mercredi 13 septembre 2017

Tout en camion ! Duras, auto portée ! Transportée !


"Un film hors norme de Marguerite Duras réinventé sur un plateau de théâtre avec une inventivité scénique qui inscrit le récit dans une modernité réjouissante. Sur scène, trois comédiens jouent à Duras, portent la vérité profonde de sa poésie et la décalent dans un esprit de provocation espiègle !Le film de Duras propose une forme narrative extrêmement singulière, libre, ouverte et percutante. Le récit au conditionnel, tenu par le dialogue entre Gérard Depardieu et Marguerite Duras, décale l’espace factuel auquel nous confronte le cinéma traditionnel, pour nous entraîner sur le terrain poétique de l’imaginaire, vers la multitude des champs du possible.Le Camion parle du poids métaphysique du monde, de la douleur d’être dans un monde déshabité par le sens. Après la mort de Dieu, l’échec du politique nous laisse quelque peu désemparés. En quoi pouvons-nous encore espérer ?Empreint d’un questionnement sur la désorientation que subit notre époque, parodie des formes radicales de l’art contemporain, le spectacle de Marine de Missolz tente de mettre en acte une autocritique gaie, vivante, drôle et pleine de tendresse."
Trois comédiens, pieds nus, vêtus dans la norme basique, chemises, pardessus et chapeau.
Trois facettes d'un écrit cinématographique, où transcrire la narration scénaristique en jeu de plateau reste une gageure. Pari certes réussi pour cette aventure audacieuse signée Marine de Missolz, sur la corde raide, fil tendu de l'émotion et du dérisoire.
Trois personnages , un narrateur et deux autres plutôt dans le geste et la danse y est bien présente à la Bernardo Montet ou en chorus et canon quand ils sont unis dans l'esprit du lieu: un écran sur la scène pour y dialoguer avec des images de paysages, voyage et embarquement dans le camion avec les faux héros de Duras.Ponctué par quelques notes graves au piano, le suspens règne et tout avance à pas feutré dans ce qui reste de la conception de "narration": dépouillée, sobre, infime et quasi absente
Olivier Dupuy, Hervé Guilloteau, Laurent Sauvage pour incarner le verbe, l'intrigue et la complexité des destins inscrits dans ce "camion" qui traverse vents et marées, qui sillonne les routes de l'imaginaire, absorbant les obstacles comme un bon Bibendum lâché sur le bitume: on y boit sans modération pour accéder à la félicité du langage: entre film et mise en scène, cet "objet théâtral non identifié" résonne comme un opus étrange, énigmatique mais très attachant: comme l'écriture de Duras: en demi- teinte et plain chant de plein pied.
AU TNS jusqu'au 23 Septembre

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