lundi 26 septembre 2016

Musica dominical: musique et Chambre et "Mririda": de la "petite forme" à la "grande forme": que de talents!


A l'auditorium de France 3 Alsace, par une belle matinée automnale, le "brunch":"Aimard/ Simpson/Amestit, un trio flamboyant, virtuose pour interpréter un chois judicieux d’œuvres croisées de Schumann, Kurtag et Marco Stroppa.
En prologue, le pianiste expose les fondements de cette belle union: les complicités, influences et affinités de ces trois compositeurs à travers le siècle.
Alors, c'est un programme qui s’enchaîne, sans "coupure" pour mieux faire comprendre les liens musicaux qui président à cette présentation.
On sent la passion qui anime l'interprète: partager aussi la connaissance de la musique, en jetant des ponts et passerelles pour une fois de plus pointer qu'on ne vient pas de nulle part.
En avant donc pour un concert fleuve où l'on glisse d'une oeuvre à l'autre: elles semblent s’emboîter en gigogne, tellement leur proximité musicale se révèle limpide, naturelle, évidente, ainsi présentée.
La mise en espace dans le cyclo blanc souligne la sobriété, l'intimité de ce programme de musique de chambre à trois: violoniste, pianiste et clarinette.
Parfois isolé, parfois se penchant sur le piano, ou trio dispersé dans l'espace: ils habitent leur musique et cet écrin net et simple où se distille dans un calme serein, les œuvres des auteurs choisis.
Gyorgy Kurtage avec son "Hommage à R.Sch. opus 15 d" de 1990 et deux autres pièces se taille la part belle, auprès de Schumann avec "Bunte Blatter" 1841 et "Marchernerzahlungen" 1853
Des clins d'oeils se tissent entre les œuvres et "Hommage à Gy. K." de Stroppa serait le lien, ce qui fait prendre l'osmose et la symbiose de cette musique romantique dans le fond, contemporaine dans la forme ou les intentions
Un beau maillage où l'on se laisse conduire, de l'une à l'autre en navigation libre, emporté par la finesse, la richesse et la préciosité du programme
Une initiative "éducative" sans didactisme en toute intelligence: "interligerer": relier, avancer, comprendre pour rebondir et découvrir les origines des sons d'aujourd'hui.

"Mririda": un opéra contemporain, en construction
Soulignons ici, la "jeunesse" de l'oeuvre ce jour interprétée par  l'Ensemble orchestral du Conservatoire et de l'Académie supérieure de musique de Strasbourg/HEAR, les artistes de l'Opéra Studio de l'Opéra national du Rhin et les élèves comédiens du cycle à orientation professionnelle du Conservatoire de Strasbourg
La valeur n'attend pas le nombre des années, une fois de plus ceci se confirme!
Un opéra contemporain de Ahmed Essyad sur un livret de Claudine Galéa, mise en scène et décor de Olivier Achardet sous les directions de chaque chef d'ensemble
Du beau monde pour cet opus inédit qui met en scène des hommes et des femmes en prise avec la guerre en Haut Atlas
Évocation sonore d'un ailleurs, exotisme perméable aux sonorités de la musique du Magreb, servie par de jeunes chanteurs très convaincants
On remarque d'emblée Francesca Sorteni et Colline Dutilleul, l'une en Mririda, héroïne saisissante d'une histoire tragique et l'autre en vieille femme aguerrie aux malheurs du monde
La guerre, bien campée dans un décor vidéo signé Julien Laurenceau: images de ruines, arbre déchiqueté, pandrillons blancs pour dissimuler ou révéler l'action.
On suit avec intérêt l'intrigue à rebondissement, les convictions de Mririda, femme légendaire, engagée, investie d'un message de paix dans ce contexte de guerre idiote et stupide
Les conflits d’ethnie, de race et d'origine sont fortement évoqués et la musique souligne, guerre, accalmie et inquiétude avec brio et justesse
Servie, par les chœurs de l'Opéra du Rhin, cette oeuvre prendra de l'ampleur et toute sa dimension à force de rodage et la générosité de l'engagement de tous en fond un modèle "participatif" d'union de compétences et talents, un rassemblement de jeunes pousses et valeurs sures qui peut atteindre de jolis sommets: ceux du Haut Atlas pour sur, terre refuge, ou terre de rébellion.



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