Quand la danse fait un "cartel" elle s'affiche et se fiche des convenances!
Pas besoin de sous titres ou de cartel pour faire un carton!
Un plateau revêtu de blanc, parsemé de projecteurs...Un studio, fabrique de danse...Dispositif cinématographique ou "radiographique" pour mieux sonder et passer au scanner la mémoire de la danse, en l’occurrence de deux danseurs de formation classique mais de génération différente: lui, l'ancien, le vétéran, Jean Guizerix, l'autre le jeune fougueux prêt à l'audition à tout prix, Romain Di Fanzio...
Mais c'est à Michel Schweizer d'ouvrir le bal en maitre de cérémonie, monsieur Loyal, modérateur d"un débat ou d'une fausse conférence (fausses confidences) sur l'art du spectacle: les regardeurs, les acteurs: il faut tisser du lien entre scène et salle, relever de la "compétence" pour accéder au processus de monstration.
"Épreuve par le corps des effets des corps sur les autres" : tout un programme qui agace quelque peu une plantureuse chanteuse, prête à acter plus qu'à converser!
"Des plaisirs augmentés" au menu donc pour cette fantaisiste lecture démonstration qui s'avère passionnante, haletante: suspens: que va-t-on y découvrir qui défraierait la chronique?On va s'apprivoiser, s'accorder pour se connaitre....Coatching? Très mode en tout cas!
On y parle d'énergie d'abord: comment le spectacle vivant peut-il contribuer à un monde durable, équitable? En produisant en direct son électricité par exemple!
Démonstration re-cyclable:on invite trois "pédaleurs" sur vélos du groupe strasbourgeois "bretz'selle" et le tour est joué: on économise et on met à l'épreuve de la "dépense" physique le corps sportif, face au corps artistique: mais que serait l'un sans l'autre ce soir là, sans "lumière" pour "réfléchir" à la question?
Comme un danseur classique sans miroir ni barre, à l'époque de la rencontre de Guizerix avec Cunningham!
Tous habillés de noir pour cette démonstration de vélo-cité verbale, corporelle, intellectuelle.
Ici on "interligere", on relie, on tisse et on métisse.
Sous couvert curieusement d'un sponsor, non dissimulé: la boisson cuisante "Burn", en canettes et sur les tee-shirts des vélocipédistes. Brûler sa vie, ses calories sa pensée? "Marquer" son énergie, la confronter à la société du spectacle, de la consommation?Tonique, la danse!
Michel Schweizer devient envahissant sur le plateau mais sera chassé par les deux interprètes invités à se raconter...par les gestes: leur premier souvenir chorégraphique, "L'Après midi d'un faune" de Nijinsky que Cyril Atanassof transmet à Guizerix. Bel ouvrage d'exposition du sens des gestes, de leur légitimité, de leur intelligence. Le "jeune" et "l'ancien" s'y prêtent en miroir et mimétisme et c'est fort beau de voir le chemin, le trajet d'un geste à travers deux corps différents.
"Mes mains sont mes pieds" confie Guizerix:pour interpréter et mémoriser on marque avec les mains, les mouvements des pieds: démarre ainsi une chorégraphie basée sur cette sensation là dans une esthétique incongrue: danse des pieds, comme sur des mains gantées...
La chanteuse se glisse dans l'histoire, double la musicalité des corps par sa voix, complice des espaces sonores à envahir, à inventer. Elle joue avec eux, les guide, les berce, les "materne" en "petite mère" de référence? Pas vraiment, car elle s'en défend fermement!
Elle compte, répète avec eux les sempiternels mouvements d'échauffement, à la barre, au centre!
Ici on perpétue, on prolonge le répertoire, on fabrique de la mémoire en direct qui échaperait malgré tout à l'Histoire!
Joli paradoxe pour la "conservation" du patrimoine dansé par ceux qui l'on vécu!
Etre entier tout le temps, "prendre tes couilles" et avancer sensuellement comme disait Nouréiev à Guizerix dans les pince-fesses du Foyer de l'Opéra de Paris. Un "cocon" pas toujours aussi cosy que cela pour un homme qui danse sa vie comme Jean Guizerix et a passé 28 ans intra muros!
En tout cas ici, tout le monde garde son identité revendiquée, pas celle du "genre", celle de la légitimité, pas de la notoriété ou du vedétariat!
Notre jeune faune le comprend-il, qui s'échine dans une démonstration virtuose à nous prouver que la performance serait vaine, épuisante et sans signification!Il hurle en anglais, vocifère sur les défauts du corps que le jury jauge durant les auditions, s'auto-critique à la Mao pour mieux se flageller.l Que jeunesse se passe pour trouver la sagesse, le calme et le repos d'un "grand" comme Guizerix qui s'efface devant ces vanités absurdes et ridicules.
Penser et comprendre sa danse, la partager...
Le "bird" Cunningham veille au grain au travers de la danse de Guizerix pour nous rappeler, "born to bee bird" et non "Burn" to bee a "dancer"
Chorégraphe ? Metteur en scène ? Résolument inclassable, Michel Schweizer intervient au croisement des arts de la scène, des arts plastiques et d'une certaine idée de “ l’entreprise” où la notion de profit est repensée à l’aune du désintéressement, invitant chacun à « cultiver la perte plutôt que l’avoir. » Cette perte, Michel Schweizer la cultive pour sa part à rebours de tout désir de contrôle, en restant attentif à organiser le plateau comme un espace de jeu ouvert au vivant. De façon caractéristique, il s’entoure ainsi d’invités appelés à témoigner de leur propre existence sur un mode documentaire : un boxeur professionnel, des maîtres chiens, un philosophe, un groupe d’adolescents… Autant d’individualités croisées dans ses créations qui émergent au final dans leur dimension existentielle, affranchies de leur appartenance de surface à un groupe social.
Cartel se concentre sur la figure d’un ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris, Jean Guizerix, qui témoigne par les mots et la danse du style classique et de la vie à l’opéra dans les années 70 mais aussi de sa rencontre déterminante avec le maître américain Merce Cunningham. Il est entouré par une chanteuse, une comédienne et un jeune danseur soliste, Romain Di Fazio qui écoute, se raconte et danse lui aussi. Dans l’intervalle entre ces interprètes d’âges et de parcours différents, émerge un faisceau de questions liées à la transmission, à la solitude et au groupe qui dessine un très bel hommage au devenir de la danse et de ceux qui la font.
Pas besoin de sous titres ou de cartel pour faire un carton!
Un plateau revêtu de blanc, parsemé de projecteurs...Un studio, fabrique de danse...Dispositif cinématographique ou "radiographique" pour mieux sonder et passer au scanner la mémoire de la danse, en l’occurrence de deux danseurs de formation classique mais de génération différente: lui, l'ancien, le vétéran, Jean Guizerix, l'autre le jeune fougueux prêt à l'audition à tout prix, Romain Di Fanzio...
Mais c'est à Michel Schweizer d'ouvrir le bal en maitre de cérémonie, monsieur Loyal, modérateur d"un débat ou d'une fausse conférence (fausses confidences) sur l'art du spectacle: les regardeurs, les acteurs: il faut tisser du lien entre scène et salle, relever de la "compétence" pour accéder au processus de monstration.
"Épreuve par le corps des effets des corps sur les autres" : tout un programme qui agace quelque peu une plantureuse chanteuse, prête à acter plus qu'à converser!
"Des plaisirs augmentés" au menu donc pour cette fantaisiste lecture démonstration qui s'avère passionnante, haletante: suspens: que va-t-on y découvrir qui défraierait la chronique?On va s'apprivoiser, s'accorder pour se connaitre....Coatching? Très mode en tout cas!
On y parle d'énergie d'abord: comment le spectacle vivant peut-il contribuer à un monde durable, équitable? En produisant en direct son électricité par exemple!
Démonstration re-cyclable:on invite trois "pédaleurs" sur vélos du groupe strasbourgeois "bretz'selle" et le tour est joué: on économise et on met à l'épreuve de la "dépense" physique le corps sportif, face au corps artistique: mais que serait l'un sans l'autre ce soir là, sans "lumière" pour "réfléchir" à la question?
Comme un danseur classique sans miroir ni barre, à l'époque de la rencontre de Guizerix avec Cunningham!
Tous habillés de noir pour cette démonstration de vélo-cité verbale, corporelle, intellectuelle.
Ici on "interligere", on relie, on tisse et on métisse.
Sous couvert curieusement d'un sponsor, non dissimulé: la boisson cuisante "Burn", en canettes et sur les tee-shirts des vélocipédistes. Brûler sa vie, ses calories sa pensée? "Marquer" son énergie, la confronter à la société du spectacle, de la consommation?Tonique, la danse!
Michel Schweizer devient envahissant sur le plateau mais sera chassé par les deux interprètes invités à se raconter...par les gestes: leur premier souvenir chorégraphique, "L'Après midi d'un faune" de Nijinsky que Cyril Atanassof transmet à Guizerix. Bel ouvrage d'exposition du sens des gestes, de leur légitimité, de leur intelligence. Le "jeune" et "l'ancien" s'y prêtent en miroir et mimétisme et c'est fort beau de voir le chemin, le trajet d'un geste à travers deux corps différents.
"Mes mains sont mes pieds" confie Guizerix:pour interpréter et mémoriser on marque avec les mains, les mouvements des pieds: démarre ainsi une chorégraphie basée sur cette sensation là dans une esthétique incongrue: danse des pieds, comme sur des mains gantées...
La chanteuse se glisse dans l'histoire, double la musicalité des corps par sa voix, complice des espaces sonores à envahir, à inventer. Elle joue avec eux, les guide, les berce, les "materne" en "petite mère" de référence? Pas vraiment, car elle s'en défend fermement!
Elle compte, répète avec eux les sempiternels mouvements d'échauffement, à la barre, au centre!
Ici on perpétue, on prolonge le répertoire, on fabrique de la mémoire en direct qui échaperait malgré tout à l'Histoire!
Joli paradoxe pour la "conservation" du patrimoine dansé par ceux qui l'on vécu!
Etre entier tout le temps, "prendre tes couilles" et avancer sensuellement comme disait Nouréiev à Guizerix dans les pince-fesses du Foyer de l'Opéra de Paris. Un "cocon" pas toujours aussi cosy que cela pour un homme qui danse sa vie comme Jean Guizerix et a passé 28 ans intra muros!
En tout cas ici, tout le monde garde son identité revendiquée, pas celle du "genre", celle de la légitimité, pas de la notoriété ou du vedétariat!
Notre jeune faune le comprend-il, qui s'échine dans une démonstration virtuose à nous prouver que la performance serait vaine, épuisante et sans signification!Il hurle en anglais, vocifère sur les défauts du corps que le jury jauge durant les auditions, s'auto-critique à la Mao pour mieux se flageller.l Que jeunesse se passe pour trouver la sagesse, le calme et le repos d'un "grand" comme Guizerix qui s'efface devant ces vanités absurdes et ridicules.
Penser et comprendre sa danse, la partager...
Le "bird" Cunningham veille au grain au travers de la danse de Guizerix pour nous rappeler, "born to bee bird" et non "Burn" to bee a "dancer"
Chorégraphe ? Metteur en scène ? Résolument inclassable, Michel Schweizer intervient au croisement des arts de la scène, des arts plastiques et d'une certaine idée de “ l’entreprise” où la notion de profit est repensée à l’aune du désintéressement, invitant chacun à « cultiver la perte plutôt que l’avoir. » Cette perte, Michel Schweizer la cultive pour sa part à rebours de tout désir de contrôle, en restant attentif à organiser le plateau comme un espace de jeu ouvert au vivant. De façon caractéristique, il s’entoure ainsi d’invités appelés à témoigner de leur propre existence sur un mode documentaire : un boxeur professionnel, des maîtres chiens, un philosophe, un groupe d’adolescents… Autant d’individualités croisées dans ses créations qui émergent au final dans leur dimension existentielle, affranchies de leur appartenance de surface à un groupe social.
Cartel se concentre sur la figure d’un ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris, Jean Guizerix, qui témoigne par les mots et la danse du style classique et de la vie à l’opéra dans les années 70 mais aussi de sa rencontre déterminante avec le maître américain Merce Cunningham. Il est entouré par une chanteuse, une comédienne et un jeune danseur soliste, Romain Di Fazio qui écoute, se raconte et danse lui aussi. Dans l’intervalle entre ces interprètes d’âges et de parcours différents, émerge un faisceau de questions liées à la transmission, à la solitude et au groupe qui dessine un très bel hommage au devenir de la danse et de ceux qui la font.
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