DONNER CORPS
« Ceux qui dansent ensemble
Se rencontrent
Viennent l’un vers l’autre
Et en viennent à réaliser l’unité qu’ils constituent
Alors qu’ils sont partis de la singularité »
Quand deux femmes apparaissent, se façonnent deux espaces distincts, privés.
Quand deux danseuses se rencontrent, nait un territoire à partager, à faire exister.
Quelques objets, deux tabourets, une paire de chaussure, un coupe papier : des indices pour se fabriquer une histoire ! Du suspens pour dévoiler que « danser », c’est vivre « des moments qui tendent dans une espèce de sphère, à saisir, à pénétrer, à donner corps ».
Et effeuiller les couches successives des strates du temps à travers des costumes qui dévoilent ces femmes peu à peu, traverser des époques sur des musiques baroques, traditionnelles ou yéyé, savoir que la peau du monde, c’est la danse qui surgit des corps. Ce qui donne corps, c’est un mystère. C’est la poésie et l’humour de Cathy Dorn qui se relie à la présence complice et singulière de Sophie Beziers-Labaune.
Duo, duel, attirance, rupture ? Tout se tisse dans le langage des états de corps qui traverse les espaces et nourrissent un propos libre et enjoué. « Donner corps, faire corps, prendre corps….. par corps ?
La nouvelle création 2010 de la compagnie de danse Itinéraire, c’est tout ceci, réuni grâce aux forces vives des artistes, du co-producteur-Le PréO à Oberhausbergen-, de tous ceux qui veillent en bonnes fées sur la destinée de la compagnie strasbourgeoise désormais bien implantée !
Compagnie Itinéraires : 03 88 22 41 51 nicolle.myriam@wanadoo.fr
www-preo.fr
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DROLES DE DAMES
Leur faudrait-il danser avec des béquilles, ne seraient-elles pas assez d’aplomb, ancrées sur leurs deux pieds, bien dans le sol pour devoir s’exposer entre vertical et horizontal? Apparemment, oui ! Elles, deux femmes, presque jumelles dans les apparences: même corpulence, même mouvance, à petits pas précipités…. Jouer ! Se chamailler, se frôler, se rencontrer dans des chuchotements complices, semble ne pas leur déplaire.
Le chant des oiseaux les berce, la musique se distille comme un bon élixir et les fait se mouvoir en autant de styles, tango, valse et tourbillons de figures délicieuses.
Quand vient l’affrontement, comme une lettre dont le contenu va briser l’harmonie, engendrer colère, envie et jalousie, sobrement jouées. Que va-t-il advenir de ce joyeux couple, de cette paire de chaussures qu’elles hésitent à enfiler, de ce duo de femmes affolées, sages ou pas sages, désobéissantes et consentantes à la fois ? Marche, démarche au pied léger, femmes fétiches, chevilles ouvrières de la danse ….Qui sont-elles donnant corps à une gestuelle bien incarnée ?
Ce seront coupe-papier et petits tabourets roulant qui refaçonneront un univers ordonné, structuré où les appuis, le contrôle et le maintien reprendront leur marque.
Mais la garde-robe en suspension veille à la folie débridée et gare à la vanité, l’envie et la gourmandise du paraître. Etre ou sembler revêtir les atours de la beauté, par couches successives de peaux plus colorées, plus voluptueuses les unes que les autres… S’accoutrer, se fagoter comme une enfant déguisée en « grande dame » semble un jeu d’adulte enjouée. Dévêtir l’une pour habiller l’autre ! On échange les rôles et le tour est joué, mais pas «soufflé»! L’une est le miroir de l’autre, le sourire est contagieux, les voix susurrent le bonheur d’exister, de se lever chaque matin pour se tenir «debout». Et le soir, ferait-il bon s’allonger aussi, le corps au repos, apaisé se fondant, se répandant dans l’horizontalité ?
En corps, encore, on en redévorerait de cette mélodie de la vie ! On en reprend une tranche, on file en diagonale et transversale ?
Prochain épisode….. A méditer au regard de cette danse qui trouve en ces deux interprètes, chaussure à son pied. En grandes pompes, ou en ballerines de sylphides ?
Geneviève Charras
Le 11 Novembre 2010
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