieu : Galerie Maubert – 20 rue Saint-Gilles –  75003 Paris

www.galeriemaubert.com

galeriemaubert@galeriemaubert.com


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