dimanche 1 octobre 2017

"Music'Arte à Musica: "La Passione Bach" selon Castellucci ! A la clinique!


Filmer du Castellucci est une gageure, et pari tenu par le réalisateur Olivier Simonet
On sait la place occupée par la symbolique religieuse dans le travail du metteur en scène et plasticien Romeo Castellucci. Sa mise en espace de la Passion selon saint Matthieu de Bach constitue toutefois sa première confrontation avec une œuvre véritablement sacrée.Des séquences, 18 correspondant au déroulement de la passion du Christ, rythme le spectacle.
La durée en est totalement respectée, musique oblige.
Les regards que l'on porte sur chaque détail sont ceux d'un objectif, d'un cadrage et d'un montage très travaillé.
D'abord, on balaye chanteurs et espace scénique afin de faire "connaissance" de plus près avec les interprètes et cette curieuse et symbolique blancheur omniprésente du décor vide, sobre, simple réceptacle et écrin du choeur, de l'orchestre et des solistes;visages calmes, habités, expression ténue d'une oeuvre qui met en jeu passion, cruauté, désespoir.L'évangéliste, au plus près du destin du Christ sera le plus impliqué dans le jeu et les plans sur son visage, ses gestes sont signifiants.Rendre compte de l'importance des objets dans la mise en espace de la narration. Objets qui vont focaliser l'attention du spectateur du film, objets issus de la fantasmagorie de Castellucci qui nous livre ici sa vision très particulière de la passion selon St Mathieu du baroque Bach.Univers très clinique d'un hôpital aseptisé, laboratoire d'expérimentation sur les mutations du sang, les métamorphoses et expériences scientifiques liées à la mort, à la vie.Le sang, son analyse, les tubes et éprouvettes géantes, autant de plans focalisés qui suivent le déroulement des dix-huit parties des exploits du Christ. Un arbre, débité, des tubes de chimie, des tables d'opération ou paillasse pour opération d'alchimie....Ceci nous renvoie aisément à la vision de la transformation d'un être vivant, à l'approche de sa mort prochaine. Crucifixion très ingénieusement évoquée par les corps suspendus de figurants, en croix qui se confrontent à leur propre poids, celui qui détermine l'épuisement du crucifié et son asphyxie: très physique et "chimique", la mise en scène est fort bien cernée par les caméras et le montage diversifie point de vue, de fuite, plans larges et détails. Au plus près des corps, des matières, des instruments de cette passion hors norme: celle d'un homme, docker à Hambourg, ville où est née le spectacle-concert "vivant".
 Musicalement servie par Kent Nagano, dirigeant le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg, l’Audi Jugendchorakademie et six solistes de premier plan, cette production échappe autant au cliché qu’à la provocation pour proposer une vision bouleversante et méditative du chef-d’œuvre de Bach. Créé en avril 2016 à l’Opéra de Hambourg, le spectacle fut capté pour Arte par les équipes d’Olivier Simonnet – spécialiste du genre, Diapason d’or de l’année pour sa réalisation de Cendrillon de Massenet au Royal Opera House (2012).
Trois heures de projection à l'UGC Cité Ciné qui offrait toute sa technique et infra structure pour accueillir cet événement, "Music'Arte dans le cadre du festival Musica.
On souligne la collaboration de la maison strasbourgeoise de production,Ozango, dirigée par Jean Jacques Schaettel !

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