vendredi 28 novembre 2014

"Cédric Andrieux": nom prénom....Danseurs, vos papiers!

Il sera seul sur scène, sur un plateau nu, dépouillé, mémoire à vif sans accessoire ni objet encombrant.
Seul et avec tous les siens: ses maitres à danser, son passé, sa formation de danseur qui n'est soi disant pas destiné à en devenir un, tant son physique semblerait ne pas s'y prêter selon les canons du métier!
Danseur contemporain, danseur formaté Cunningham, danseur de toutes les danses qui le traverseront durant une carrière dictée, tantôt par l'envie, tantôt par les rencontres amoureuses......
Cédric Andrieux, n'est pas si "banal" que cela, il va et vient dans la sphère chorégraphique avec intelligence et détermination, hésitation et doute, ennui ou passion.

Il montre et démontre à l'aide de sa mémoire corporelle intacte que la danse s'est inscrite dans ses muscles, son corps, sa pensée
Un string pour masquer ses "parties" chez Merce,le pudique et pudibon choréhraphe américain, très puritain,et c'est parti pour sourire aussi de ses aventures en académique, cette "seconde peau sans trou" que Rauschenberg a su si bien magnifié sur les corps canonique cunninghamiens........
Tout semble lui coller à la peau et ce justaucorps orange fait figure de symbole, de témoin d'une époque où l'on s'affranchi de tout sans rien oublier!

Une heure durant, la vie et l'oeuvre de Cédric se dévoile sous ladirection artistique de Jérôme Bel, ce trublion de la danse!
C'est beau, touchant et ça fait mouche!
Longue vie à celui qui ose se présenter comme un interprète vivant qui choisit, subit, patiente ou se lasse, avoue parfois s'ennuyer à la barre ou jubiler dans l'immobilité permise d'un corps trop souvent soumis à la performance, la perte d'énergie ou la démonstration d'une virtuosité qui ne lui appartient pas!
Merci pour cette justesse, cette vérité qui émane d'un corps pensant, dansant qui ose se raconter avec ses mots, son langage, son silence, sa danse!

Dans la série de ses portraits de danseurs (l'interprète du Ballet de l'Opéra de Paris Véronique Doisneau, le danseur traditionnel thaïlandais Pichet Klunchun…), le chorégraphe et metteur en scène Jérôme Bel s'est attaqué à Cédric Andrieux, longtemps membre de la compagnie américaine de Merce Cunningham avant d'intégrer le Ballet de Lyon. Après de longues conversations avec Andrieux, Bel en a extrait un texte, interprété et dansé par Andrieux lui-même, évidemment. Le titre est simple et net, comme souvent chez Bel : Cédric Andrieux. Une plongée dans l'intimité d'un danseur et de son quotidien artistique qui montre, explique, dissèque et se confie dans un même élan. Une reprise à voir ou revoir.

Cédric Andrieux est un solo pour le danseur éponyme Cédric Andrieux. Dans cette pièce il pose un regard rétrospectif sur sa carrière, tout d’abord son apprentissage de danseur contemporain à Brest, puis au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de la ville de Paris, ensuite en tant qu’interprète de Merce Cunningham à New-York et récemment au sein du Ballet de l’Opéra de Lyon.

Cédric Andrieux s’inscrit dans une série initiée en 2004 avec le solo pour la danseuse du corps de ballet de l’Opéra de Paris Véronique Doisneau. En 2005, c’est Isabel Torres, ballerine du Teatro Municipal de Rio de Janeiro, et Pichet Klunchun and myself, duo conçu avec le chorégraphe et danseur de Khôn (danse classique royale de Thaïlande) Pichet Klunchun à Bangkok.

Toutes ces productions mettent l’accent sur l’expérience et le savoir de certains artistes ayant tous connu une carrière significative d’interprètes. Ces artistes sont aussi des danseurs dont les pratiques s’inscrivent dans différentes traditions : ballet classique, danse classique Thaï, et Modern Dance américaine. Chacun de ces interprètes est à ce titre impliqué dans une pratique distincte de celle des historiens d’art, des critiques et des chorégraphes.

Par ailleurs, dans chacune des pièces qui construisent cette série, c’est à la première personne que s’énonce leur expérience de courants constitutifs de l’histoire chorégraphique occidentale ou asiatique. Chacune a donc pour titre les patronymes de ceux qui les interprètent. Constituée de soli, à l’exception du duo Pichet Klunchun and myself, c’est donc à la croisée d’une histoire et de l’histoire de la danse que se déploient les différents opus de cette série.

Chaque artiste y produit un discours qui relate le plus simplement possible les conditions de travail propres aux différents contextes où il intervient. Discours singulier, discours minoritaire aussi, puisqu’il s’agit de reconnaître aux interprètes leur statut de créateur afin de les situer dans le cours de l’histoire. Ce parti-pris permet en effet de faire jouer un principe d’égalité face aux catégories de discours validées par la culture, qu’il s’agisse de celui des historiens, des critiques ou des chorégraphes. L’enjeu de ces pièces repose ainsi sur des témoignages qui permettent d’attester une subjectivité au travail distincte et complémentaire des discours habituellement produits vis-à-vis des pratiques artistiques constitutives de l’histoire chorégraphique.

Ce qui est décisif pour moi dans ce travail, c’est d’essayer d’analyser dans quelle mesure tel ou tel de ces projets artistiques, de ces esthétiques, produit une aliénation ou une émancipation de l’interprète en tant que sujet historique, social, et en tant que travailleur. Ce coefficient d’aliénation ou d’émancipation, chaque interprète en est le vecteur. En retour, je tiens que c’est ce dont chaque spectateur est amené à faire l’expérience, l’interprète étant, comme son nom l’indique, le traducteur, le passeur dont le travail intervient entre celui de chorégraphe et du public.

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