A nouveau exposée dans la salle de la Chapelle du Verbe Incarné ( la dernière monstration date de l été 2022) l œuvre photographique de cette plasticienne atypique évolue de façon émouvante. Émouvante au sens de e-motion, l'émotion- mouvement à l 'état pur du bougé de l'111 image qu'elle propose dans deux différents formats.Plus intimes quant à certaines visions au delà des paysages désormais familiers qu'elle délivre toujours dans un lyrisme fascinant.Des personnages desormais font irruption dans les espaces choisis par le hasard construit de prises de vue toujours en partance: dans le mouvement continu d'un périple a bord d'un véhicule roulant,une voiture lâchée sur l' autoroute au rythme d'un conducteur complice.Etrange binôme synchrone pour saisir au vol des images floutées,fondues dans des espaces mouvants vertigineux. Le duo hasardeux imprévisible et improbable saisit par l'inventivité des clichés enclenchés au cours de la navigation sidérante. Quel enchantement que la découverte qui se révèle de bâtiments fantomatiques, d'usines ponctuant cette visite inopinée de nos autoroutes de transit ou de vacances.Voyage au long court qui n'en finit pas de surprendre, de saisir l'instant unique et furtif d'une future éternité.Futile et prolixe de vision d'un monde qui s'égare au fur et à mesure de la contemplation,le temps du parcours de l'exposition. Aux cimaises,voisinent vision d'un cheval figé sur une affiche ou un poteau au fil du périple.Ou bien vision d'une carcasse de voiture juchée sur un podium d'enseigne d'un garage: en couleurs chaudes,moirees de jaune,en suspension dans les airs comme un champignon atomique...Tout est ici mobilité, lenteur ou vitesse et précipitation,vigueur ou lancinantes visions oniriques d'un monde qui bouge comme un corps qui se déplace et saisit à bras le corps les instants palpables de sensibilité précoce. Sensibilité qui se propage dans le regard du spectateur-acteur qui navigue dans les flots de ces rémanences dernières fugitives qui fixent les instants de grâce de paysages-passages de toute beauté. Beauté de l'industrie du voyage,des architectures banalisées de batiments-fantomes extraordinaires.Un motard perdu dans la brume vient perturber la désincarnation des images,devenues icônes votives d'un missel païen,d'un recueil de photographies interdites au regard de visions classiques du monde. De l'inédit dans la lecture et la composition du cosmos vibrant.Lola Maria comme matrice perturbante de créations étranges et d'images subliminale incongrues et fautives d'onirisme jamais vus.
A la Chapelle du Verbe Incarné en Avignon les Papes dansent quand le chat n'est pas à la confesse...jusqu'au 31 juillet 2025
Le vent tourne et se lève, le temps d'un récital, d'un souffle de folie ou de douceur, d'une brise ou d'une tempête...
plastiques Mou-Vent "l'emballée" de dominique haettel
par brise-bise !
Serge Gainsbourg DES VENTS DES PETS DES POUMS Paroles et musique: Serge Gainsbourg
Déjà deux heures que je fais le pet devant sa porte comme un groom
Elle manque pas d'air celle-là!
Je devais l'emmener souper dans un grill-room
En l'attendant je fais des vents des pets des poums
Non mais pour qui elle se prend celle-là pour la Bégum
Après on devait aller danser au Voom-Voom
En l'attendant je fais des vents des pets des poums
Saint-Tropez c'est râpé pour toi pauvre clown
Elle t'a pété dans la main cette fille-là, badaboum
En l'attendant je fais des vents des pets des poums
Tiens, celui-là était pas mal du tout il a fait boum
Et celui-ci il est parti comme une balle doom-doom
En l'attendant tu fais des vents des pets des poums
Et celui-là dis donc phschtt, un vrai simoun
Celui-ci pardon, il a fait aussi chaud qu'au Cameroun
En l'attendant tu fais des vents des pets des poums.
En l'attendant tu fais des vents des pets des poums.
Tiens celui-ci était bien envoyé, il a fait voom
Et celui-là vlan, il a fait vroom
En l'attendant je fais des vents des pets des poums
L’exposition « OTHONIEL COSMOS ou les Fantômes de l’Amour » dessine
un gigantesque parcours monumental qui peuple les institutions gratuites
et les sites historiques de la ville.
L’artiste a élaboré des œuvres qui se dévoileront d’un lieu à l’autre
croisant la sculpture et la peinture, les briques et les perles, des
Astrolabes et des fontaines, de l’or et du verre, des totems et des
nœuds infinis. Articulée autour de la passion amoureuse cette
exposition sans pareille est orchestrée comme une grande machinerie
opératique avec, pour point d’orgue les 1er et 02 août, une installation et une performance dans
la Cour d’Honneur du Palais des Papes, spécialement
chorégraphiée par Carolyn Carlson pour le danseur étoile Hugo Marchand
et la danseuse Caroline Osmont de l’Opéra de Paris, accompagnés de Juha
Marsalo de la Carolyn Carlson Company.
Cette chorégraphie a été construite autour des œuvres de Jean-Michel Othoniel spécialement
installées sur la scène de la Cour d’Honneur du Palais des Papes
d’Avignon. Une installation monumentale imaginée par le sculpteur pour
ce lieu hors norme. Plus de 10 000 briques de verre
métamorphosant l’architecture de la Cour d’Honneur dessinent un paysage
qui accueille trois immenses sculptures de briques d’inox miroir aux
formes fantomatiques.
Qu'est ce qui pourrait bien relier la sensualité de la danse de Carolyn Carlson aux figures abstraites de Jean Michel Othoniel? Sous la voûte céleste du Palais des Papes en Avignon le secret va être dévoilé. Rien ne les oppose au regard de tout le périple extraordinaire des œuvres exposées du sculpteur que l'on aura pu faire auparavant et après au cœur de la cité papale.
Un homme apparaît en fond de scène, démarche lente comme celle d'une ascension d'un pont de pierres qui s'esquisse en perspective, ogive du palais, voute romane ou pont vénitien.. Lenteur mobile chère à Othoniel.On se souvient du séjour de Carolyn à la Fenice.. Il gravit lentement, rêveur cet espace souligné par les arabesques dessinées de courbes murales faites de pierres lumineuses. Tout de brun vêtu, large tunique souple soulignant ses gestes amples, plexus solaire offert à la brise du crépuscule du soir naissant. C'est Hugo Marchand qui ouvre ce bal, noble et puissant, la danse dévoreuse d'espace, avide de lumière et d'aisance. Il voltige au cœur de cette immense scène où trônent trois sculptures de pierres de métal réfléchissant la lumière. Trois immenses roses des sables, roses des vents, strictes stalagmites venues d'une autre planète. Le cosmos s'impose comme aire de jeu, les étoiles naissantes dans la voute céleste du soir. L'errance d'un jeune homme en quête d'espoir, d'amour, de rencontres. Apparait à l'orée d'une voûte, une jeune femme, longue chevelure blonde, robe ample emplie de la brise légère qui courre au sein du palais. Elle semble perdue dans cet espace immense ponctué de ces trois statues étranges, frontières ou murs lui dissimulant l'homme de ses rêves. Caroline Osmont véritable incarnation de grâce, de fluidité, de légitimité à figurer amour et passion dévorante. Pour agrémenter le suspens et l'intrigue, une sorte de mage, devin incongru, vient perturber la rencontre inévitable. Leur opposant sur leur chemin, des briques empruntées aux figures structurales du décor, mesurant ainsi ce qui les sépare où les rapproche. Ce qui fait obstacle à leur rencontre...Ce dernier danse son obstination à les séparer alors que tous deux esquissent pas de deux et portés aériens, enlacés. Les gestes tétaniques et segmentés si chers à Carolyn Carlson s'évaporant ainsi dans un grand lyrisme ondulant très classique épousant les corps de nos deux étoiles de l'Opéra de Paris. Car la gestuelle de Carlson est signature en apparence aisée à interpréter mais si imprégnée de directionnels fascinants et imprévus, de hachures morcelées vertigineuses que l'on songe à la difficulté à s'y glisser aisément...Ce que font à merveille les deux interprètes comme des somnambules lâchés dans cet espace grandiose. Seules les trois sculptures leur rappellent que métal et rigidité ne sont pas synonyme d'enfermement, d'emprisonnement. Leur amour devient alors possible malgré les poses réflexives du devin sur les wonder block de Jean Michel Othoniel, ni sur son banc de confidences au milieu de la scène. La scénographie relie ainsi écriture chorégraphique et sculpture monumentale avec bonheur et complicité. La danse se glisse parmi ses méandres minérales, ces matières strictes, anguleuses et tranchantes. Danse voluptueuse, délicieuse interprétation cosmique, lenteur divine de gestes en opposition apparente. Là se délivrent les secrets de mise en scène que Carlson sait révéler et incarner. Comme pour "Signes" où elle épousait les formes colorées de Olivier Debre soutenue par la musique du même René Aubry...Musique résonnante au coeur du Palais des Papes comme un écho, une correspondance avec la danse de Carolyn... Alors l'alchimie opère et les deux artistes réussissent à créer une atmosphère autant féérique qu'onirique au rythme des changements de luminosité sur les pans de murs, sur les trois totems vibrants et scintillants d'Othoniel. Le pari est gagné, le Palais s'enflamme et se pare de majesté rêvée qui lui sied à merveille. La danse au Palais reprend ses marques, les étoiles y brillent par la splendeur de leur interprétation, leur lyrisme à fleur de peau, leur intelligence du graphisme évident de la chorégraphe si prompte à s'emparer d'un lieu préparé par un bâtisseur de rêves, perle rare actuelle du monde des arts plastiques résonnant de réflexion et d'adaptation à un topos légendaire.Quand les murs murmurent et magnifient l empilement savant de briques non réfractaires à leur plasticité, le miracle de la méditation peut s accomplir et la contemplation joyeuse de l édifice d 'Othoniel ravit et emporte l 'esprit au cœur d un fabuleux voyage.
Au Palais des Papes à Avignon les 1 et 2 Aout dans le cadre de Avignon capitale de culture et du parcours signé Jean Michel Othoniel
Dans le cadre champêtre de la chapelle de la Klose, nichée aux abords
d’Ohlungen, les Sacrés Vendredis de la Klose reviennent en juillet 2025
pour une série de concerts à la lueur des chandelles. Ohlungen,
forcément Made in Alsace se souvient de Summerlied ! Ce sont justement les Amis du festival Summerlied qui organisent et cette
deuxième édition promet une immersion dans des univers musicaux variés,
mêlant traditions sacrées, explorations contemporaines et racines
culturelles profondes. Du 4 au 27 juillet, six soirées enchanteresses
célébreront la musique dans l’intimité de ce lieu historique.
Le 20 juillet, Hayet Ayad, chanteuse kabyle d’Alsace, revient à Ohlungen
pour un concert unique dédié aux musiques sacrées méditerranéennes.
Ambassadrice de paix, sa voix solaire, inspirée par la poésie soufie et
les mystiques juives, chrétiennes et musulmanes, tisse un lien
harmonique universel. Son parcours, jalonné de collaborations avec
Georges Moustaki ou Tony Gatlif, ajoute une aura légendaire à cette
soirée.
L’expérience se prolonge par des conférences préparatoires aux concerts vers les 18 heures :20 juillet : la pluralité culturelle – les musiques de la Méditerranée avec Hayet Ayad et Lilia Bensedrine-Thabet directrice des Sacrées Journées de Strasbourg
Une femme qui chante et qui danse devient ici une et-vie-danse fameuse."Les chants d'une âme","Le fil harmonique des âmes"c'est tout dire de l'aspect spirituel et mystique d'un engagement poétique et politique de la chanteuse née en Alsace...Et c est le bassin méditerranéen qui vient à nous en la personne d' Hayd Ayad nichée dans la petite chapelle de Ohlungen au milieu des champs
Le public est nombreux pour venir partager un moment de douceur dans ce monde agité ; Un rituel quasi chamanique, une note de lueurs et de lumières comme ce chaleureux décor paré de bougies discrètes illuminant l'ambiance. Prêtresse du lieu la chanteuse paraît, sobre, modeste femme désireuse d' unir les cœurs à son énergie positive et contagieuse. C' est avec sa kalimba qu' elle ouvre ce récital si éloigné des grandes scènes.L'intimité du lieu, la proximité avec le public la pousse dans la direction de l' improvisation. Ce qu'elle avoue faire comme un exercice de funambule sur la corde tendue de ses rêves.
Et les cieux sont avec elle, le tonnerre grondant au loin pour annoncer un orage salvateur.Cette énergie cosmique convient à l' artiste dont la fibre spirituelle et mystique vibre au son de sa voix.Voix douce à la tenue remarquable dans les tonalités graves, subtiles contrastes à l'appui agrémentés de vibrations et de fréquences hypnotiques. Un véritable soin que l' écoute des sons venus de l' intérieur de ce corps vibrant accompagné d instruments à cordes comme le goni qu' elle porte à bout de bras. C'est le tambourin, bendir, soleil illuminé de lucioles, qui ravit et emmène dans des contrées lointaines.Douces percussions du bout des doigts qui pulsent au rythme de sa respiration et de son inspiration. Un curieux instrument à soufflet, un orgue portatif organetto,tel une petite valise portative, la berce de son souffle léger.Phénomène unique donné à voir et à entendre les yeux fermés comme une prière, une ode à la joie estivale et orageuse.Ce récital bordé de magie autant que d' authenticité est vibrations, psalmodies de sons,litanies enchanteresses et enjôleuses,dompté par une musicalité étrange venue d ailleurs.Des fondements du corps et de l 'âme de Hayet Ayad....Et le souffle des ventilateurs de disperser ces notes de musique dans la belle chevelure déployée de l'artiste.....Un vent de jouvence et de méditation salvateur.
« Par son chant vibratoire, Les Chants d’une âme, nous amène à plonger
profondément en soi. Les chants viennent me chercher au niveau de l’âme
(saut quantique) me permet de me réconcilier avec moi même, et faire le
lien dans le sacré, là ou je ne peux pas mettre de mots,il tisse en moi
une réconciliation avec mon être et mon âme, les noces ultimes ou
sacrées a l’intérieur de soi, Cela se fait sans que l’on veuille, cela
nous est donné si l’on se laisse faire ». RM
Les Sacrés Vendredis de la Klose : une ode musicale à Ohlungen en juillet 2025
Sortir
de l'ombre réunit deux artistes, Corine Keck et Dominique Haettel.
L'installation évoque une apparition, au sens d'une manifestation
presque imperceptible, surgissant dans un espace silencieux. Elle rend
visible ce qui habituellement se dérobe : formes en suspens, présences
fragiles, tensions entre disparition et surgissement. L'apparition ne
dit pas tout, elle effleure. Elle habite la frontière entre l'absence et
la présence.
Qui aurait pu soupçonner le grenier du Musée de la Poterie de Betschdorf de pouvoir receler les trésors d'une grotte d'un relief karstique de l'ère tertiaire? Et bien la découverte vient d'être faite au sein de la charpente revisitée par deux artistes explorateurs, géologues et spéléologues de Schweighouse...
photos dominique haettel
Entrez dans cet univers unique et vous voilà parachuté dans une grotte où des stalactites tout de blanc cousus voisinent avec leurs formes miroirs , des stalagmites, colonnes sèches, statues verticales légèrement décapitées. Une atmosphère de mystère se dégage de cette installation, sobre, pertinente au regard de l'environnement intime de boudoir de cette grange traditionnelle. Le vieux bois des poutres supporte les tensions de ces sortes de sacs, enveloppes suspendues au cintre d'une salle des pendus d'un carreau de mineurs.Comme des chemises de nuit au tissus rêche, emplies de souvenirs, de parfums nostalgiques. Comme des chauve-souris suspendues dans la pénombre.Comme des vessies, matières organiques voisines du travail de l'artiste Ernesto Neto.Tel des tétines lactées aspirées par des gueuloirs féroces.Des pis de bestioles fantastiques en proie à des dévoreurs avides d'un liquide salvateur.Sous les doigts de fée d'une artiste couturière Corine Kleck qui relie et noue souvenirs et réalité. Réalité d'un songe éveillé où les matières tissus et plâtre-chanvre-chaux se rejoignent dans une belle sérénité ambiante. Comme des os tronçonnés à différents niveaux, les vases de Dominique Haettel sont érigés comme des totems votifs, des trophées d'une nuit étoilée.Asticots ou vers se tortillant de plaisir au gré de la lumière changeante. De ces profondeurs jaillissent des récits fantasmagoriques à l'envi. La sérénité du lieu apaise ces visions et la blancheur envahit l'espace en douceur.
Les formes se transforment au gré des déambulations autour de cet étrange profusion de sculptures rigides et souples à la fois. Se heurtent les matières blanchies, virginales comme des spectres, funambules des poutres du grenier. Fantomatiques esquisses plastiques d'un univers onirique digne d'une grotte d'un relief calcaire étrange. La blancheur, pâleur extrême ou incandescence visuelle est du plus bel effet optique.Immobiles, les structures pourtant s'animent dans un silence enveloppant magnétique.
La découverte de ce trésor archéologique et géologique au sein d'un Musée où la terre et sa transformation sont reines est quasi une évidence: les fouilles y sont archéologie du futur et en somnambules avertis on chemine les yeux grands ouverts dans cette carrière chaleureuse bercée de clarté autant que d'obscurité planante. Une tranche d'histoire à visiter en grimpant l'escalier du musée,curieux et intrigué par cette intervention plastique rêvée.Une immersion tendre et feutrée à vivre dans la quiétude d'un lieu fantasmé: le grenier de nos mémoires minérales et textiles ressuscité par l'imaginaire de deux sculpteurs du temps.Le sable blanc qui jonche le sol, comme érosion des sculptures et du relief ancestral.
Au Musée de la Poterie de Betschdorf jusqu'au 30 Septembre
Pour la première fois, une piscine va devenir le théâtre d’un spectacle immersif total, mêlant art vivant et art numérique.
Et quelle piscine ! Les Bains Municipaux de Mulhouse, fermés depuis trois ans, rouvrent pour célébrer leur centenaire avec un spectacle immersif inédit.
Ce lieu Art Déco sera métamorphosé par des projections monumentales
et illusions d’optique, redessinant l’espace en constante
transformation. Le public, installé au cœur du bassin ou sur les
balcons, vivra une odyssée visuelle et sensorielle. Après Terra Alsatia,
joué en l’église Saint-Étienne, sur une tranche d’histoire de
Mulhouse, Le Souffle de l’Ill propose une aventure onirique dans des
terres englouties.
Le spectacle mêle poésie, légendes et figures historiques de Mulhouse
embarquées à bord d’une arche mystérieuse. Fontaines aquatiques,
danseur aérien, percussionniste envoutant, personnages holographiques
sur des murs d’eau, enrichissent cette expérience immersive. L’eau, la
lumière, les images et les sons interagissent dans un ballet féerique.
Le public plonge dans un monde entre rêve et mémoire. Le bâtiment
devient acteur d’un récit aquatique hors du temps. Une célébration
artistique totale, entre technologie et émotion.
L’immersion visuelle se fait grâce à 25 vidéo-projeteurs laser de
20.000 lumens chacun, couvrant l’ensemble de l’édifice, du sol au
plafond. Création des images par une vingtaine de graphistes et
animateurs.Mise en lumière, en complémentarité de l’image par 400
projecteurs. Des architectures de lumières recréées par une vingtaine
de faisceaux, formant un plafond virtuel au-dessus des spectateurs.
Éclairage des intervenants scéniques à travers une esthétique
théâtrale.
Quand l'ancienne piscine municipale de Mulhouse se transforme en Nautilus on embarque avec le capitaine Nemo pour un voyage extraordinaire dans les abysses d'un monument historique remarquable dédié à une mise en espace extraordinaire...De quoi ravir ceux qui ont fait la queue pour redécouvrir la piscine désaffectée de leur jeunesse par un beau soir d'été! Alors en avant pour une odyssée de l'espèce sous marine pour un déroulement d'une histoire rocambolesque et abracadabrantesque plus d'une heure durant d'illusions, de rêves et autres fantaisies extra-ordinaires. C'est l'histoire de Wendélina qui doit se délivrer des griffes maléfiques du baron Klingenberg grâce au chevalier Elias tout droit sorti d'une légende réparatrice. Un conte de fées où le méchant sera vaincu bien sûr et les bons récompensés par leur générosité. Le meunier d'abord, père digne et fou adorateur de sa fille, le gamin, détective au service du juste et du bien et les héros historiques évoquant des personnages célèbres nés à Mulhouse...Dont Nusch Eluard ou le réalisateur William Wyler. Histoire et commémoration des 800 ans de Mulhouse obligent! Des personnages virtuels modélisés quasi parfaitement pour faire croire en leur présence à travers textes et dialogues attenants.La magie opère ainsi au creux d'un écrin spatial remarquable: la nef et le plafond de la piscine comme une arche d'un bateau renversé. Les moyens techniques mis en oeuvre s'effacent rapidement au profit d'une ambiance et d'une atmosphère unique en son genre. Les personnages de chair se mêlent et jouent en alternance avec l'irréel, le fantastique, le leurre.
C'est Wendélina qui ouvre le bal magique et magnétique de ce spectacle hors norme. Une jeune fille délicieuse, charmante, juvénile et innocente dans ce monde de convoitises et de pouvoir. C'est Charlotte Dambach qui incarne avec simplicité et brio ce rôle clef de ce conte de fée diabolique. Le visage éclairé d'un sourire angélique, la grâce au bout des doigts, les bras enveloppant l'espace dans des tourbillons audacieux. Les pieds dessinant au sol des vasques d'eau éclaboussantes d'un plus bel effet esthétique. Les pieds frôlent l'élément liquide, tracent des cercles concentriques....Elle semble une Sylphide romantique à souhait, diaphane quasi transparente dans une atmosphère de rêve éveillé. Son jeu se borde d'intensité dramatique quand elle est aux prises avec ses pourchasseurs, ennemis de mauvaise fréquentation. Aux anges dans cette atmosphère aquatique semblant dicter aux jets d'eau, hauteurs, niveaux au gré de ses caprices, de ses envies ludiques et autres humeurs juvéniles. Tout de blanc vêtue, quasi fantomatique comme une Wilis du ballet Gisellle. Un technicien manipulateur aérien aux commandes de ces petits exploits de précision gestuelles, Thiebaut Bastian orchestre au diapason anticipation des prouesses dansées avec un poids comme un punching ball: à observer à vue absolument!
Une séquence la magnifie, en déesse, prêtresse des lieux, suspendue dans les airs, une longue traine la sublimant en icône d'une peinture surréaliste ou symboliste. Soulignons ici la beauté des costumes fantastiques signés Marie-Jo Gébel aux mains de fée qui sublime les matières et le textile comme nulle autre. Un hommage à la cité du textile sans nul doute! La danse et la chorégraphie, signées de Brigitte Morel de la compagnie Motus Modules est brillante, saillante pour s'ajuster au mieux aux exigences du lieu.Les divagations aériennes des danseurs de l'air sont efficaces, sensibles, acrobatiques sans effets de style.
Sobres, magnétiques les évolutions aériennes de Serge Hélias défient les lois de la pesanteur, entrainant dans des abysses de pure beauté, de sensations fortes et envoutantes. Du grand art dans le genre chorégraphie éphémère, ludique et merveilleuse pour éveiller les sens et l'imagination. Les costumes une fois de plus soulignant la fluidité des gestes, des parcours aériens ou subaquatiques ambiants.C'est là que se révèle le talent désormais légendaire de Damien Fontaine: mettre en espace dans un lieu inédit une narration, un récit fabuleux, le rendre crédible, lisible pour accéder à l'imaginaire. Le monde du feu, de l'air et surtout de l'eau: celle de l'Ill autant que des profondeurs subaquatiques.
Les lumières signées Loic Marafini font office de toile de fond changeante à l'envi. C'est un enchantement pictural et plastique digne d'enluminures médiévales autant que d'effets spéciaux très sophistiqués.Des être hybrides forment un bestiaire fantastique digne d'une bande dessinée de science fiction originale.Méduses, poulpes voluptueux, poissons fantastiques aux nageoires palpitantes, créatures fantasmées peuplant les fonds marins oniriques.On souligne la profusion d'intentions très réussies au niveau des couleurs, des volumes, des touches colorées chatoyantes phénoménales. De quoi se régaler et prendre son envol, dans des contrées inaccessibles de grande beauté.
Ajoutez la musique imaginée par Damien Fontaine et la performance live du percussionniste André Adjiba perché sur les coursives du bassin et le tour est joué! On regrette juste le port obligatoire des casques audio qui distancie l'attention et l'immersion dans le spectacle...Un monde aquatique rehaussé par la collaboration de Aquatique Show qui trouve ici un berceau de magnificence de toutes ses performances techniques en matière de son et lumières. Des chimères sous-marines demeurent dans les esprits au sortir de cette performance lumineuse et électrique comme la Fée électricité de Dufy trônant dans la nef du musée d'art moderne parisien. Ce ballet volant plein de sorcellerie magique, d'illusion, de leurre bienfaisant illumine un genre délicat, souvent vulgarisé ou prétentieux. Ici tout est luxe, déferlement et volupté et l'on songe à la "chanson du fou" de Bizet, paroles Victor Hugo*.Et l'on sort de la piscine comme éclaboussé par cette légende contemporaine sortie tout droit d'un bras de l'Ill en résurgence fantastique comme une source de jouvence salvatrice! A vous couper le souffle dans un vaisseau marin en pleine mer...
Aux bains municipaux de Mulhouse jusqu'au 27 JUILLET
* "Au soleil couchant,Toi qui vas cherchant Fortune, Prends garde de choir;La terre, le soir,
Est brune.L'océan trompeur Couvre de vapeur La dune.Vois, à l'horizon,Aucune maison Aucune!
Maint voleur te suit,La chose est, la nuit,Commune.Les dames des bois Nous gardent parfois
Rancune.Elles vont errer:Crains d'en rencontrer Quelqu'une.Les lutins de l'air Vont danser
L'oeuvre de Pierre Gangloff a donné lieu le 29 juin dernier lors du vernissage de sa très belle rétrospective à la Case à Preuschdorf a une étonnante performance live de la plasticienne Andrée Weschler. Dans la cave aux marches descendantes, c'est dans un joyeux enfer que nous invite l'artiste.
La femme chancelante
Une niche calfeutrée, intime pour un one women show singulier. Inspiré de la Magdalena, Marie Madeleine sainte et intouchable, voici une femme à demi vêtue d'une combinaison à dentelles, froissée, au vécu assurément mouvementé.Chevelure blond cendré en coupe régulière autour du visage impassible.
photo robert becker
Son corps est robuste, tout proche de nous, son souffle exhale une rude présence, forte. Le regard au delà des étoiles du plafond, les yeux hagards, elle se déplace avec difficultés comme sur des jambes coupées du sol, sur des chaussures rouges à talons hauts.et elle oscille sans cesse, menace de chuter, ne tombe jamais malgré les obstacles faits à sa démarche hésitante. Risque, danger de s'exposer aussi au regard de l'autre dans l'instant présent dans une grande empathie avec nos empêchements physiques particuliers, personnels.
photo robert becker
Se mouvoir, émouvoir, se mettre en mouvement, en péril.S'émouvoir tout simplement.L'e-motion d'Alwin Nikolais pour le registre des danseurs.Ses mouvements essuient la sueur, transpirent l'eau des larmes. Elle marche comme sur des oeufs. A son bras, un petit panier en osier comme le petit chaperon rouge: que contient-il? Mystère...Bientôt dévoilé alors qu'elle étale au sol un grand tissu rouge en satin de soie près du puits de lumière.
photo robert becker
Un oeuf se révèle au creux de ses mains, objet précieux, fragile, curieux endroit pour y expérimenter la dureté de la coquille, le solide de son enveloppe, carapace animale de volatile.Symbole de fécondité, de féminité, cet "objet" de convoitise voyage sur son corps, à la surface de sa peau, à la périphérie des lignes de sa silhouette.Les coquilles craquent crissent sous ses pieds, dans ses mains, crépitent et brûlent d'impatience.Les oeufs font la ronde à ses pieds sur le duvet du satin rouge. Telle une matrice féconde qui engendre la vie.Un oeil aussi dans son orbite comme un globe visqueux lui rend la vue limpide. Ou opaque. Le blanc, le jaune d'oeuf se répandent sur son corps, souillent et maculent sa nuisette, chemise blanche humidifiée, mouillée.
Femme, femelle, animale dans son terrier secret.Sa tanière discrète dévoilée à notre seul regard de privilégié.Dans un éclairage rougeoyant, chaleureux, bercé par un silence impressionnant de la part des spectateurs rassemblés autour d'elle. Tout près, tout contre. Coquilles qui vont se rompre sous la pression de ses genoux, de son ventre pour faire jaillir le nectar, l’élixir de jouvence et de jouissance de ce liquide opaque, gluant.Une forte pression érotique en jaillit, sensuelle, liquéfiée par les impacts de ces coquilles brisées au contact des murs, du plafond de pierres tout proche.La toile en fond de perspective semble répondre ou questionner cette présence humaine, charnelle qui s'échine à vivre des instants uniques, répondant à une pensée improvisée, tactile, organique au plus près des chaires de la performeuse. Liquide qu'elle absorbe voluptueusement devant nous, dont elle s'enduit comme un onguent religieux, une sainte extrême onction au baume parfumé
photo robert becker
Comme une petite mort très érotique sur les touches de ses cuisses, de ses bras,zones érogènes à fleur de peau. Femme chancelante comme celle de la toile de Max Ernst, devenue icône ou symbole de fertilité. C'est beau, sobre et très chargé de connotations multiples pour l'imagination de chacun.
Andrée Weschler signe ici au regard de l'esprit de l'oeuvre de Pierre Gangloff, une performance inédite, un geste artistique, cadeau d'artiste à un autre artiste. D'une plasticité à une autre, une peinture vivante, corporelle dont les traces originelles de peinture à l'oeuf ancestrale sont loin de s'effacer dans nos mémoires sensorielles...Et l'on songe à "Je suis sang" spectacle de Jan Fabre où tout est liquide et fluidité, obscénité (derrière la scène) et volupté. Beaudelaire n'en aurait fait qu'une bouchée dans son boudoir calfeutré d'interdits succulents.Un épisode désirable à déguster avec plaisir et délectation? de la langue au palais? au coeur de La Case et de ses trésors.Au final un reliquaire de vestiges cabossés comme une toile de Spoerri, un tableau "piège" à admirer contenant le récit ce que qui vient de se passer...
photo robert becker
photo robert becker
A la Case à Preuschdorf, lieu d'art et de convivialité de l'Outre Foret animé par Miriam Schwamm
Du 31 mai au 6 juillet 2025, nous vous présenterons “La Mouette” d’Anton Tchekhov,
précédée d’une forme burlesque née du tissage de 2 farces. “L’ours” et
“La demande en mariage” seront proposés sous le titre “La demande d’un
ours en Mariage”. Yann Siptrott et Serge Lipszyc vous convient pour
ce 7ème rendez-vous annuel du Théâtre Forestier au Guensthal, après la
folie de “Molière 401” en 2023 et après “Un songe, une nuit , l’été” de
William Shakespeare en 2024.
Un théâtre de partage et de convivialité au coeur du joyau de Guensthal, chez les Siptrott’s. Tchekhov n’aurait pas rêvé mieux …
La mouette a révolutionné le théâtre. Tchekhov a inventé le théâtre
contemporain en ne respectant aucune règle. 4 actes, ça commence fort et
ça se finit pianissimo.
Il ne se passe rien . C’est à dire qu’il se passe tout. 10
personnages, nos doubles, nos semblables. On désire et on avance pas. On
passe à coté de nos vies, incapables d’influer sur le temps qui nous
dévorent.
Le théâtre, on ne peut pas s’en passer. Cette réplique de Sorine
éclaire la pièce. Sans théâtre pas de vie, pas imagination artistique,
pas d’imaginaire, pas de liens sociaux, pas de mise en représentation du
monde et aucun moyen de se guérir de nos maux.
Tchekhov, médecin le sait bien. Il nous trace symboliquement le
chemin à suivre. Mais comme toujours, nous nous égarons. Ce n’est pas
triste, c’est juste humain.
Jouer Tchekhov implique un travail d’équipe, un investissement
d’acteur particulier en rien comparable aux autres . Il faut amener
toute l’équipe de comédiens sur ce chemin du trouble et effacer les
archétypes de la représentation théâtrale.
Eviter la fabrique, se mettre en jeu permanent, ne pas se réfugier
dans du savoir-faire, se brûler certainement. Voilà énoncer de manière
débridée quelques pistes qui m’ont conduit, je dirais fatalement, à
cette partition après avoir joué ou mis en scène Ivanov, Platonov, Oncle
Vania , Sauvage et les trois soeurs. Le théâtre aide à vivre,
tout simplement.
Serge Lipszyc
Cette pièce «manifeste » un retour aux sources à l’essence même de notre désir de théâtre.
Avec le théâtre forestier , après les succès de Sauvage et Un
Platonov, ce sera le troisième volet que nous aborderons en famille.
Famille d’acteurs indispensable pour aborder cet auteur.
Requestionner le désir et le pourquoi de l’art, la recherche de
l’harmonie sociale et amoureuse et notre incapacité chronique à
convoquer concrètement le bonheur , cela fait de Tchekhov le plus
contemporain de nos classiques .
La force de notre engagement et l’énergie : faire de l’utopie vitezienne « un théâtre élitaire pour tous « notre crédo.
LA DEMANDE D’UN OURS EN MARIAGE
d’Anton Tchekhov
Mise en scène et Adaptation Serge Lipszyc
AvecYann Siptrott – SirmovPauline Leurent – Madame PopovaPatrice Verdeil – Louka dans l’ours et Stepan Stepanitch dans la demande en mariage
Deux petits farcis en amuse-gueule!
Cette fameuse mise en bouche augure de bien du reste de cette après-midi bucolique au sein du Guensthal.. Deux courtes pièces de Tchekhov se partagent littéralement le plateau: "L'Ours" et "La demande en mariage": ces deux comédies en un acte dites "plaisanteries" par l'auteur lui-même s'entremêlent joyeusement sur l'estrade simultanément! Exercice ardu et audacieux pour les comédiens qui se redistribuent l'espace sans cesse à tour de rôle ou carrément entremêlés.C'est dire si l'attention du spectateur se maintient dans un suspens qui balance d'une histoire à l'autre, d'un récit où les personnages se démènent subtilement pour valser judicieusement d'une situation à une autre. D'un côté une demande en mariage orchestrée par un père ambitieux, de l'autre une situation financière à démêler entre une veuve repentie et un futur amant passionné. C'est drôle et décapant, ça frise le vaudeville rocambolesque, le dérapage permanent du jeu des cinq acteurs se divisant un territoire revendiqué. Dans une tonalité haute en couleurs et sonorités vocales puissantes, la farce se fait succulente à déguster au moindre quiproquo frauduleux. Ceux qui campent ces pantins de foire burlesques et très attachants se taillent la part belle dans un registre chatoyant haut en couleurs plein de verve. C'est la veuve tout de noir voilée qui remporte les faveurs, une Pauline Leurent démoniaque et calculatrice, pleine de finesse en rebonds, pistolets au poing et la rage au ventre. De son côté Yann Siptrott campe un propriétaire terrien ruiné à bout qui tombe amoureux de sa proie et fond de générosité débordante. L'autre couple inénarrable, c'est Bruno Journée en malade imaginaire propriétaire de son pré carré et sa belle conquête à séduire' Sophie Thomann, simple et au bon sens près de chez vous!. Et comme médiateur et fauteur de trouble, liant les deux récits, Patrice Verdeil excelle en ingéniosité, malice, complicité et autres tricheries bienfaisantes. On sourit allègrement à ces miniatures de génie au rythme endiablé et l'on quitte ce petit monde survolté loufoque pour aborder la scène où va se dérouler "La Mouette" morceau de bravoure de la soirée..
"La Mouette":la chute d'un oiseau blessé parmi les siens...
Au coeur de la clairière, près du lac, les comédiens dispersés, de dos, offrent déjà une mise en scène adaptée magistralement au lieu, à ses perspectives, sa profondeur de champs, sa nature enchanteresse, ses résonances sonores inédites. Un jeune metteur en scène en son petit théâtre de poche et de fortune propose ce jour là un texte du cru, joué par une novice pudique, naïve, prude et discrète. Loin d'être des bêtes de scène, ils jouent devant les "grands de ce monde", auteur réputé et comédienne célèbre, à la campagne, ce "trou" de verdure ennuyeux loin de la ville affriolente où ils sont contraints de séjourner. Tous les personnages ont ici leur importance, leur singularité, leur intérêt, portés par un texte, une langue riche et belle qui les magnifie. Charles Leckler,le fils de la diva, divine actrice, Isabelle Ruiz magnétique et mère toxique, se perd dans ses amours et Sylvain Urban navigue dans des calculs savants de pauvre erre: c'est tout un monde où jeunes et vieux s'égarent, se confient, explosent ou se révèlent à eux même et aux autres.
Serge Lipszyc campe un vieil homme désabusé mais fort attachant à la démarche chancelante, aux propos pessimistes qui se lamente sur les désenchantements campagnards, cette vie confinée dans "un trou", un désert intellectuel insupportable. .Yann Siprott incarne ce détestable écrivain prétentieux et célèbre qui déstabilise et séduit une jeune comédienne, pure et touchante: c'est Léna Dia, cette future "mouette" sacrifiée qui se cherche désespérément parmi ces êtres malveillants, trompeurs et fourbes, ambitieux ou tout simplement malheureux de leur sort subit et qui y succombent.Dans le cadre bucolique du Guensthal c'est un rêve éveillé au bord du lac que le spectateur vit et pour lequel il vibre sans cesse au diapason des comédiens, eux-mêmes imprégnés de ces déambulations, pérégrinations,divagations de verdure. Ce lac prémonitoire, ces allusions à la nature fragile, à la météo du jour qui colle au contexte sont toujours magiques et magnétiques. Pas de hasard, mais une constellation de circonstances favorables au déroulement naturel de cette mise en scène signée de main de maitre par Serge Lipszyc.Les costumes bleu anthracite pour tous, épurés exceptés le chapeau excentrique de notre diva, se fondent dans l'atmosphère plutôt noire de la pièce de Tchekhov: une fois de plus, le "Théâtre forestier" affiche sa singularité: entre sauvagerie domptée et audace révélée, entre respect de la langue et des oeuvres: aller au delà des références et autres adaptations pour nourrir un théâtre engagé, responsable et poétique.
Les interprètes pour servir ce répertoire et toutes les petites mains pour servir un entremets aux herbes sauvages, soupe gastronomique servie dans des bols uniques de la fabrication des hôtes: les Siptrott, sculpteurs de légende, facteurs de personnages qui hantent cette singulière Vallée de la Faveur...
Mise en Scène Serge Lipszyc
Isabelle Ruiz : Irina Nikolaevna Arkadina, madame
Trepleva, actrice Charles Leckler : Konstantin Gavrilovitch Treplev, écrivain, fils d’Arkadina Yann Siptrott : Boris Alexeevitch Trigorine, écrivain, amant d’Arkadina Serge Lipszyc : Piotr Nikolaevitch Sorine, propriétaire du domaine, frère d’Arkadina
Pauline Leurent : Macha, fille de Paulina et Chamraiev Patrice Verdeil : Ilia Afanassievitch Chamraiev, régisseur époux de Paulina
Sophie Thomann : Paulina Andreevna, épouse de Chamraiev, mère de Macha
Léna Dia : Nina Zaretchnaia, actrice Bruno Journée : Evgueni Sergueevitch Dorn, médecin Sylvain Urban : Sémione Sémionovitch Medvedenko, instituteur
« Qu’est-ce que la vie et qu’est-ce que la mort ? »
Ces mots de Mahler inscrivent sa deuxième symphonie dans une
lignée romantique, tout en lui conférant une dimension spirituelle. Il
conçoit ses cinq mouvements ainsi : marche funèbre initiale, évocation
de moments heureux, vision cauchemardesque, moment méditatif et enfin
résurrection finale.
Pour servir son œuvre, un orchestre conséquent, renforcé par des
cuivres et percussions dans les coulisses, un chœur et deux solistes.
Grandiose !
Et c'est peu dire de cette oeuvre gigantesque et impressionnante, interprétée d'une traite sans entracte, maintenant ainsi une densité d'écoute, une intensité d'interprétation et un souffle grandissant de toute beauté. L'orchestre au grand complet renforcé pour l'occasion et deux choeurs réunis, pour des instants de sidération autant que de quiétude...Le concert démarre déjà sur des notes dramatiques, intenses et fortes, les contrebasses et violoncelles en poupe, construisant ainsi une architecture sonore inédite et troublante. Les cinq mouvements complexes et fort différents alternent dans des ambiances, des univers tissant un portrait-paysage de la mort et de la résurrection tant allegro que andante dans des mouvements tranquilles et fluides, coulant.Le choeur intervient très tard et s'immisce sur la scène et l'estrade. 85 choristes qui démarrent à cappella, hyper piano dans une justesse parfaite grâce à un soutien technique hors pair. Parfois présent dès le début du concert pour faire masse et fusion avec l'orchestre et le public qui peut ainsi en faire un miroir de spectateurs... Ce vis à vis n'est pas le choix du chef ce soir là et casse quelque peu la concentration nécessaire par son entrée incongrue. La lumière qui fait irruption des ténèbres funestes surgit, solennelle mais modeste et irradie de sonorités renforcées par un choeur très présent, discret, bordant les voix de la soprano Valentina Farcas et de la mezzo Anna Kissjudit. Leur présence majestueuse autant que discrète confère à l'oeuvre un caractère sombre, pesé, ancré dans un destin universel et fatal de l'humanité ainsi mise à nu dans sa sobriété et frugalité. L'explosion sauvage finale déborde de tonalités multiples et audacieuses mêlant l'ensemble des instruments dans un chorus musical impressionnant. Ce corps sonore , cet ensemble comme l'union de tous les membres d'un être humain qui constitue un corps charnel et voluptueux est unique et emplit d'émotion celui qui se laisse tenter par une écoute active et impliquée. La direction subtile et très riche de Aziz Shokhakimov de cette version intégrale, touche et impacte cette réunion d'artistes interprètes impressionnante par son effectif gigantesque.
L'on songe au corps de ballet de l'Opéra Garnier réuni sur les marches du Palais.. Et l'on se remémore la chorégraphie de Daniel Larrieu empruntant l'Andante pour son ballet aquatique "Watterproof", une interprétation fluide et sensuelle de ce mouvement très dansant. Maguy Marin et d'autres car depuis plusieurs décennies, les œuvres de Gustav Mahler fascinent les chorégraphes. De John Neumeier à Anne Teresa De Keersmaeker, l’univers musical et poétique des lieder et des symphonies de ce compositeur hors du commun appelle le geste, le mouvement, les corps. Après « Danser Bach au XXI e siècle » au printemps 2018, ce sont deux jeunes créateurs qui se saisissent donc d’un autre monument de l’histoire de la musique,avec hardiesse et liberté pour le ballet du Rhin.Harris Gkekas proposait "Oraison double" et Shahar Binyamini "I am" de quoi atteste que Mahler est bien dans le mouvement et ce qui anime l'âme des instruments autant que des corps dansant. Et sans parler du "Blanche Neige" d'Angelin Preljocaj sur des extraits des symphonies de Mahler...
Et le public d'ovationner cet ensemble surprenant et si généreux de talents réunis à cette occasion unique pour restituer et donner vie à un chef d'oeuvre de la musique qui traverse les siècles comme un cortège pas si funèbre que cela! De la rose rouge à la poussière des morts : le fantastique espace-temps de Mahler dans sa Deuxième Symphonie, demeure un conte, une légende fracassante et envoutante, hypnotique et ravissante.
Aziz SHOKHAKIMOV direction, Valentina FARCAS soprano, Anna KISSJUDIT
mezzo, Chœur de l’Opéra national du Rhin Hendrik HAAS chef de chœur,
Chœur philharmonique de Strasbourg Catherine BOLZINGER cheffe de chœur
L’ART EST CE QUI REND LA VIE PLUS INTÉRESSANTE QUE L’ART.
« À l’intérieur de ma casquette, au sommet de ma tête,
j’avais de petites œuvres. J’allais le long des rues à pied et
j’adressais la parole à d’autres piétons. Le dialogue pouvait prendre,
par exemple, la forme suivante : je demandais « Monsieur ou Madame ou
Mademoiselle, est-ce que l’art vous intéresse ? » Si l’on me répondait
« Oui, oui », je disais « Eh bien, saviez-vous que j’ai une galerie ? »
Si mon interlocuteur manifestait de l’intérêt, je lui disais « La voici,
ma galerie ». Mes œuvres se trouvaient là, à l’intérieur de mon
chapeau. Puis, nous les regardions ensemble. »
Pour Robert Filliou, chacun d’entre nous est un génie qui s’ignore.
Et tout le monde est un artiste capable de transformer sa vie en œuvre
d’art. Effervescente et loufoque sous ses multiples casquettes, sa
création, souvent tirée par les cheveux, n’est jamais rasoir. Car, ça ne
fait rien si l’art n’existe pas, pourvu que les gens soient heureux !
Catherine Tartarin explore l’univers festif de cet artiste-poète,
bricoleur, assembleur, penseur, agitateur et performeur. Dans ce
spectacle, acteurs et spectateurs expérimentent l’utopie de la création
permanente, un art des petits riens du quotidien qui pourrait bien
changer le monde.
Et que la fête commence! Dans le Hall du Théâtre un pianiste écoute le silence d'une partition style John Cage "4'33" Et quitte l'instrument sur des applaudissements alors que les compères distribuent des chamallow en suggérant de ne pas les manger et prononcent quelques phrases ou slogans énigmatiques. A l'entrée de la salle ils entonnent une chanson de Brigitte Fontaine.. Y aurait-il une filliou-tion entre toutes ces introductions apéritives, ces amuse-bouche plein de saveurs?
C'est ce qu'on va voir assis aux côtés d'un style à bille et d'un petit feuillet sur lequel une réponse à une énigme est suggérée. On ne va pas nous laisser tranquille, cela va de soi. Alors au travail pour découvrir l'univers abracadabrantesque d'un génie sans bouillir de l'écriture quasi automatique de ce champion du dérapage contrôlé, des glissades verbales, des quiproquos invraisemblables et des mots qui chahutent sans cesse. Ca fait des carambolages inédits, des revirements linguistiques, des chevauchements et autres états de lecture déglinguée à souhait. L'esprit Filliou est bien présent et plane joyeusement sur ce décor de chaises suspendues au plafond, de tables empilées, d'escabeaux chancelants et autres agrès et prosceniums de fortune: tout de bois et de guingois, en déséquilibre permanent comme cette littérature sans toit ni loi, désossées, désarticulée. Démembrée pour mieux construire un monde sonore utopique et invertébré, jovial, bon enfant, naïf et futile. Quatre comédiens, chanteurs, musiciens, conteurs s'emparent à l'envi des textes incongrus du professeur enchanteur Filliou, maitre de cérémonie burlesque mais si contemporaine et décapante. Si juste si on prend tout au pied de la lettre. Francisco Gil mène la barque, sobre, juste et sans atours inutiles. Va droit au but et touche juste. Chante cette poésie chatoyante et enchante, débonnaire poète du hasard calculé. Elle, lunettes de femme savante au poing se débrouille et s'embrouille joliment. C'est Cathy Tartarin, l'autrice et initiatrice du projet de mise en forme d'un hypothétique spectacle sur Filliou qui illumine les situations et éclaire nos lanternes magiques. Un accordéon pour relier le tout dont se saisit un bel homme à la chevelure cendrée: c'est Yves Beraud, savant fou un peu décalé, le ravi de cette crèche pas très catholique. Et pour rythmer le tout, les apparitions sonores live de la guitare de Kalevi Uibo, sonneur de sons incongrus inspirés de Catherine Ribeiro, de Victor Hugo. Des belles pointures en références complices de l'esprit planant de Filliou. Le tout dans une scénographie constructive, des costumes, matières à développer textures, matières plastiques et autres transparences génératrices de froissements, de bruissements. En jaillit une poésie sonore douce, optimiste, régénérante qui fait du bien. A nos stylos plumes pour faire de même du haut de nos fauteuils pour broder sur le thème "de quoi souhaitez vous vous débarrasser?"Mises bout à bout les propositions du public sollicité, participatif et donc complice font un cadavre exquis drôle et fracassant. On s'amuse à décrypter les mécanismes de l'écriture sans pour autant dévoiler les secrets de fabrication de Filliou. C'est là que réside la richesse de toutes ces propositions des comédiens, facteurs de magie autant que de véracité. L'opus hybride auquel on participe fabrique du bonheur, de l'intelligence et aiguise la curiosité. Vitrine autant qu'objet OVNI théâtral, ce petit bijou porte bonheur va droit dans la direction d'un auteur-performeur-plasticien dont le chapeau contient toute la galerie de l'évolution littéraire. On songe à tous ces chercheurs de littérature raturée, Queneau, et autres perturbateurs ...Gérard Collin Thiébaut et autres agitateurs de particules en accélération.
D’après des textes et poèmes* de Robert Filliou Adaptation et mise en scène Cathy Tartarin Compagnie Le cri des poissons, Strasbourg
Avec Yves Beraud (accordéon), Francisco Gil, Cathy Tartarin,Kalevi Uibo (guitare électrique)
Scénographie Jane Joyet Création lumière Cyrille Siffer Construction décors Nour Alkhatib Régie générale et régie lumière Cyrille Siffer Régie plateau Vincent Rousselle
« Et si la mort m’enlève,
Je veux qu’elle m’achève
Dans un baiser de flamme
Où chantera le mot : aimer ! »
Quand Giuditta se met à chanter l’amour au cabaret Alcazar, le temps
suspend son vol. Elle a tout d’un oiseau de paradis ou d’un ange tombé
du ciel. Plusieurs hommes ont tenté de l’enfermer dans une cage dorée et
de l’attraper avec des rivières de diamants en guise de collets. Sans
succès : la belle est aussi jalouse de sa liberté que de ses secrets.
Personne ne connaît vraiment son histoire, ni l’oiseleur qui l’a
découverte un jour sur une plage et l’a épousée sans lui poser de
question, ni même ce beau légionnaire avec lequel elle s’est enfuie en
Afrique du Nord.
Qualifiée de « musikalische Komödie » par son auteur, la dernière
œuvre de Lehár se rapproche bien plus des grands opéras de Puccini que
des comédies musicales américaines, comme en témoigne sa création en
grande pompe au Staatsoper de Vienne en 1934. Si Giuditta n’est pas sans
rappeler certaines héroïnes lyriques (Carmen, Violetta, Mélisande) et
quelques célèbres courtisanes bien réelles (notamment la « Belle
Otero », danseuse espagnole devenue l’amante des souverains européens),
elle doit beaucoup à Marlène Dietrich et à ses rôles iconiques de
meneuse de revue dans les films L’Ange bleu et Morocco. À
la tête de l’Orchestre symphonique de Mulhouse, Thomas Rösner dirige la
version française de cette envoûtante rareté, dans un spectacle
flamboyant de Pierre-André Weitz inspiré par les univers du cirque et du
cabaret.
Comédie en musique en cinq tableaux.
Livret de Paul Knepler et Fritz Löhner.
Créée à l’Opéra de Vienne le 20 janvier 1934.
Version française d’André Mauprey.
Un champ de foire tel une exposition d'affiches des rues de Paris-voir la très riche exposition du Musée d'Orsay: "l'art est dans la rue"- s'offre au regard: décor de Foire du Trône où les "monstres" s'exposent: deux soeurs siamoises irrésistiblement soudées par un costume commun font des signes désespérés d'amour au public réuni, friand de divertissement...Et les saltimbanques de venir enrichir ce tableau mouvant, jovial et entrainant au son d'une musique emblématique du genre. La "comédie en musique" démarre ainsi dans un registre festif et joyeux, parsemé de personnages qui se profilent. Le vendeur de rue qui met aux enchères sa charrette pour subsister en dit long sur la population de cette opérette en mutation.Et c'est ainsi que navigue la narration, affichant rebonds et suspens, dans un registre dédié à l'expression de l'Amour. L'amour du jeune couple enthousiaste, Anita et Séraphin, ceux qui vont suivre Giuditta et Octavio sur la paquebot de l'exil. Des destins qui se croisent et que l'on suivra jusqu'à leur dénouement cinq actes durant. Entre chant lyrique sophistiqué et théâtre parlé, l'objet hybride signé Franz Lehar. La voix de Melody Louledjian fait son oeuvre, au départ chant d'oiseau discret dans sa cage dorée suspendue à ses rêves, puis au fur et à mesure s'épanouissant dans la dramaturgie montante. Octavio, Thomas Bettinger rayonne d'un timbre puissant et chaleureux aux tenues resplendissantes. Son jeu d'amoureux féru est librement naturel et cet officier transit séduit devant les charmes d'une Carmen ressuscitée.
Alors qu' Anita éprise de son fantasque partenaire, Sandrine Buendia excelle en phrasés toniques, puissance et envergure vocale de toute beauté. Elle tient tête à son Séraphin, angelot drôlatique et plein de verve, Sahy Ratia, personnage attachant et comique. L'intrigue de cet opus hybride tient en haleine, les duos et solos font mouche et ponctuent la narration de plein fouet. La danse y est omniprésente, servie par des artistes dit "de complément" qui brillent par une présence intelligente, discrète mais efficace. Deux demoiselles de ce monde chatoyant tiennent le plateau:
Charlotte Dambach, sensuelle et coquine femme gainée de dessous à dentelles et jarretières seyantes à la gestuelle empreinte de mudras comme celles de Giuditta dans son rayon de lumières en ombres portées et Ivanka Moizan: dans un duo fulgurant style portés classiques et longs détirés acrobatiques.Un instant de grâce dans un moment unique de rêveries et d'Amour stylisé. Chorégraphie d'ensemble également, architecturée par Ivo Bauchiero, habile complice de Pierre André Weitz. Ce dernier signe également décor et costumes chatoyants, fantasques et séduisants. L'univers du cirque, de la scène comme une mise en abime de ce drame entre comédie désuète et opéra "sérieux". Un divertissement où la langue française trouve une niche originale, succédant à la poétique plus épurée de la langue allemande...La danse de Giuditta entre Dietrich et La Argentina, belle séquence où la chanteuse-comédienne se fait femme qui danse sa colère et sa révolte. Pas de collier ni de prison pour cette héroïne aux prises aussi avec Manuel, Nicolas Rivenq, odieux personnage attestant du pouvoir masculin. Toute lecture possible de cette opus atypique orchestré par main de maitre par Thomas Rosner et l'Orchestre national de Mulhouse. Le Choeur de l'Opéra du Rhin dirigé par Hendrick Haas en farandole et petit peuple à chapeaux canotiers, irrésistible berceau de cette musique pas si légère que cela.