Musica et ses "traverses", chemin de l'âne dans le parcours du spectateur, guidé par une programmation dont le fil d'Ariane ne se perd pas: le corps, encore, en corps !
Alors, cette "performance" là, objet spectacle non identifiable en serait la plus belle preuve!
La soirée démarre avec un duo, violon, violoncelle, Nature Data / 15’ nouvelle version de Jennifer Walshe : elles sont deux sur le plateau, l'une tient son violon, droit sur le corps, atypique attitude qui lui permettra un beau jeu de bras, libre, de côté comme pour son acolyte complice. C'est presque du Trisha Brown, mouvement libre et inédit, disponible pour des gestes"musicaux" amples et forts esthétiques. Alors qu'une bande magnétique déverse furieuse, ses décibels: elles dansent aussi, se détachant de leurs instruments, mimiques et pauses à l'appui: en contrepoint défilent des images d'animaux, lions en cage, oiseaux picorant une part de pizza; des textes en langages des signes, des bruits de gorge, des gestes de sabres que l'on dégaine...Tout s’enchaîne sans logique mais avec du rythme.Un combat fictif avec l'espace pour la violoniste qui se tâte, se mesure à elle-même, se caresse: le corps est bien là, non occulté, version non expurgée d'une danse de chair, d'espace, de rythmes...C'est drôle et décapant si on veut bien se laisser aller aussi, se faire "conduire" dans ce labyrinthe menant au Minotaure!
Wash me whiter than snow (2013) / 16’ de Jennifer Walshe succède, enchaîné: quatre interprètes en plus, percussion, chanteuse, électro acousticien et instrument à vent: un sextet où une cassette audio prend le micro et se substitue à la chanteuse-diseuse, où chacun s'exprime dans son coin, pour lui dans un laboratoire du son où les chercheurs s'ingénient à trouver "la petite bête" qui fera le bruit le plus hétéroclite! Basse cour de volatiles échappés, cour des miracles du son, labo bouillonnant, effervescent d'un opéra musical, de gestes et de bruit : Jennifer Walshe, elle même en jeu, se jettant dans la bataille.
Entre acte...Si l'on va se détendre les gambettes on tombe dans le hall sur les rérigrinations d'une population disséminée dans le public: téléphones portacles et écouteurs, en main, ils chantent, récitent ce qu'ils voient sur leurs écrans en marchant bien sur comme tout "transporteur" de "mobile"..C'est drôle: on a envie de se joindre à eux, é"barons" occasionnels de ce happening performant..C'est les artistes de Pelicanto qui s'y collent discrètement...
Reprise des hostilités avec Facebook Chorus nouvelle version toujours signé Jennifer Walshe
Un violoncelle et une danseuse, Clara Cornil, adepte des performances et expériences corporelles et politiques extra-ordinaires... Elle se tord se love au sol, en reptations, tous les sens en éveil: grâce aux images projetées tout au long quasiment du spectacle, l'espace de perception et de dialogue s'agrandit.La narratrice virtuelle distillant un discours fécond sur la nature, la vie: la danseuse devient métronome, mouline des bras fait sa mutation à vue: belle stature puissante du corps, architecturé solide dans des gestes angulaires et directionnels, pas vraiment organiques, mais implantés, ancrés sur un axe mouvant de bascule.
Et voilà le "clou" du spectacle, tant attendu, effet d'appel, My Dog & I (2018) / 50’:
Quoi de neuf sur la planète de la performance sinon un acte très "animalier" manifeste sur les caractéristiques holistiques des animaux en général, servi par un texte et des images informatives et humoristiques sur la condition animale: trop souvent méprisés, domptés, esclaves de l'homme qui se tient en "maitre" alors que les "bêtes" sont loin d'être stupides et doivent retenir notre considération, notre respect et appréciation: "oh my dog" !
Images, son, danse, toutes les couches s'additionnent, se mêlent, multimédia aux multiples possibilités de lecture et d'ouverture. On est confondu et confronté à toutes ces informations, devant faire le trio en régie directe: exercice pas facile, inconfortable, comme la danse, yoga, danse avec un bois de cerf, des cailloux, raide, droite stricte: elle pétrit une pierre comme de la bonne pâte ou brasse de la terre glaise...Les bras maculés de couleurs vertes comme son legging, pull rouge au corps. Tout se confond, s'écoute, s'empile pour l'auditeur-spectateur, très sollicité, actif qui danse lui aussi en pensées mouvantes, carrées.. Un fil de laine rouge se dévide entre les mains des deux complices, femmes déroulant un fil d'Ariane qui nous conduira, se débobinant, dans le film cocasse, déroutant, muet ou sonore de ce "spectacle" où les images, les corps, les sons sont autant à voir, entendre, regarder pour jouir un spectacle "total" sans frontières pour "migrants" de l'art, à la dérive, déroutant, glacis de trouvailles et de danse déconcertantes...
A la cité de la Musique et de la danse dans le cadre du festival Musica le 1 0ctobre
Performance Jennifer Walshe Pelicanto Violon Tiziana Bertoncini Violoncelle Martine Altenburger Synthétiseur analogique Thomas Lehn Percussion Lê Quan Ninh Flûte Angelika Sheridan Danse Clara Cornil Jennifer Walshe
Ensemble ]h[iatus et Pelicanto
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