vendredi 13 octobre 2017

"Il Etaix une fois" et pas deux ! Pince sans rire !

L’éternité est une interminable histoire qui n’a ni queue ni tête
« Avant-dernières volontés : je lègue à la science qui en a tellement besoin, ma tête chercheuse avec sa cervelle d’oiseau et sa suite dans les idées - mon nez creux et mes oreilles attentives, un œil de bœuf, l’autre de perdrix, ma bouche d’incendie aux baisers de feu, ma langue maternelle ainsi que la moitié de mon cœur aimant et l’autre d’artichaut.»
"Peut-être la poésie de Pierre Etaix insuffle-t-elle à la vie ce que la vie elle-même emprunte aux mots et au mime de ce clown, cinéaste, dessinateur, gagman, magicien, affichiste et auteur talentueux. Quoi qu’il en soit, Il Etaix une fois est d’abord l’histoire d’une rencontre entre deux inconditionnels de l’artiste : Frédéric Solunto et François Small. Ensemble, ils nous ouvrent la loge d’Etaix, comme le foyer d’une existence habitée par le comique subtile du sensible et du silence, l’esprit du Paris populaire, des artistes sans le sou et de son ami Jacques Tati. Carte Blanche de cette rentrée au TAPS, la mise en scène évoque toute la merveilleuse palette d’Etaix en images et en sons, du noir et blanc à la couleur et du rire à l’émotion."

Un bon pré-Etaix à rire !
Il apparaît sur scène en tenue de mariée, désabusée, déconfite et nous fait son numéro de mime sonore...Le jeu de l'acteur est un peu suranné, évasif, absent: convoquer le fantôme de Pierre Etaix est une gageure et le fil est tendu entre réincarnation et évocation...La mise en scène de François Small va opter pour le côté "kiné" ma-tographe: l'univers sera celui d'un plateau de tournage, derrière le miroir: la loge du comédien, mime, clown, conteur et poète: du peintre aussi, du dessinateur dont les doigts brûlent quand il ne peut pas griffonner!l
C'est à nouveau son tour de retourner sur le plateau: car nous sommes dans les coulisses du tournage, noir et blanc oblige, dans un décor artisanal de Gérard Puel où les objets sont dessinés à la craie, où les tableaux évoquent l'univers d'Etaix: portrait de Tati, de Yoyo, une cène christique. Et notre Etaix de vociférer sur Dieu et ses défauts, ses promesses pas tenues, ses mensonges...Une vraie diatribe. Il se met à l'aise, en barboteuse blanche pour mieux incarner Baptiste, le naïf et sa mère.
Le corps du Etaix

Rappel à l'ordre: moteur, on tourne! Silence! Comme au cinéma. Sur le masculin, féminin, il semble intarissable et malin
Frédéric Solunto joue les Etaix, un peu de trop près, sans distance, mais trouvant sa carnation dans son physique athlétique et séduisant. Visage expressif presque "butho" parfois, Kazuo Ohno, plus que Chaplin ou Keaton: difficile à cerner ce personnage, prestidigitateur, agitateur de la scène artistique, homme de "gala", de manège, d'arène, cinglé du Music Hall, ce Jean Christophe Averty circassien moderne,du monde des images, affichiste qui s'affiche avec bonheur, c'est "noir sur blanc" ou "blanc sur noir" comme dans la scénographie de ce "Il Etaix une fois"!
Le verbe est haut en couleurs, le décor sobre et intimiste: une table de maquillage, quelques accessoires. Une petite musique à la Tati et déjà, le spectacle est fini. On reste sur sa faim, un peu étonné et surpris de cette courte incursion dans le vaste monde si éclectique de Pierre Etaix, mais sous le charme de quelques gestes bien mesurés d'un personnage, effleurant les touches d'un téléphone à cadran qui semble trop lent à son gout d'homme pressé et efficace, mais rêveur aussi! Dupontel ne renierait pas cette esquisse absurde , d'après les textes du trublion Etaix, entre Tati et les Marx Brothers, Keaton ou Harold Lloyd...
C'est malgré tout épatant et revisiter cet homme, artiste de l'ombre et de la lumière est une excellente initiative: la piste du cirque est libre, le tour de magie pas encore terminé: juste un dernier "soupir" en guise d’au revoir! Et surtout ne pas trop jouer au yoyo !Tant qu'on a la santé, vivons le grand amour du septième art, comme dans un pays de cocagne!





Au TAPS Laiterie jusqu'au 20 oOctobre

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