mercredi 9 octobre 2019

"L'objet de ma tendresse": Love Music: coeur fondant tendre ! Bonjour tendresse, bordel !



CONCERT | APÉRO | L’OBJET DE MA TENDRESSE

flûte - Emiliano Gavito
Clarinette - Adam Starkie
Violon - Winnie Huang
Violoncelle - Lola Malique

Objets quotidiens comme instruments de musique.
Instruments de musique comme objets sonores.

lovemusic explore un répertoire où le corps sonore est éprouvé dans toutes ses dimensions, du simple souffle jusqu’au cri dans un mégaphone. Les gestes de l’exécution participent aux œuvres afin de créer une musique qui incarne tout le spectre des émotions humaines, du comique au violent, du triste au tendre... C’est une musique, comme le formule Fausto Romitelli dans le titre d’une des pièces du programme, sur la périphérie : la périphérie de l’interprétation musicale à l'endroit même où elle rencontre la performance, le bruit et l’émotion...

Le collectif invite Raphaël Languillat à collaborer sur une nouvelle pièce en quatuor pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et vidéo. Intersection entre corps sculptural et corps sonore, cette pièce à caractère installatif gomme les frontières du rêve et de la réalité, de l'analogue et du digital. C'est moins l'objet du quotidien en lui-même que sa transcendance par une esthétique du close-up qui intéresse ici le compositeur, invitant l'auditeur à une méditation colorée sur la puissance de l'amour.

raphael languillat


photo robert becker


C'est sur la musique de Raphaël Languillat,"Poxylena" que tout démarre
Eclats de flûte, sur fond d'éclats d'images vidéo...Sur des sons lancinants, la flûte alto, la clarinette basse, le violon alto et le violoncelle défraient la chronique!Par piques intrusives de sonorités on entre dans un univers bordé d'images vidéo, rouge pourpre, des formes de statues se devinant peu à peu, en ronde bosse Des corps en nudité, de Cupidon et Psyché, caressés par la caméra. Le son s'amplifie dans cette lente montée du désir, il augmente en puissance, lascif, voluptueux.Les images s'effacent, les vibrations demeurent, le souffle infime, vents de marée, sons tenus et suspendus.Une expérience de toute beauté, de toute sensibilité.

Malin Bang nous offre la seconde pièce "Hyperoxic" pour flûte basse et objets.
Une pompe à vélo qui s’affaisse et respire, manipulé par Adam Starkie, une flûte en morceaux, un micro, prolongé par un mégaphone...Un petit ventilateur et tout s'anime sous le souffle des deux interprètes.
On y chuchote, on y suffoque, on crachote au micro; quelques bruissements sur peau tendue d'un ballon de baudruche dans un pot de fleurs...Beaucoup de sons hétéroclites à faire naître pour ces musiciens qui osent et ne se dégonflent pas !

Salvatore Sciarrino. avec son "Omaggio à Burri" pour flûte, violon et clarinette, sur fond d'image de trous de pellicule fondue, offre l'occasion d'une écoute et émission minimales.
Goutte à goutte des notes, émises de la bouche de la clarinette, repris par la flûte: le temps passe, s'écoule comme une clepsydre, se distille et s'écoute attentivement. Le violon mimétise, il pleut!
Nécessitant une écoute extrême, ténue pour un optimum de sensations...
Comme une fuite, un robinet qui s'égoutte, gazouillis, joyeuses circonvolutions douces et tendres.

Natacha Diels succède avec "Second nightmare for Kiku" pour violon et deux assistants.Robe rouge seyante, pour la violoniste, jeu de l'artiste inspirée, virulente, acharnée, rageuse. Les têtes et les visages des musiciens, investis dans le jeu sonore et rythmique. Petite chorégraphie minimale et de bon aloi! Voyelles sur le bout de la langue, A et B, pour égayer ces hochements et ce ballet d'archets singulier

Fausto Romitelli et son "Domeniche alla periferia dell'impero" pour nos quatre distingués instrumentistes prend le relais, en frottements, caresses sur les instruments; tendre envol bourdonnant, son tournant à l'envi, virevoltes et dérapages contrôlés du violon, en contrepoint de la clarinette qui s'affirme et prend de la force. En une coexistante joyeuse et contrastée

Et pour clore ce concert singulier et surprenant, "Esercizio di pazzia " de Filidei
Une pièce festive, "folie" pour ballons noirs aux pieds et entre les jambes!
Claquements de peaux de ballon pas encore gonflés en rythme, à l'unisson, comme des éclats de sons polissons, poly-sons. Pas sages du tout! Grincements râpeux sur le caoutchouc tendu à bloc, petites percussions ludiques: un beau tableau à regarder, contempler, que ce quatuor insolite devant nous!
Feu d'artifice, gémissements: on pète les ballons à grand fracas, tirs et salves, coups de feu, sur ballons rouges, blancs puis roses! Tout s'envole et l'on quitte ces joyeux drilles, enchantés érudits et aux anges!

A la BNU mercredi 9 Octobre


Concert suivi d’un rencontre-apéro - un moment convivial d’échange entre le public et les artistes du collectif.

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