Hitchcock de la scène, faisant de courtes apparitions à la Jacques Tati pour voir si tout va bien dans l'ordre et le désordre de ses petits bougés tétaniques ou ses grandes envolées, dévoreuses d'espace!
Mathilde Altaraz à ses côtés, compagne de vie et de scène, membre du Groupe Emile Dubois, cet étrange personnage inconnu au bataillon qui parle kreul, ou susurre des onomatopées, éructe ou sautille de joie: comme il vous plaira!
Souvenirs, souvenirs, radio nostalgie et c'est parti!
Plateau nu, noir réverbérant la lumière des danseurs, sculptures vivantes et animées pour cet architecte du plateau, cet alchimiste des espaces jamais vides, habités par des énergies, ici galvanisées par le phénomène Rock'n'roll!
"Son rock" pas celui de n"importe quel fan, auditeur adict ou survolté
Celui de son compagnon Yves P. auquel il rend hommage: ce rocker local de Grenoble, disparu trop tôt et qui lui a transmis l'envie de découvrir et de vivre l'aventure du rock, tout court.
Celle des prêtres qui dansaient dans les églises sur l'autel au son des gospels noirs; Elvis, le mythe va en surgir, blanc de peau pour ne pas avouer que l'art aux USA est noir, "niger"!
Gallotta trie, sélectionne et choisit certains morceaux, ceux que l'expérience du plateau n'a pas rejetés Car l'offre esr pléthorique pour cet enfant du rock qui travaille paradoxalement sans musique avec ses danseurs à la manière de Cunningham Regarder le son, écouter la danse:vivre en visionnaire les propositions du démiurge Gallotta sera la tache de ses douze danseurs
Stylés, bondissants, dévoreurs d'espace, se donnant à fond sur chaque morceau choisi de Elvis à Nirvana, des Beatles muets à Patti Smith
Les duos sont sa marque de fabrique, à fleurs de prise comme des bergers qui s'attrapent, jouent, s'étreignent, s'enlacent sans se lasser.
Animaux sauvages, "Lézards" pour Iggy Pop, jeans pour Dylan, duo toublant pour Lou Reed...
De l'énergie à l'état pue, une abstraction dans la construction ou chacun est électron libre et contraint, interprète virtuose de mouvements simples mais enchaînés à perdre haleine
Erotisme des chemises ouvertes , baillant au vent, dévoilant peau, souffles et respiration
Noir et blanc pour évoquer des univers où la mort rode, plane dans les excès de tout genre d'une génération de musiciens survoltés, émus par le trop plein de vie à expérimenter
Ils ont presque tous perdu la vie en se la retirant, alors que Gallotta et sa tribu prouverait le contraire: ne pas "perdre sa danse", son corps, véhicule, passeur et vecteur d'énergie vitale
Un manifeste à suivre de près pour de prochaines aventures: le rock au féminin?
Pour celles qui vivent encore, plus en douceur et profondeur les accidents et expériences extrêmes de la vie: Patti Smith et autre Nina Hagen, Guesch Patti....
A bon entendeur, salut, Festival Musica: le message est passé et le public du Point d'Eau, ce soir là à Illkirch ne le démentira pas envahissant le plateau pour un dernier rock collectif, Gallotta au micro, ce Godard de la danse, pas près de nous quitter pour partager cet "être ensemble" qu'est la danse, sa danse! Et mouillez, déchirez votre chemise! La chair est joyeuse, abstraite aussi malgré l'extrême présence charnelle de ceux qui la fabriquent devant nous, au travail: comme le rock, passionné, entier, abrupt, féroce et sans indulgence!
Une autobiographie chorégraphique politique et poétique de belle envergure.
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