mardi 30 septembre 2025

"Don’t leave the room" par l' Ensemble Nadar : chambre noire à part.

 


Le poème Ne sors pas de ta chambre de Joseph Brodsky, exhortation à l’action, est le point de départ de ce concert mis en scène de l’Ensemble Nadar sur la place de l’humain dans le monde d’aujourd’hui, entre censure, espoir, silence, survie.

La répression — violente, omniprésente, silencieuse — et la censure en Russie et en Iran forment le fil rouge de ce concert mis en scène de l’Ensemble Nadar dont la dramaturgie découle d’un poème et d’un film : Ne sors pas de ta chambre (1969) de l’auteur russe Joseph Brodsky et Le Chœur (1982), un court-métrage du réalisateur iranien Abbas Kiarostami. Le premier est mis en musique par le compositeur russe Alexander Khubeev en confiant le texte à une comédienne sourde l’exprimant en langue des signes russe, tandis que le second entre en résonance avec une création de la compositrice et cinéaste d’animation iranienne Golnaz Shariatzadeh. Ils dédient leurs œuvres et ce concert à leurs compatriotes en lutte contre les totalitarismes au péril de leur liberté et de leur vie.


Galina Ustvolskaya et Piano Sonata 6 (1988) ouvre le concert. Derrière un écran jonché de texte sur fond de portées musicales: fureur de la répétition de frappes fortes, brèves, soutenues par tous ses bras sur le clavier, la pianiste s'acharne à faire retentir des sons défectueux, rares et inédits. Puis dans de beaux contrastes, elle prend la douceur à bout de doigts et éteint les feux de son arrogance.

Suit de Golnaz Shariatzadeh Bluer Womb (2025) : dessins et figures de légendes pour illustrer sur grand écran la musique sous-jacente qui sourd des instruments derrière la toile tendue. A deux reprises les icônes enchantent et focalisent la lecture et l'écoute sur ses esquisses chatoyantes surdimensionnées. Un air de narration et de dramaturgie forts séduisant en découle naturellement.

Abbas Kiarostami et The Chorus (1982)  surprend dans la double lecture proposée: celle des images animées de cinéma doublées de par les sous titres décrivant les bruits, les sons des prises cinématographique. On suit une charrette au rythme endiablé, on découvre la texture des sons de la rue, des brouhahas.uperbe expérience pour l'auditeur-spectateur qui poursuit sa découverte de plein fouet.

Enfin Alexander Khubeev avec Don’t leave the room (2025) puis Silentium ! (2025)  offre un échantillon de ses talents de compositeur-narrateur.Silentium comme une fresque tissée des gestes du langage des signes de la comédienne, dédoublée simultanément à l'écran par son image démultipliée. La langue des signes comme chorégraphie musicale accompagnée par les musiciens, la bordant de leur présence incarnée de musique savante. 

Ensemble Nadar

performance Elena Evstratov
flûte Katrien Gaelens
clarinette Dries Tack
trombone Thomas Moore
violon Marieke Berendsen
violoncelle, direction artistique Pieter Matthynssens
e-guitare Nico Couck
piano Elisa Medinilla
percussions Yves Goemaere
direction artistique Stefan Prins
son Wannes Gonnissen

lumières, vidéo Steven Reymer
VGT Floor Vandevelde, Soetkin Bral

A la Cité de la Musique et de la Danse dans le cadre du festival MUSICA le 30 Septembre 

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