dimanche 31 mars 2019

Musiques Eclatées : ça fuse de partout ! Nomade et vagabonde musique dans la cité. Un intrépide pèlerinage haut en couleurs


Musiques Éclatées 2019


- Concert 1
11h - STÉPHANE CLOR - Contrebasse
au Graffalgar

A cordes tendues

Stéphane Clor investit l'hôtel Graffalgar avec sa contrebasse et des haut-parleurs pour sa création "PERTURBATION LOCOMOTIVE", une matière en mouvement continu, dont l’inertie fait apparaître des erreurs qui vont peu à peu la faire dévier de sa trajectoire initiale.
La machine lancée, elle se met en rotation et accélère, les vibrations se heurtent en créant des interférences et des battements. La musique ralentit le temps à mesure qu’elle élargie l’espace.

Un beau réveil musical pour débuter en beauté cette journée "Musiques Eclatées" du 30 mars 2019 !
En route pour le marathon , ces musiques nomades, vagabondage matinal, à potron minet dans cette chambre d'hotel.Le décor, des cordes murales, tendues et tissées vont à point nommé pour cette première prestation:Intimité du lieu pour ce solo lancinant va et vient de l'archet sur les cordes de la contrebasse qui vibre, si proche du public. Éternel retour au point de départ,, répétition entêtante, envoûtante, paliers, plateau organisme de la tension qui monte. Transe, danse de l'éternel retour, en routine Y-aura-t-il en apogée, une délivrance à ce galop , train d'enfer, performance hallucinante pour cette "machine" infernale lancée sur des rails. Locomotive affolée, bête humaine qui accélère le rythme à l'envi, décélère lentement, imperturbable dans son système répétitif. On lutte contre le vent, les forces extérieures, les marées de ce flux er reflux: ça se meurt doucement dans un apaisement salvateur.

En route pour la suite des événements, sur le chemin d'autres contrées, d'autres espaces musicaux: encore 9 stations pour ce bivouac, "chemin de croix" ludique et prometteur.


Musiques Éclatées 2019 - Concert 2
12h - Roots 4 Clarinets
Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg

Culte matinal
Sous la grande nef, c'est l'heure de l'Angelus, la messe continue.Le quatuor nous attend, les clarinettes au pied de la sculpture contemporaine, petit buffet d'exposition des instruments....

Programme :
On démarre avec la pièce de Elvis Joan Suarez - Circulo Scriabin Modulor, (création)
Lente mélodie puissante et vibrante qui résonne sous la nef, le public autour rassemblé, nombreux, attentif.
Place à Clément Darlu pour- Chrones, (création)
Du souffle, du vent, des particules de son, un cor de basset pour cette futile, changeante et versatile bourrasque musicale. Foehn, mistral gagnant ou tramontane, au gré des vents en touches, pulsations et bribes de sonorités chatoyantes. Vol au vent aérien qui s'agite, animé, vivant, brise ou tempête, courants d'air: l'univers est riche de flux en cascades, de remous et tourbillons.

Au tour de Bruno Mantovani - avec Face à Face pour succéder
Très impressionniste, colorée, vif argent, la pièce scintille en fulgurances, violentes, vibrantes, vivantes.Accents et ponctuations virevoltent, cache-cache subtil en question réponse.Le débat-conversation entre les instruments se nourrit d'arguments, de paradoxes, à l'unisson parfois.Ou en ascensions dans les aigus stridents qui râpent les oreilles. Entente, connivence, écoute entre les quatre musiciens au diapason; dans des contradictions ou réconciliations dignes des états généraux de la clarinette!

Et au final,de Karol Beffa - Feux d'artifices
Ca fuse de partout, étincelante musique portée par les interprètes galvanisés par ce jeu de salves, de jets d'eau alternés, en rang serré et de différentes tailles! Amiance mystérieuse aussi, étrange suspens très dansant, ragtime à la Stravinsky, tango évoqué en citations. Mais ce serait Ligeti que l'on célèbre ici, en contrastes, sautillements entraînants, contagieux façon danse à la A.T. De Keersmaeker....Projections, jaillissements des notes, irruptions de scories de timbres: hérissée, pointue, piquante, la musique décolle, se déplace en sauts au firmament de la nef.

Avec Justin Frieh - Clarinette
Daisy Dugardin - Clarinette
Elodie Lefebvre - Clarinette
José Xavier Muñoz - Clarinette

Roots4Clarinets est un quatuor de clarinettes formé en 2015 par quatre étudiants de l’Académie Supérieure de Musique de Strasbourg, guidés par l’envie de partager une aventure humaine et musicale. Depuis sa création, le quatuor explore un large horizon musical, mêlant des oeuvres originales pour cette formation et des arrangements. Riche de ses origines (Espagne, Vénézuela, France), Roots4Clarinets souhaite promouvoir auprès du public des musiques issues de différentes cultures. Le groupe s’engage également dans une démarche forte d’interprétation des musiques d’aujourd’hui. Soucieux de partage et de transmission, ils créent en 2017 un Festival de clarinette et de musique de chambre en Espagne, qui s’inscrit dans une démarche à la fois pédagogique et artistique, autour de la musique et de la clarinette, des musiciens passionnés.



Musiques Éclatées 2019 - Concert 3
13h - Lovemusic + Christophe Imbs "Elektrisch"
LE BATEAU SANS MAITRE (création mondiale)

Ponton Embarcadère du Mamcs - Batorama
Emiliano Gavito - Flûtes
Adam Starkie - Clarinettes
Christophe Imbs - Fender Rhodes, effets

Panne d'eau faute de places!

Une création musicale spécialement réalisée par Christophe Imbs et Lovemusic pour ce concert très spécial de Musiques Éclatées sur un bateau avec la complicité de Batorama !
"Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs”
Arthur Rimbaud
L’hyperactif collectif lovemusic et le pianiste Christophe Imbs (électrisé pour l’occasion), artistes de chemins différents, se rencontrent dans une recherche sonore commune pour la première fois. Sur le son d’un Fender Rhodes, poussé dans ses derniers retranchements, se construisent de longues lignes mélodiques hypnotiques de flûtes et clarinettes.

Des influences électro/jazz rencontrent le jeu acoustique des deux musiciens fondateurs de lovemusic, toujours enthousiastes de découvrir les possibilités interprétatives de leurs instruments, et d’explorer des nouvelles rencontres créatives en poussant les frontières entre les genres musicaux.
Une navigation inédite dans un lieu improbable...
Création d’une nouvelle composition de Christophe Imbs spécialement écrite pour Musiques Éclatées !! A ne pas manquer !
.....Effets de manches: il n'y avait plus de place sur le bateau: on revient bredouille et déçu...





Musiques Éclatées 2019 - Concert 4
14h - HANATSU miroir
ECHOPLASME
Crypte de la Cathédrale Notre Dame de Strasbourg

Okai en piste !
Un Horspiel poétique annonce ErikM en personne!
"Entre paysages sonores hypnotisants et dispositifs instrumentaux envoûtants, la rencontre du duo HANATSU miroir et du compositeur ErikM parcourt la mythologie japonaise des Yokai (fantômes, monstres, ensorcelés). Il s’agit ici de flûte contrebasse amplifiée, d’objets de son et de lutherie électromagnétique parfois lumineuse, d’interférences de courants et d’ondes, le tout manipulé et retraité par le dispositif électronique « Idiosyncrasie » d’ErikM.

Place aux "Okai" ces petits personnages japonais menaçants, famille mythologique peuplant l'univers fantasmagorique japonais....Le corps singulier de la flûte basse faisant texte et sons, habité par ces esprits spectraux malins: une pièce de chambre à décrypter à l'ombre des arceaux et de la coupole de la crypte.Images animées, projetées sur la voûte pour créer une agitation maléfique et fictionnelle: des espaces vides s'y tracent: bureaux, couloirs exigus pour balade de fantômes de bibliothèques..Les froissements, crissements de la bande magnétique ou des sons en temps réel, des grincements, univers fantastiques se dessinent dans l'espace sonore. Symphonie pour portes et soupirs, vacarme, capharnaüm organisé, bouleversement de plaques tectoniques: on y est secoué, malmené, dérangé, intranquille comme ces spectres errants, se cognant à la matière sonore et minérale de l'environnement lapidaire.Des visages en fresque au plafond , comme des ex voto, parmi les plaintes et lamentations des esprits frappeurs., Ectoplasmes égarés, chant de sirènes perdues, comme submergées par des avalanches de sons qui ensevelissent les images. S'en dégager, fuguer, prendre la fuite, s'échapper à tire d'ailes de ce magma musical.... On est menacé par les salves des sons, les échos de la réverbération: texture, matière, étoffe et fibres pour tisser une toile tendue: combat singulier, lutte avec l'électroacoustique: la guerre est déclarée, le marteau piqueur sans maitre opère et frappe là où ça fait mal!
Tonnerre et foudre au final dans ce refuge, crypte cachée où tremblent les chapiteaux, comme dans une bonne cave à vin qui mijote des cuvées uniques, ce concert fera date dans l'histoire de la cathédrale, ébranlée sur ses fondations de bois flottants, poutres de fondation secrètes!
Déchirements, amoncellements, craquements de braise, cris d'oiseaux: tout est passé au crible et chacun des trois interprètes se bat, se défend face à ce déferlement. Les esprits se rient, se moquent et entraînent dans leur sillage chacun de nous. Assis sur son siège de prière!
Dans les bois, aussi, sur la voûte imagée, on frémit et tremble de peur...Peur des ancêtres, des ectoplasmes des spectres! Sonne l'heure des vampires dans une friche abandonnée: les oiseaux Hitchcock veillent au grain..Et nous poursuivent!
Belle prestation de ce trio unique, uni dans la grâce ou l'horreur du partage d'univers incertains, étrangers...

Olivier Maurel - Percussions
Ayako Okubo - Flûtes
ErikM - Electronique live et composition



Musiques Éclatées 2019 - Concert 5
15h - Voix de Stras' - Catherine Bolzinger
LES QUATRE SAISONS... SE DÉCHAÎNENT
(par Arturo Gervasoni d'après l'œuvre d'Antonio Vivaldi - Avant-Première)

Au bonheur des dames

En route à présent pour les "grands magasins"MagMod", au "Bonheur des Dames" pour un "Bon Marché" sonore: c'est le"Printemps" aux Galeries Farfouillettes, nouvelles galeries pour voix de Strass sans paillettes! Dans l'escalier monumental des Galeries Lafayette, un quintet nous attend: cinq notes de musique, noires, sur la portée des marches d'escalier: ça va fuser!
"Un été indien en octobre, des fleurs aux arbres en février et des températures caniculaires pendant le mois d'août : il n'y a plus de saison ma brave dame ! Qu'en aurait pensé ce cher Antonio Vivaldi pour qui les saisons étaient réglées comme du papier à musique ? C'est la question que posent les Voix de Stras' à Arturo Gervasoni, compositeur de l'hémisphère sud, en lui confiant une transcription pour 6 voix de femmes du célèbre chef-d’oeuvre du compositeur vénitien…
Avec une grande générosité et une complicité communicative, les Voix de Stras’ interrogent les enjeux d'aujourd'hui en paroles et musiques. Leur intervention à Musique Éclatées vous offre en avant première de leur prochaine création : Les quatre saisons... se déchainent."

Dames de pic et de coeur, de choeur, voici nos cinq cantatrices affolées par les saisons: pizza quattro stagioni au menu de cette revisitation originale d'un canon de la musique rabâchée!
Textes et chant à cappella, entre les rangées de petits slips des "Galeries marchandes", c'est à croquer et tout l'humour, la distance des citations de cette oeuvre dirigée par la cheffe de choeur résonnent sous les sunlight. Purcell, Clément Janequin surgissent en écho à cette version désopilante: chuchotements, cris de Strasbourg, pépillements, cancanements d'oiseaux qui picorent et bien d'autres images surgissent de cet univers sonore très dense On passe d'une saison à l'autre dans ce "défilé" de collection particulière: printemps/été, Automne/ Hiver !!! Les habits de saison en prêt à porter sur les cintres du magasin: car le cadre n'est pas innocent et le public, étonné et séduit, se laisse conduire au gré des saisons, par cette oeuvre parée de ses plus beaux atours! Avec irrévérence, talent et virtuosité dans l'exécution de la partition vertigineuse, les chanteuses se déchaînent et proposent une version musicolo-écolo  très d'actualité sur les dangers de la mondialisation de la planète: le circuit court, court-circuite la musique vocale pour un voyage de proximité où cinq fruits et légumes par jour suffisent à nourrir nos cantatrices inspirées! On trouve tout à la Samaritaine!

Catherine Bolzinger - Direction
Belinda Kunz - Chant
Rebecca Lohnes - Chant
Claire Trouilloud - Chant
Barbara Orellana - Chant
Magdalena Lukovic - Chant




Musiques Éclatées 2019 - Concert 7
17h - ACCROCHE NOTE - GEORGES APERGHIS, LE SON EN MOUVEMENT
Salon de l'Hôtel de ville de Strasbourg

Aperghis en majesté !

Sous les lustres et pampilles, derrière les rideaux rouges des salons de l'Hotel de Ville, voici du 100 °/° Aperghis au menu!

Programme / Georges Aperghis :

- Monomanies (I, II, III, IV) pour soprano

Elle démarre le concert, toujours habillée original, sorte de costume seyant d'écolière stylée...
Par coeur et sans pupitre, la voici qui attaque, prend, empoigne la pièce de tout son corps, tendu par la performance vocale: éclats de voix, précise, nette, lapidaire et laconique, damoiselle précieuse, elle raconte une histoire: elle brûle, enflammée en parler-chanter, en déclamations, monotone, monomaniaque! C'est impressionnant et cette mise en bouche apéritive augure du meilleur entremet, plat et dessert pour la suite du festin de Georges.

Suivent, -" Deux couplets pour voix, clarinette-contrebasse", une oeuvre de 1988 dédiée à l'Ensemble par le maitre. L'instrument à vent convoqué, tel "une tuyauterie de chauffage central recyclée" dixit Armand Angster en personne.
Ils se doublent, se confondent, en sanction irrégulière. Timbres curieux et rares de la clarinette basse ,hauteurs différentes, hachées en ascension marche par marche, degré par degré. Puis ils alternent la donne en tons cuivrés, feutrés, ouatés, en contraste avec la voix vibrante.
Comme un oiseau sur sa branche, elle cause, pépie; de belles basses comme parterre, des empilements et accumulations comme spécialités du chef Aperghis aux cuisines.

- "Simulacre 4 pour clarinette basse " enchaine
Sirènes de bateau qui ne veut pas quitter le port, voix qui surgissent, sourdent de l'instrument: des personnages apparaissent, musicaux , en chair et en sons. Théâtre du son, de la diversité musicale, conférence de notes , de timbres et de hauteurs pour un petit peuple réuni en un seul corps. Celui de la clarinette basse d'Armand Angster, maitre en la matière. Un intrus parfois, son étrange, qui s'intègre sans altérer le reste.Une palette de couleurs sonore, riche pour un tableau vivant, vibrant.

- "Corps à corps théâtre musical pour percussionniste et son zarb"

Surprise: une musicienne grimpe sur une table, puis, perchée commence un rituel païen, danse des mots, des onomatopées Corps-accords, corps-raccords, corps à corps avec son zarb!
Une ambiance "polard" surgit à travers ses mots, au fil du texte qui se précise dans une syntaxe dissimulée, découpée, inventoriée. A la façon du théâtre musical du compositeur prolixe en récitation et autre déclamation désopilante. Au galop, en cavalcades sidérantes, en précipitations vertigineuses, l'instrumentiste-comédienne se joue de toutes les embûches et sublime les obstacles. Virtuose, avec force et violence, détermination, habitée par les tempis et le rythme infernal, Camille Emaille défie les possibilités du genre.Avec brio, inquiétude et questionnement aux personnages des tapisseries environnantes qui doivent se poser bien des questions! Comme un chevauchement animal débridé, maintenu au harnais de main de cavalière chevronnée, l'oeuvre prend tout son sens musical, son exotisme, sa singularité.
Rustre et jouissive comme une chevauchée sauvage course poursuite dans des contrées à conquérir.


- "Simulacre 1 pour voix, clarinette et percussion"

Suite et fin du festin avec un quatuor, des guerriers de la beauté puisque la danse s'y ajoute, comme pour un trèfle à quatre feuilles. Danse en tissu de corps nacré, bruissant qui frôle les spectateurs: Léna Angster, visage lisse, danse, profilée, intrusive dans les failles et interstices de l'espace restreint. S’imisce dans la musique à quatre voix, se glisse, reptile gracieux: de beaux enroulés, des mains qui dessinent, extatique, elle se love, se cabre, danse tribale au poing: entravée, caresse l'espace: oiseau mécanique bondissant, les segments corporels à l'appui, elle dialogue avec ce fatras musical, où chacun pour soi, s'exprime! De belles poses et pauses silencieuses du corps pour calmer la cacophonie ambiante, le joyeux capharnaüm à la Aperghis. La danse met de l'ordre, du liant, en fugue et en envolées




Françoise Kubler - Soprano
Armand Angster - Clarinette
Camille Emaille - Percussions
Lena Angster - Danse

Ensemble de solistes formé autour de Françoise Kubler et d'Armand Angster, Accroche Note investit de manière multiple le répertoire des musiques d’aujourd’hui.

Musiques Eclatées le samedi 30 MARS dans la cité secrète strasbourgeoise, en diable !
Paul Clauvel, en capitaine avisé ou berger guidant son troupeau de fans ou d'intrépides pèlerins de la musique d'aujourd'hui!



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