Si les liens entre musique dite « contemporaine » et musique électronique remontent aux travaux de pionniers comme Karlheinz Stockhausen et Pierre Henry, pour ne nommer que les plus réputés, la génération actuelle des musiciens et compositeurs contemporains a parfaitement assimilé les langages de la techno, de l’electronica ou du rock « bruitiste ».
Pour son premier rendez-vous de 2019, l’ensemble contemporain strasbourgeois L’Imaginaire pose câbles, synthés et tables de mixage en l’insolite Galerie Aedaen, avec un concert qui mêle les instruments « classiques » et les aventureuses potentialités de l’électronique. A côté de la flûte et du saxophone, des claviers électriques, des vents amplifiés et des sons électroniques jouent sur nos sens, bousculant la perception du temps, du son, de l’espace, bref, de l’expérience même du concert !
Davíð Brynjar Franzson et Eric Maestri, présents au concert , échangent avec Raphaël Charpentié (de la Galerie Aedaen) en ouverture..
Programme :
Eric Maestri - Trans, pour saxophone ténor et électronique (2019) 15' Création mondiale
L’Imaginaire retrouve Eric Maestri, directeur artistique de l’ensemble pendant huit ans, avec « Trans », en première mondiale, dont le nom renvoie à la transformation, à la transition des sons, autant que vers une possible « transe », car c’est bien à un dépassement des limites que nous invite le compositeur.
Trans-former, mélanger les sons en un bel amalgame voici la quintessence de la pièce que nous propose l'auteur-compositeur en ouverture de concert.
La rémanence du son lancinant, les vibrations du saxophone, les dissonances entre scie et souffle, étonnent, dénotent.Le son s'engouffre dans la salle très béton, architecture délabrée, défaite, dans son jus de réhabilitation sommaire. Sons d'éboulement, d'avalanche en cascade en fond, électroacoustique. L'amplification gagne du terrain pour céder le passage à un tumulte envahissant, sourd comme un décollage d'avion, du tarmac, de la piste d'aéroport: vrombissement des hélices qui tournent à plein gaz! Dans les airs perturbés par le passage d'un bolide, la lassitude s'installe, calme après l'embarquement fulgurant. Une voix off chuchote rassurante dans la plénitude du son qui s'étire, plan, équilibré, uniforme.
Le son de la bande enregistrée, moteur dynamique contre l'énergie organique de la flûte et du saxophone!Comme un hélicoptère chez Stockhausen!Les deux couches de sonorités se rejoignent plus harmonieuses dans un lent arrêt de moteur, en vol libre....Détachez vos ceintures, vous êtes arrivés à destination, à l’atterrissage!
Davíð Bryjnar Franzson - utterance #2.1, pour saxophone alto, flûte, synthétiseur et électronique (2019) 20'
Première mondiale aussi pour cette pièce du compositeur islandais basé à New York, une pièce qui évolue entre répétition et mutation d’un événement sonore dans un processus hypnotique.Explorateur d'un seul son amplifié, à deux sur une même note, sur la ligne de départ, très ténue, sur le fil tendu du déséquilibre constant. Comme des somnambules, on se laisse conduire, soutenu, maintenu en continu par les souffles des instruments et des corps conducteurs, interprètes de cet opus infime, toujours à la lisière du risque. Comme de l'eau qui bouge à la surface, on flotte dans cette vaporeuse ambiance, aérienne, en suspension, en apesanteur constante. D'infimes variations, très délicates à l'oreille magnifient ces effets électroacoustiques. Entre deux eaux, à moitié immergée, amphibie, la musique s'égrène, chant d'animaux étranges de fond sous-marins.. Tranquille, qui surnage ou flotte de temps à autre. Conduite par un joueur de console Les sons se meurent et disparaissent au loin, doucement, fuyant dans l'espace en perspective. On est hypnotisé, ravis, capturé, et au final extrêmement bien mené par cette ode à la sérénité.
Antoine Chessex - Miasma, pour saxophone soprano, flûte et électronique (2016) 15'
Compositeur et saxophoniste basé à Berlin et proche de la scène expérimentale, Antoine Chessex affectionne également les installations sonores. Son œuvre « Miasma », écrite en 2016, évoque les ambiances magnétiques des musiques « drones », dévoilant une matière sonore qui emplit « physiquement » l’auditeur.
Quasi dans le noir, l'atmosphère très cosmique de la pièce s'impose, science fiction en décor; des détonations atomiques ébranlent l'espace et leur réverbération tétanise. Fréquences et vibrations émeuvent créant un univers, une ambiance enveloppante. Salves et éclats, jaillissement d'éruption, sirènes langoureuses se dessinent et s'étirent, engourdies. Puis s'élèvent et hurlent leurs cris stridents. C'est la guerre , le cataclysme, étoilé de sons aigus. Vésuve, Etna en ébullition, coulée de lave. Sirènes portuaires, éparpillement des sonorités, éruption pour toile de fond
Un concert détonant, plein de finesse et de sons électroacoustiques bordant les interprètes, brillants, concentrés et intimement habités par les variations multiples de ce répertoire à découvrir absolument pour l'investigation de nouveaux territoires d'écriture de la musique d'aujourd'hui!
A Aedaen Galerie le 9 MARS
Eric Maestri - Trans, pour saxophone ténor et électronique (2019) 15' Création mondiale
L’Imaginaire retrouve Eric Maestri, directeur artistique de l’ensemble pendant huit ans, avec « Trans », en première mondiale, dont le nom renvoie à la transformation, à la transition des sons, autant que vers une possible « transe », car c’est bien à un dépassement des limites que nous invite le compositeur.
Trans-former, mélanger les sons en un bel amalgame voici la quintessence de la pièce que nous propose l'auteur-compositeur en ouverture de concert.
La rémanence du son lancinant, les vibrations du saxophone, les dissonances entre scie et souffle, étonnent, dénotent.Le son s'engouffre dans la salle très béton, architecture délabrée, défaite, dans son jus de réhabilitation sommaire. Sons d'éboulement, d'avalanche en cascade en fond, électroacoustique. L'amplification gagne du terrain pour céder le passage à un tumulte envahissant, sourd comme un décollage d'avion, du tarmac, de la piste d'aéroport: vrombissement des hélices qui tournent à plein gaz! Dans les airs perturbés par le passage d'un bolide, la lassitude s'installe, calme après l'embarquement fulgurant. Une voix off chuchote rassurante dans la plénitude du son qui s'étire, plan, équilibré, uniforme.
Le son de la bande enregistrée, moteur dynamique contre l'énergie organique de la flûte et du saxophone!Comme un hélicoptère chez Stockhausen!Les deux couches de sonorités se rejoignent plus harmonieuses dans un lent arrêt de moteur, en vol libre....Détachez vos ceintures, vous êtes arrivés à destination, à l’atterrissage!
Davíð Bryjnar Franzson - utterance #2.1, pour saxophone alto, flûte, synthétiseur et électronique (2019) 20'
Première mondiale aussi pour cette pièce du compositeur islandais basé à New York, une pièce qui évolue entre répétition et mutation d’un événement sonore dans un processus hypnotique.Explorateur d'un seul son amplifié, à deux sur une même note, sur la ligne de départ, très ténue, sur le fil tendu du déséquilibre constant. Comme des somnambules, on se laisse conduire, soutenu, maintenu en continu par les souffles des instruments et des corps conducteurs, interprètes de cet opus infime, toujours à la lisière du risque. Comme de l'eau qui bouge à la surface, on flotte dans cette vaporeuse ambiance, aérienne, en suspension, en apesanteur constante. D'infimes variations, très délicates à l'oreille magnifient ces effets électroacoustiques. Entre deux eaux, à moitié immergée, amphibie, la musique s'égrène, chant d'animaux étranges de fond sous-marins.. Tranquille, qui surnage ou flotte de temps à autre. Conduite par un joueur de console Les sons se meurent et disparaissent au loin, doucement, fuyant dans l'espace en perspective. On est hypnotisé, ravis, capturé, et au final extrêmement bien mené par cette ode à la sérénité.
Antoine Chessex - Miasma, pour saxophone soprano, flûte et électronique (2016) 15'
Compositeur et saxophoniste basé à Berlin et proche de la scène expérimentale, Antoine Chessex affectionne également les installations sonores. Son œuvre « Miasma », écrite en 2016, évoque les ambiances magnétiques des musiques « drones », dévoilant une matière sonore qui emplit « physiquement » l’auditeur.
Quasi dans le noir, l'atmosphère très cosmique de la pièce s'impose, science fiction en décor; des détonations atomiques ébranlent l'espace et leur réverbération tétanise. Fréquences et vibrations émeuvent créant un univers, une ambiance enveloppante. Salves et éclats, jaillissement d'éruption, sirènes langoureuses se dessinent et s'étirent, engourdies. Puis s'élèvent et hurlent leurs cris stridents. C'est la guerre , le cataclysme, étoilé de sons aigus. Vésuve, Etna en ébullition, coulée de lave. Sirènes portuaires, éparpillement des sonorités, éruption pour toile de fond
Un concert détonant, plein de finesse et de sons électroacoustiques bordant les interprètes, brillants, concentrés et intimement habités par les variations multiples de ce répertoire à découvrir absolument pour l'investigation de nouveaux territoires d'écriture de la musique d'aujourd'hui!
A Aedaen Galerie le 9 MARS
Keiko Murakami, flûte
Philippe Koerper, saxophone soprano, ténor et alto
Gilles Grimaître, synthétiseurs
Eliyah Reichen, ingénieur du son
Philippe Koerper, saxophone soprano, ténor et alto
Gilles Grimaître, synthétiseurs
Eliyah Reichen, ingénieur du son
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