lundi 20 mai 2024

"Happy Island": danse bien "madérisée" sauce La Ribot !

 

Happy Island tient son titre de l’île de Madère sur laquelle est basée la compagnie de danse Dançando com a Diferença d’Henrique Amoedo, une compagnie composée d’une vingtaine d’artistes en situation de handicap.Cinq de ces danseur·euses accompagnent La Ribot dans un spectacle jubilatoire qui restitue l’esprit de liberté de cette communauté singulière, que l’on voit au complet dans un film réalisé par Raquel Freire. Comme pour mieux confondre le réel et l’imaginaire, le film projeté en fond de scène et la performance désinhibent leur furieux désir de vivre. Pur hommage au désir de danser, la pièce exalte sur scène la beauté insoupçonnée de ces corps émancipés. Dans Happy Island, fiction et réalité se rapprochent d’un rêve vécu et rêvé. Ce qui existe et nous est montré n’est finalement que le témoignage de la vie et de l’art.

Des arbres biscornus, tordus, centenaires, ancêtres magnifiques de l'archéologie du végétal: sortes de monstres, quasimodo magnifiques et bienfaisants...Métaphores de ces corps "différents" des artistes en situation de handicap mental et moteur.? Peut-être pour cette folie débridée et enchanteresse, cette liesse sur le plateau et sur l'écran qui résonne des images filmées d'une expérience chorégraphique unique et singulière. Menée de "main de maitre" par la Ribot qui ne se ménage pas comme à son habitude. Alors se frotter au monde du handicap mental sera pour elle, étape, bivouac et expérience de plus à mettre à son actif. Que voici ces être bien vivants se coltinant sans entrave ni empêchement la joie et le plaisir de la scène. Un solo magnifique d'une interprète en long tutu rouge, les yeux bandés! Des passages et interventions clownesques, burlesques d'un lutin bondissant qui traverse la scène et brandit un rond de lumière. Lune, projecteur ou autre objet qui reflète, illumine ou divertit le rythme et la narration loufoque et fantasque de la pièce. Quand une des interprètes quitte son fauteuil pour appréhender le sol et s'y fondre, c'est à un moment d'émotion de tous les possibles que nous assistons.La danse magnifie, transfigure, ose l'impossible pour exulter les corps. Une poursuite de l'une d'entre elle aux quatre coins de la salle est un morceau de bravoure, de suspens, une performance qui interroge et fascine. Personne de doré vêtu, traqué par les feux de la rampe qui s'évade en sa compagnie. Enfreindre les lois et aprioiris, les embuches et autre "handicaps" pour mieux les inscrire dans la théâtralité et la dramaturgie. Chapeau à tous pour cet opus plein de charme, de délicatesse, de décence et de respect autant que de décollage et facéties incongrues. La "meute" s'amuse, nous réjouit, nous déplace et revisite les canons de la beauté. Magnifiés, considérés et grandis, voici les artistes de la compagnie "Dançando com a diferança" au sommet d'une montagne de surprises et inventivité débridée qui fait du bien et raconte les corps comme autant d'histoires et de récits singuliers. Juste une petite différence ou "un p'tit truc en plus"....

A l'Arsenal salle de l'esplande le 19 Mai dans le cadre du festival "passages"

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire