dimanche 26 juin 2022

"Méditations" à Froville: Les bonnes Surprises de Louis-Noel Bestion de Camboulas. Charpentier en majesté!

 


Méditations
 
Madrigaux à 3 voix d'hommes - Charpentier, Marais, Brossard: un chemin de croix 
lumineux....

La musique sacrée française, thème de ce concert, vous transportera dans un temps où théâtralité, suavité et sacré se mêlent et se confondent. Interprété par l'excellent ensemble Les Surprises dirigé du clavecin par son chef et fondateur Louis Noël Bestion de Camboulas, Méditations offre de véritables « petits chefs-d’oeuvre » musicaux de Charpentier, Marais et de Brossard.Ce programme pour 3 voix d’hommes permet de révéler une dramaturgie proche de l'opéra dans sa dimension théâtrale, les différentes tessitures des trois interprètes masculins offrant à la fois Lumière et Ténèbres.Un programme splendide à découvrir dans l'écrin idéal de l’église de Froville, tant pour sa spiritualité que pour son acoustique servant à merveille ce répertoire.lors du Festival pour les 25 ans de la manifestation exemplaire de musique sacrée et baroque.

  Tout débute par l’œuvre de Marc-Antoine Charpentier : "Méditations pour le Carême": un langoureux trio nonchalant ouvre le bal, les musiciens se répondent, se juxtaposent, , se relaient avec brio et virtuosité, qualité et talent qui soutiennent ce récital des "Surprises", ensemble riche d'une expérience de renom!Les chanteurs entuilent leurs interventions, le velouté des voix qui enveloppent les mélodies fait mouche et l'on "tombe en empathie" avec cette petite formation virtuose; une "pièce perdue" et retrouvée dans les trésors des partitions de Charpentier: musique intime et grandiose en autant de saynètes narratives pour un chemin de croix unique en son genre musical!

Marin Marais : "Prélude en ré du Ier livre pour viole de gambe et basse continue". Dansante évocation de l'univers baroque, pliés légers, distingués comme des figures savantes de mesures et tonalités.Les sons s'étirent, suspendus sur demies pointes, allongés, enrobés, sensuels...Les trois instruments glissés, entuilés, mouvants.

Sébastien de Brossard : Motet pour basse "O Plenus Irarum Dies": que voici un quasi opéra baroque, solo de chant et trois musiciens: la vélocité des vocalises, le ton et l'interprétation fière et sacrée donnent de la matière sonore très rythmée, contrastée, recueillie.Parfois c'est un petit filet de voix ténu qui enchante et suspend le temps.De belles basses altières, une homogénéité des tenues vocales séduisent et font voyager l'auditeur.

Marc-Antoine Charpentier : Prélude!: à nouveau Charpentier pour perler ce récital des "Méditations" où semblent se dessiner des personnages incarnés par les tonalités des instruments et la fusion-osmose des voix.Plaintes, douceur respectueuses des timbres, hauteurs et mesures...Des solos en alternance dévoilent qualité et capacité de chacun à entrer dans un style, une émotion évidente.De belles unissons aussi pour mieux se fonder dans une ambiance, un univers dramaturgique sonore exhaussé.

"Le tombeau pour Monsieur de Blanrocher", solo de clavecin intimiste et perlé fait suite en contraste avoué: il s'égoutte, clepsydre en suspension ou appuis et en rebond de notes vives.Des notes qui s’égrènent en goutte à goutte, élixir qui se distille à souhait dans nos oreilles alambiquées. L'autre "tombeau" pour les demoiselles de Visée de Robert de Visée pour viole se fait discret, lent, rêveur, alangui...

Sébastien de Brossard : "Motet pour deux ténors Salve Rex Christe": un duo de voix épatant, alerte, vif où le récit s'enflamme et vibre sur le timbre magnétique des voix très présentes.

Au final les trois dernières "Méditations" de Charpentier où l'ensemble vibre et excelle dans le tragique ou la rédemption.

Ce récital exemplaire et fort original de part la rareté des partitions ainsi révélées au public fut un enchantement, du autant à l'acoustique de l'église de Froville, qu'à la remarquable et inégalée passion de l'ensemble convié à partager ces instants rares et précieux de découverte d'un répertoire toujours en devenir!

Paco Garcia, haute-contre

Clément Debieuvre, taille

Étienne Bazola, basse-taille

Juliette Guignard, viole de gambe

Etienne Galletier, théorbe

Louis-Noël Bestion de Camboulas, orgue, clavecin et direction

 

 


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