mercredi 11 octobre 2017

"Bien sûr les choses tournent mal": Kubilai Khan et Frank Micheletti :que du "positif"!


A propos de
"Puisant au creuset de cultures multiples, riche de ses affinités avec les musiques actuelles, la compagnie Kubilai Khan Investigations met en scène un présent éclectique. Portées par des danseurs et des musiciens de différents pays, ses créations ont pour ligne de mire les mutations du temps.
Passés maîtres dans les rencontres surprenantes entre démarches artistiques et publics, les artistes de Kubilai Khan Investigations composent avec une même passion des projets in situ et des créations pour la scène. On a pu les voir l’an dernier lors d’un concert dansé, le trio Hazy Horizonte, Fuzzy Horizonte. Ils présentent aujourd’hui une intense pièce de groupe Bien sûr, les choses tournent mal.
Ce spectacle, fort de ses matériaux multiples et de ses corps sous haute tension, est aussi le premier volet d’un diptyque, intitulé Something is wrong. Il témoigne avec lucidité des questionnements d’aujourd’hui. Les processus de transformation qui inquiètent notre futur, les espaces et les temporalités, réels ou virtuels, qui entrent en collision, tous ces éléments aiguillonnent les gestes des huit interprètes.
Quatre danseurs originaires du Mozambique, de Singapour, du Mexique et d’Europe, compagnons des multiples routes du chorégraphe Frank Micheletti, sondent en eux-mêmes les incidences de ces bouleversements. Ils ajustent leurs perceptions et s’engagent dans le chaos de notre actualité : hypercapitalisme, dérives climatiques, machines de guerre, pouvoir et manipulation d’opinion, tumultes sociaux. Évoluant sur une musique mixée en live par un quatuor de musiciens, ils ont l’énergie des esprits libres. Leurs mots, à l’image des corps, s’élancent, se brisent et se recomposent. Acteurs du temps, vibrant aux ondes du présent, à ses horizons troublés, ils ouvrent un autre espace où l’expression du sensible invite à habiter la terre autrement."

La danse est un art de combat
Alors après cette "note d'intention" que reste-t-il sur le plateau, des écrits, constatations, de cet engagement pour sauver le monde?
Sur le plateau, déjà occupé par quatre musiciens, apparaît "la" danseuse: elle va parler, une langue merveilleuse, la sienne vraisemblablement, le chinois et s'en empare, avec les gestes. Comme happée par ces rythmes "maternels", elle danse, Sara Tan,possédée, hypnotique, toute de sensualité, d'enveloppés.Son solo, très félin la conduit à onduler, vriller, sculptant l'espace, défrichant la matière légère de l'air. Terrien aussi dans la volonté affichée de sa gestuelle; elle est rattrapée par une autre femme dont le registre est quasi semblable, plus tranché, plus "fendu en tierce", saccadé, hachuré, haché en un singulier combat d'escrime: feintes, esquives, glissés s’enchaînent, puis les deux tricotent ensemble un duo tout de grâce et de félicité.Animales, aussi.La dérobade semble les "ravir" et quand deux autres danseurs s'emparent de l'espace, c'est pour former un quatuor de danse et musique de chambre, formation légère, palpable, discrète.Esse Vanderbruggen dans un faisceau de lumière, écran tendu pour y recevoir images et couleurs, graphisme et ratures, est une oeuvre d'art contemporain, volubile et versatile à elle seule.Les deux autres partenaires s'allient à ses évolutions sensibles dans l'espace.
De superbes constructions architecturales se dessinent, des maillons et maillages entre eux pour faire et défaire , des portés très poétiques, jamais acrobatiques et pourtant qui nécessitent écoute et virtuosité évidentes!
Un vrai mécanisme d'horlogerie et de précision pour ce jeu ludique et contagieux.L'énergie nonchalante, les enrobés des trois danseuses, comme "ornement" baroque et langueurs savoureuses.Des gestes brusques aussi, déréglés, tétaniques pour évoquer blocages et engrenages de la consommation, de l'inversion climatique déferlante sur les corps.Envahissants, désordonnés, dérangés et bafoués. L'éco-système des corps est chamboulé, décalé, déplacé sans cesse comme malade et sous l'influence de forces extérieures incontrôlables...
C'est sans doute une lecture possible sur le plateau, agora des possibles, assemblée réunie ici, bordée par percussions, clarinette et guitare, emportant danse et énergie, très au delà du réel.


On "compatit" en bonne cum-panis, avec la tribu de ces "kubilai khan" qui fêtent ce jour leur 20 ans de compagnonnage, avec Pôle Sud en partenaire fidèle et privilégié
"Amicalité" oblige, passion et tendresse dans le "discours" de Frank Micheletti lors du vernissage de l'exposition- photos conjointe "Le pêcheur de perles" dans la nouvelle et joyeuse "danso-thèque": C'est Laurent Thurin-Nal qui expose son vécu de voleur, dérobeur d'images au profit d'une pérennité, d'une immortalité certaine de la compagnie, de ses interprètes!A la pêche aux images fidèles de la compagnie, mobile, voyageuse, nomade: un orpailleur, colporteur et chasseur de grâce, orfèvre en la matière.
Le tout accompagné d'un film du même auteur, faiseur d'icônes et d'images: un recueil, ode au mouvement, au flou, à l'instant fugace et éphémère de la danse: en noir et blanc, en dégradé de couleurs, en rémanance, les photos sont accrochées comme des bandes de planches contact de photo argentiques!
Des souvenirs de supports techniques, de façon de photographier d'un temps...passé qui déroule le temps jusqu'à la "36" ème images.
Mais que du "positif" dans ces négatifs, alignés comme des danseurs prêts à bondir....Hors du cadre!

A Pôle Sud" les 10 et 11 Octobre.

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