mercredi 28 septembre 2016

"Tel père, tel fils: de J.F. Zygel à J.F. Heisser et J.F. Neuburger, le piano se taille la part belle! La voie lactée scintille!


Qui va piano, va sano, alors en route pour célébrer cet instrument mythique en compagnie des maître et élève de J.F.Zygel pour un récital inédit.
Pour ce long "Mantra" une oeuvre de Stockhausen, introduisant l'électronique dans la partition.
Transformation du son en temps réel, jeu sur les oscillateurs, modulateurs en anneaux, récepteurs à ondes courtes...
Cette oeuvre fit date et fascine encore les interprètes.
Deux pianistes, face à face: confrontation, duel, duo?
C'est tout ceci que donnent à voir et à entendre les deux virtuoses, à la tache, à l'ouvrage pour cette performance qui va tenir en haleine le public plus d'une heure durant.
Musique intuitive, constellée d'étoiles selon le compositeur qui ourle à partir d'une seule forme musicale, des variations en combinaisons multiples: le "roi de la combine"? Certes avec toutes les articulations qui se révèlent dans ce monde de galaxies sonores: le cosmos, le ciel comme une voie lactée, chant du "cygne", bouclier d'Orion, présente de Sirius....
De la poudre ou poussière d'étoiles, en notes répétées, reprises, ajourées de silences De très légères percussions intrusives nées sur le bord du piano, étincellent, ponctuent ou dérangent le piano, pour chacun des interprètes. Notes insistances sur touches, frappées, oscillement du son qui vient se perdre et mourir, qui s'éteint puis se "rallume", en déversements, déferlement subitement
Entre les pianistes, un dialogue en question réponse, en écho ou à l'unisson.Le son en cascades, en descentes et remontées évoquent vagues et marées, flux et reflux
Le son se transforme, devient métallique, profond, amplifié ou métamorphoser par les interventions en direct de l'informatique, manipulée par les interprètes, orchestrée par l'ingénieux Serge Lemouton.
Les pianos muent en synthétiseurs, grondent, ronflent et vibrent au plus profond de leurs entrailles. Sons de cloches, tintements, tintinnabulements des petites percussions additionnelles pour éclairer le tout.Les entrelacs de sons, s’emboîtent, se répondent, comme dans un ciel ouvert, livrer orages et tempêtes; des secousses tectoniques, en écho ou ricochet, se perdent, s'évaporent.
Combat rituel entre les deux pianistes qui se font face : qui l'emportera, qui aura le dernier mot, la note finale dans ce foisonnement de percussions très aiguës, de jeu pianistique virtuose et performatif? Ce jeu parfois tendre ou tendu génère suspens autant que fantaisie et émotion, ce qui émeut, ébranle et met en mouvement, l'âme et la sensibilité du spectateur auditeur.
Course poursuite de l'un à l'autre: on se suit, on se double, se dépasse, piétine, marche chacun à sa hauteur, face à face, main dans la main: à quatre mains, deux corps qui se dressent parfois, debout, émettant quelques son ou onomatopées: rituel, duel, d'un jeu très visuel des pianistes, habités par cet univers, cette ambiance mystérieuse; comme des clochettes au loin en multiples variations ludiques, un paysage se dessine, pastoral, bucolique, naturel Ou bien serait-on plongé dans un autre rituel spirituel, élévation eucharistique, sacrée de la communion?
En final, une éruption, vive, alerte, en ap,née, des cliquetis de percussions en ascension, crescendo délivrant cette catharsis que l'on vient de vivre graca au charisme des deux maîtres queux du piano, chef émérite d'une cuisine savante et virtuose, moléculaire et déstructurée pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles: "regardez la musique: un adage une fois de plus très juste et pertinent pour le vécu de cette oeuvre fleuve du grand Stockhausen!
Une cuisine basse température, concertée, construite et architecturée comme la toque d'un maître cuisinier: colonne dorsale d'un corps de métier: pianiste c'est aussi être aux fourneaux, faire tenir un édifice musical sans qu'un souffle ne vienne le faire s'éffondrer.


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