lundi 30 septembre 2019

"Retour à Reims" : le corps social: une histoire de genre.

Retour à Reims est un essai du sociologue Didier Eribon, paru en 2009. À la mort de son père, il revient à l'endroit où il a grandi et qu'il avait fui trente ans auparavant pour tenter de vivre librement son homosexualité. À travers son parcours et celui de sa famille, il interroge le milieu ouvrier dont il est issu, les rapports de classes et la montée de l’extrême droite. Le metteur en scène Thomas Ostermeier invente un dispositif où une actrice, un réalisateur de documentaires et un ingénieur du son enregistrent ce texte. Du choix des images va naître des discussions : qu’en est-il aujourd'hui des mécanismes de domination et d’exclusion ? Quelles histoires et quelle Histoire veut-on partager ?
Irène Jacob est actrice de théâtre et de cinéma - elle a tourné une cinquantaine de films et a obtenu le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes pour La Double Vie de Véronique de Krzysztof Kielowski en 1991. Elle travaille pour la première fois avec Thomas Ostermeier, metteur en scène allemand internationalement reconnu, directeur artistique de la Schaubühne de Berlin et dont le public du TNS a pu voir sa création de La Mouette de Tchekhov en 2016.
 
Sur le plateau, un décor de studio d'enregistrement, vieillot, suranné: déjà deux personnages derrière les vitres de la station, discutent joyeusement et partent prendre un café...La comédienne Irène Jacob débarque, celle qui, lectrice incarnera Didier Eribon et nous lira son histoire, entrecoupée de séquences très contemporaines où les époques se confondent. On y fait référence à toute une histoire sociale et politique, traversant le communisme jusqu'à la période d'aujourd'hui où l’extrême droite gangrène les milieux ouvriers. Milieu qui sera évoqué de façon très sociologique: les corps, les paroles, les attitudes sont repérables et inscrivent chacun dans son rang, dans sa caste! L'actrice aux accents de voix de Fanny Ardant, sensuelle et grave, convainc par sa présence solide, face à ses deux partenaires de voyage, voyage, illustré par des projections vidéo, images d'archives, extrait de film ...Et si le clip de Françoise Hardy, "Tous les garçons et les filles de mon âge" résumerait à lui seul le propos sur l'homosexualité bafouée à cette époque, la pièce dévoile peu à peu le questionnement sur le "genre": une femme incarnant l'anti héros!
Et un régal de musique rap en sus avec Blade Mc Alimbaye, comédien, rappeur, chanteur, plein d'humour et de gravité.
Un instant de théâtre, sobrement mis en scène, où la reconstruction, la réconciliation d'un être avec lui-même se comprend, se lit et s'écoute pour mieux inviter à découvrir l'oeuvre littéraire de Didier Eribon!

Au TNS jusqu'au 1 Octobre
 

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire