Les plages du Prado n’avaient jamais vu ça : six danseurs et
trois tractopelles réunis le temps d’une chorégraphie de vingt minutes. Traction est l’œuvre d’une compagnie anglaise, Motionhouse, qui fait danser les machines.
Qu’est-ce qui est jaune, pèse huit tonnes et danse ? Un JCB digger de Motionhouse. Traduction : un JCB digger, du nom de son inventeur Joseph Cyril Bamford, plus connu en France sous les sobriquets féminins de tractopelle ou rétrocaveuse. Et Motionhouse est le nom de la compagnie de danse anglaise qui fait son débarquement ce mois-ci sur les plages du Prado avec un spectacle tiré de son répertoire « Machine Dance » et intitulé Traction. Six danseurs et trois tractopelles dans une célébration – à haute tension– des rapports entre l’homme et la machine. Qui est le maître, qui est l’esclave ? Créé par le directeur artistique de la compagnie, Kevin Finnan, Traction est un objet théâtral non identifié, défiant la gravité et les forces de la nature, délivrant une animalité mécanique et une émotion inédite. « Chaque fois que nous pensons à la façon dont notre corps va évoluer dans l’avenir, dit Kevin Finnan, nous pensons aux puces électroniques implantées dans le cerveau. Mais pour moi, la chose étonnante à propos du corps humain est sa capacité à s’inventer des excroissances, à s’incarner dans des objets animés et inanimés. Les grands joueurs de tennis se prolongent dans leur raquette, le pilote de Formule 1 ne fait plus qu’un avec sa voiture. C’est la même chose pour les conducteurs d’engins. Je voulais explorer ces rapports entre l’homme et la machine, tout en questionnant les limites du corps et de la danse. »
Si les six danseuses et danseurs du show font (très bien) leur boulot de danseurs, la performance semble presque plus extraordinaire de la part des opérateurs de tractopelle, dont la vraie vie se passe le reste du temps sur des chantiers. « Une machine garée dans un entrepôt n’a aucun intérêt, dit Kevin Finnan. Mais lorsqu’elle se met en mouvement comme une extension du corps de son conducteur, elle devient un esprit vivant capable d’émotions. » Il émane ainsi une tendresse inattendue de la part de ces monstres mécaniques, doués d’une déroutante capacité expressive. « Nos machines dansantes présentent un point de vue inédit sur ce qu’est l’être humain et posent des questions, poursuit Kevin Finnan. Sommes-nous nés avec une forme biologique déterminée ? Jusqu’à quel point sommes-nous capables de ramifier notre propre corps ? » Entre esthétique de chantier et univers « Transfomers », Traction a tout du spectacle urbain tendance. Cette fois-ci, il sera pourtant adapté au décor balnéaire qu’offrent les plages du Prado, avec quatre jours de répétition pour vingt minutes de spectacle. Comme le dit un spectateur anglais ravi : « Traction est peut-être la fusion la plus parfaite entre l’homme et la machine depuis les premières greffes de chair sur un exosquelette métallique ! »
Sans compter avec "les transports exceptionnels" de Philippe Priasso!
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