Jonas Chéreau France solo création initiale 2019 / recréation 2021
Temps de baleine
À dos de baleine, Jonas Chéreau emmène les enfants là où les mots ne peuvent pas aller. Tel un équilibriste entre l’abstraction et la fiction, la magie et la contemplation, entre le grotesque et la musicalité, par-delà les vagues et les tempêtes, il navigue sur ces lignes de crêtes et pose cette question moins simple qu’il n’y paraît : c’est quoi le problème avec le climat ? Volontairement ludique et ambigu, ce corps-écosystème s’ouvre comme les pages d’un livre et donne à voir d’insaisissables phénomènes météorologiques. Inviter les variations atmosphériques à entrer dans le théâtre est le point de départ de ce spectacle que l’on peut lire dans un sens ou dans un autre. Au regard de la crise environnementale actuelle, Jonas Chéreau décide de s’adresser aux enfants sans didactisme ni injonction mais avec la poésie des mots et des situations. Jouant avec des images simples, des paroles et la danse, il nous invite dans un monde intime et subtil où le climat est le prétexte à découvrir nos propres émotions.
A "La pêche à la baleine"...Prévert et Kosma s'insurgent déjà: "À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Disait le père d'une voix courroucée
À son fils Prosper, sous l'armoire allongé,
À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Tu ne veux pas aller,
Et pourquoi donc ?
Et pourquoi donc que j'irais pêcher une bête
Qui ne m'a rien fait, papa,
Va la pêpé, va la pêcher toi-même".....
Le danseur et chorégraphe Jonas Chéreau adapte son premier solo à l’attention des plus jeunes. Une « météodanse » burlesque et poétique pour prendre la température de nos humeurs.
Une poursuite de projecteur pour orienter notre regard nous plonge du côté météo; deux panneaux, carrés blancs sur fond noir feront office d'écran, de tableau où tombent les mots qui s'y inscrivent: vent et autres signes météorologiques pour ce temps "moche" et bon ! Au sol déboule un être étrange en marcel et short noir pailleté. Roulé boulé qui va le clouer au sol pour y exécuter quelque danse arachnéenne: en symétrie et symbiose avec les fresques freudiennes, taches d'encre de Rorschach qui s'affichent sur l'écran: tâches révélant les flux climatiques, les perturbations, les dépressions du climat sur le corps de l'interprète: vagues à lames, vagues de chaleur ou de froid..Les mimiques et le mimo-mimétisme dévoile un langage clair et net, sans détour. Avis de coup de vent de force 4 et le bulletin est dans l'urne du pouvoir du changement de température sur le corps. On se détend au chaud, on fait l'en dehors, l'en dedans comme au cours de danse pour des ouvertures et fermetures d'espace personnel. Des tours de bras comme des moulins savants à vent, quelques vocalises sur le "climat" pour faire opéra. La voie est libre pour évoquer ces vibrations et fréquences sonores de chant de baleine. Et notre homme de tabuler rasa pour nous transporter ailleurs le temps d'une phase de sablier ou de clepsydre hydraulique en fond sonore. Une flaque d'eau pour miroir et reflets des intempéries passées. Jonas Chéreau amuse et séduit, sobre, simple et direct, les yeux malins, la moustache et les cheveux comme support de dialogue et de communication. Le virelangue va bon train comme un petit inventaire à la Prévert et les jeux de mots façonnent un univers à rebus et autres calembours de bon aloi. Le jeune public y trouvera sans aucun doute matière à inventer le temps de demain, le futur écologique lié à l'inversion climatique. Un beau tremplin d'imagination collective en partage. La météo est bonne...à Pôle SudLes baleines du parapluie n'échouent pas sur la plage abandonnée...
En 2019, Jonas Chéreau créait Baleine, un solo autour du changement climatique, en imaginant une étude météorologique dansée, où chaque mouvement enclenchait le suivant dans une réaction en chaîne burlesque. Au côté de deux écrans où les mots exécutent leur propre chorégraphie, le danseur retrouve aujourd’hui les gestes de son spectacle, dans un format adapté aux plus jeunes. Temps de Baleine est pensé comme une poésie que l’on peut lire dans un sens ou dans un autre. Les mots abordent les relations entretenues entre le ciel et la danse, tandis qu’avec sa « météodanse », Jonas Chéreau s’amuse à relier les états intérieurs, les émotions, à ceux de l’extérieur. En équilibre entre abstraction et fiction, magie et contemplation, le danseur pose cette question moins simple qu’il n’y paraît : C’est quoi le problème avec le climat ? Ludique et ambigu, ce corps-écosystème s’ouvre comme les pages d’un livre et donne à voir d’insaisissables phénomènes météorologiques. À dos de baleine, par-delà les vagues et les tempêtes, Jonas Chéreau emmène les enfants là où les mots ne peuvent pas aller. Sans noyer le poisson! Pas d'arêtes dans ce solo ludique et décoiffé !
1 commentaires:
Bel article sans complaisance mais avec objectivité ! Bravo Jonas Chéreau !
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