mercredi 20 septembre 2017

Tarkovski au TNS : kiné- ma- to -graphique! "Le corps du poète" incarné!


Considéré comme un des plus grands génies du cinéma du XXe siècle, Andreï Tarkovski (1932-1986), censuré en URSS, n’a pu tourner que sept films et a dû vivre l’exil et l’éloignement de sa famille pour réaliser les derniers. C’est cette existence, vouée à l’art, intransigeante face au pouvoir et aux modes, que convoque le spectacle de Simon Delétang. Partant des écrits, de la vie et de l’univers filmique du cinéaste, il propose une plongée dans « le corps du poète », avec lequel entre en écho l’écriture de Julien Gaillard, jeune écrivain contemporain. Qu’on connaisse Tarkovski ou non, il est question d’une quête de la beauté, celle de la nature des humains et de la poésie.
Simon Delétang est metteur en scène et comédien. Il a codirigé le Théâtre des Ateliers à Lyon de 2008 à 2012 et a été membre du collectif artistique de la Comédie de Reims de 2009 à 2012. Passionné par l’écriture contemporaine, il a exclusivement mis en scène des auteurs des XXe et XXIe siècles. Il prendra la direction du Théâtre du Peuple de Bussang à partir d’octobre 2017.
Ce spectacle à Strasbourg est proposé dans le cadre de la saison culturelle 2017-2018 du Théâtre National de Strasbourg. Jusqu'au 29 Septembre salle Espace Gruber

Un plateau dissimulé par un rideau noir, une jeune femme , russe, va s'exprimer à propos de Tarkovski: un rythme endiablé, un flot de paroles, tonique, ferme et enjoué: ça y est le voyage sidéral est commencé!Portrait d'un personnage intègre, rigoureux, exigeant, délirant aussi, entier et féroce partisan de la liberté, toujours!
Le rideau s'ouvre sur une vaste pièce, inondée de lumière par deux fenêtres, des rayons de soleil, un univers plutôt cinématographique.Un grand lit baroque, blancheur rêvée abrite un homme gisant et fébrile: il parle et nous guide dans sa quête à l'absolu.Deux heures durant, une micro société faite de personnages versatiles et attendrissants, se meut devant nous, s'agite ou se dévoile, évoquant ou incarnant des personnages des films cultes de Tarkovski. Lui même, ici interprété de façon très sobre par Stanislas Nordey, convaincant et solidement attaché à la complexité du personnage.Les autres, gravitant dans cette atmosphère très particulière de huit clos, vont et viennent dans les pensées, les univers du réalisateur, facteur de fictions fantastiques, de films où les objets et la lumière sont des acteurs à part entière. Musique quasi votive et méditative, voix chorales graves et puissantes ponctuent ce voyage très séduisant dans les contrées et paysages de Tarkovski, épris de vérité, de conviction, ligne droite de la création. Un artiste, hors du commun, c'est banal, puisque c'est sa fonction, son rôle de démiurge, de combattant, de guide et berger du grand public.
Grand public que semble incarner  Hélène Alexandridis, femme mure et sensible, simple, mère ou maîtresse, amante ou aimante, douce et attentionnée, au plus près d'un quotidien rêvé.Un portrait faux biopic très réussi d'un réalisateur en proie avec le poétique, le politique et l'humaine condition!

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