lundi 13 mai 2024

Concert :l'Accroche Note/ Jeunes compositeurs: la HEAR-Musique, couveuse, pépinière, incubateur de jeunes talents!

 



De bonnes "ondes" Martenot
 
Workshop avec les jeunes compositeurs de la HEAR (Alonso Huerta, Lorenzo Paniconi, Simon Louche, Fernando Strasnoy, Davide Wang, Victor Debanne et Aurés Moussong) de la classe de Ivan Solano et Tom Mays.
Une rencontre riche de partage et d'innovation! "Proxima Generacion"!
7 compositions très diverses et pleine d'inventivité, d'expérimentation et de surprises pour un concert de très bon niveau et de partage entre interprètes musiciens, compositeurs et enseignants en pleine "inter ligerer" de savoirs et d'expérience, de doute et tâtonnements fertiles.
 

C'est à Victor Debanne d'ouvrir le bal avec "Quelques bruissements" pour voix, clarinette basse, ondes Martenot et accordéon
Une oeuvre brève, en souffles de toutes origines instrumentales: bruissement des touches et clefs de l'accordéon, voix qui tourne sans cesse, tremblements et secousses du "piano à bretelles" qui revêt ici de beaux atours contemporains. Des "petits bruits" de couloir en touches et présence discrète. Du beau travail d'orfèvre que cette composition introductive et inaugurale.

"Lorenzo Paniconi avec "On a thin wire" pour ondes Martenot, accordéon et électronique lui succède brillamment.Un infime son filtré, dédoublé, dans des aigus tendus, en rémanence, opère pour une tendre ambiance, douceur à l'appui. L"ampleur ascendante du son de l'accordéon séduit, enchante. Glissements sonores, renfort des ondes Martenot comme des mugissements, le son d'un avion en atterrissage. Des sursauts dans l'écoute, inattendus, rendent une atmosphère de fiction, de narration dramatique étonnante et très mature. Vibrations, résonances des sons, tenus, parfois imperceptibles jusqu'à l'effacement. Un fil tendu de funambule dans une lenteur amplifiée par la réverbération sonore. Surprise, danger, menace pour atmosphère qui plane et glace celui qui se tient à l'écoute de cet opus singulier et très personnel. Les interprètes au service sensible de cet ouvrage unique.
 
Simon Louche nous offre avec "L'avenir était" pour voix, clarinettes et piano une archéologie du futur musical.Un piano préparé, frappé, la voix en cris aigus percutants, en mots et chuchotements subtils. Touches et frappes du piano comme percussions. Beaucoup de contrastes opérationnels, radicalité tranchée de la composition. Le rythme des mots, de la voix, du piano en osmose et question/réponse, très réussi. Énumérations de sons vocaux, hachés, scandés comme une litanie obsessionnelle.
 
"Corps sans organes" pour voix, ondes Martenot, accordéon et électronique signé  Alonso Huerta fait suite audacieusement. Enfouissement, submersion, engloutissements au menu gargantuesque de l'oeuvre qui débute sur les chapeaux de roue. L"accordéon y est gratté, frotté, glissé, lissé à souhait, corps étranger à celui de l'interprète mais si "organique". L'ambiance est menaçante, inquiétante en bruit grondant d'avalanche.  Oeuvre au paysage minéral en tectonique des plaques sidérante. La voix souffle, se brise, s'éclate, respire, aspire, halète... Tout se répercute en écho, sursaute, ricoche, se double, enfle en permanence. En couches hétérogènes, sur un tapis sonore de fond en roulements. Réverbération assurée, débordements garantis, flot immersif de sonorités incongrues et inattendues. Une belle recherche sur ce qui vibre, crépite, crisse: un corps vivant avec une dimension "organique" irréfutable malgré le titre provocateur...Pas de spectre qui se balade dans un paysage désincarné mais bien une "présence" charnelle de la musique.


Aurès Moussong aux commandes de "Enlève tous les masques" pour voix, clarinettes, ondes Martenot, accordéon et clavecin, percute juste dans le jeu, le ludique, la parade sonore bigarrée, colorée..Un quintet troublant pour une narration dense, très visuelle, chatoyante, enjouée. Drôle et fantasque composition que cet opus dansant, échevelé, libre et fantaisiste. S'en dégage une grande unité entre voix et instruments qui fondent ensemble ou se relaient. Ambiance lascive, parade ludique pour cortège carnavalesque ou cavalcade de sons . De l'humour comme credo et inspiration sans aucun doute.

A Davide Wang de s'exposer avec "Frai i mille pensieri" pour clarinette et électronique: un solo qui éclabousse, tourne, vibre, éclate, amplifie le son, le transforme, matériau malléable à l'envi par le truchement de l'électro acoustique. Un long passage de défrichage qui s'amorce, se fraie un chemin, évolue et arpente l'espace. Densité du son en masse, taches et volumes variables selon les intonations et intentions d'écriture dramatique.
 

Et pour clore cette délicieuse soirée d'écoute surprenante, voici en épilogue une belle histoire de duo, de rencontre et de complicité: c'est " Et plus loin encore" pour voix et clarinette basse de Fernando Strasnoy. Dédié au tandem indéfectible Angster/ Kubler, voici un dialogue passionné, tendre, à l'écoute l'un de l'autre, félin pour l'autre. Du cousu main haute couture, haut de gamme pour ces deux interprètes qui ne ménagent pas leur force et intérêt pour les jeunes compositeurs. Incarner leurs écritures, celle- ci bordée de tendresse, d'amour de sentimentalité très "concrète" et savante, abstraite mais si bien "incarnée" en direct!" Lamentations, lascivité, jeu complice: du sur mesure en mesure et bien pesé!
 
Alors on quitte ce laboratoire avec bien des images en tête, des sons en répercussion, des rêves à parcourir en prolongation des univers de chacun des compositeurs si bien servis par des interprètes de la place. Les bonnes "ondes Martenot" en vedette, curiosité acoustique dans la musique d'aujourd'hui, instrument "phare" de ce florilège musical. Mais où sont "les femmes" compositrices??
 
 
 
 


 

Concert le 13 MAI 19h, Conservatoire de Strasbourg, salle d’orchestre. Ensemble Accroche Note et œuvres des étudiants en composition instrumentale, vocale, mixte et électroacoustique:
Victor Debanne, Lorenzo Paniconi, Simon Louche, Alonso Huerta, Aurès Moussong, Davide Wang, et Fernando Strasnoy.
Accroche note: Françoise Kubler, Armand Angster, Anthony Millet, Alonso Huerta et Ivan Terekhanov.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire