dimanche 8 octobre 2017

"Un banc au bord du monde": "rassis" sur le strapontin de la vie!.

"Deux personnages, Martin et Nathan, de la rencontre à la séparation. Une situation archétypale, inscrite dans le quotidien d’un banc public sur un boulevard. Presque l’argument d’un téléfilm.Ils ont chacun environ soixante-cinq ans, un passé, une mémoire, une psychologie, des frustrations, des fantasmes. Beaucoup de différences les opposent, des similitudes les rapprochent. A eux deux, dans les petits gestes et attitudes du quotidien, ils vont mettre en perspective, une forme de vie en société, des enjeux, des pensées. A travers eux, le quotidien fait place aux références historiques, aux évènements, aux enjeux du monde et à la pensée philosophique. Sans théoriser et sans esprit de système, une pensée cherche son chemin pour vivre. Ce chemin se fraye à travers différents courants et concepts, allant de Démocrite à Camus, en passant par Epicure, Montaigne, Spinoza, Nietzsche, Marx, Debord. 
A peine esquissées ou plus approfondies, ces références traversent leurs dialogues, jusqu’à un basculement vers une reconstruction poétique.
Le cheminement de leur confrontation est volontairement chaotique, parfois repris en boucle, souvent en suspension et changements de cap. Comme une route toute en courbes, montées, descentes et virages en épingle.
A leur image, le dialogue se joue des styles : réaliste, poétique, humoristique voire burlesque, référentiel, gestuel.
La référence au théâtre lui-même vient traverser cette trajectoire humaine faite de tentatives de prises de pouvoir, de confrontations, de tendresse ou de disputes. Le théâtre de la vérité et du simulacre.
Et puis une proposition de basculement vers un ailleurs salvateur…
Et au moment où Martin s’éclipse, s’il s’agissait d’une disparition d’un évanouissement ? Comme si depuis le début, Nathan avait été seul, en vérité."
Alors ces textes de Martin Adamiec, Jean-Louis Béreaud et Dominique Zins interpellent, édifient un univers singulier tantôt burlesque, tantôt grave.
Deux inconnus, deux destins, deux hommes à l'écharpe rouge vont cohabiter sur un territoire infime: un banc, public.
Le premier s'installe esquisse une danse, caresse ce mobilier urbain avec jouissance et bonheur: il danse et s'y couche avec plaisir et volupté, déploie son journal.
Arrive un être hésitant, rigide, maniaque et apparemment peu sympathique. Il dérange l'autre par tous ces tics et son côté intrusif, qui cherche une proximité mal venue, incongrue.
Et pourtant la glace va se briser dans le dialogue,ils vont s'apprivoiser, se rencontrer, verbalement, physiquement, dévoiler leurs histoires sentimentales, leurs aventures féminines
Un tango fougueux en hommage à une aventure argentine, va les sceller, les rapprocher violemment! Belle danse, incertaine et malhabile, mais qui fait "avancer" l'intrigue,l'histoire de ces deux étrangers l'un à l'autre.
Assis sur ce ban, lieu unique, unité de territoire, ils devisent, se heurtent, s'injurient et finissent par ne plus se contrôler!
Des images vidéo au dessus de leur destin les situent hors champs alors qu'ils devisent sur Dieu, sur la religion, le péché: une confession désopilante a lieu, de l'un à l'autre, drôle et décapante: les bans bibliques sont publiés dans ce Monde" où il n'y a plus d'abonnés, mais que des NPAI, en retour de courrier!
Les mots sont justes, les attitudes et gestes, mesurés, travaillés comme une chorégraphie minimaliste mais efficace pour camper deux caractères si différents
Nathan Jamais et Martin Gale se racontent et affrontent la vieillesse, comme les comédiens qui les incarnent, Martin Adamiec et Dominique Zins avec justesse et sincérité, humanité et sobriété.Mis en scène pudiquement par Jean Louis Béreaud, ces complices de toujours de la compagnie "Articulations" jouent ici leur dernier opus, en hommage à leur compagnon de route disparu prématurément, le scientifique et rêveur Jean Jacques Mercier qui ce dernier soir là de représentation planait dans les mémoires et souvenirs avec joie et émotion
On souhaite à tous de belles et nouvelles aventures sur le plateau, pas toujours "assis confortablement" dans la création théâtrale.   

Ecoutez "Au bord de l'eau " de Gabriel Fauré .....

1 commentaires:

Dominique ZINS a dit…

Merci ! Je fais suivre aux spectateurs et à ceux qui n'ont pas pu venir au spectacle.

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