Compositeur de la métamorphose, de la transformation continue, maître de la saturation de l’espace et de la compression du temps… À travers trois concerts, Musica brosse le portrait d’un des plus fidèles compagnons de route du festival.
Les œuvres d’Hugues Dufourt constituent à elles seules un musée imaginaire regorgeant de références picturales. Plus d’une vingtaine de ses pièces renvoient à des toiles de toutes les époques, du Titien à Pollock en passant par Goya, quelques-unes à la photographie, sans compter celles associées à des métaphores visuelles. Si la relation entre peinture et musique, et plus largement entre sonore et visuel, a été l’une des principales quêtes esthétiques du xxe siècle, le compositeur dépasse de loin l’idée d’une traduction formelle d’un médium vers l’autre. Nulle litanie audiovisuelle dans son approche. Le tableau est le point d’ancrage d’un processus global, philosophique et musical, précédé d’une minutieuse étude iconologique qui tient compte aussi bien d’aspects historiques et culturels que de la résonance sensible de l’image aujourd’hui.
- Soprano
- Françoise Kubler
- Clarinette
- Armand Angster
- Guitare électrique
- Christelle Séry
- Violon
- Thomas Gautier
- Alto
- Laurent Camatte
- Violoncelle
- Christophe Beau
- Percussion et direction
- Emmanuel Séjourné
Hugues Dufourt
L'Île sonnante (1990) / 6’
Un duo inédit, guitare électrique et percussions pour s'immiscer directement, plonger dans l'écriture de Dufourt... La guitare crache, rugit, râle comme un avion dans le ciel , rauque alors que le gong résonne. Cinglantes cymbales, xylophone en contrepoint. En tuilage aussi. Des bruissements subtils en réverbération de la guitare amplifiée pour ne pas amoindrir les chocs et catapultes musicaux."Ile sonnante", îlot perdu, flottant dans la violence, la virulence et les contrastes du calme des gamelans. Le son réverbéré, obsessionnel, inconfortable à l'oreille, saturé.La carcasse rouge, exosquelette de la guitare a une présence sidérante sous les doigts de Christelle Séry, virtuose en diable des cordes électrisées!
Rebecca Saunders
Un duo inédit, guitare électrique et percussions pour s'immiscer directement, plonger dans l'écriture de Dufourt... La guitare crache, rugit, râle comme un avion dans le ciel , rauque alors que le gong résonne. Cinglantes cymbales, xylophone en contrepoint. En tuilage aussi. Des bruissements subtils en réverbération de la guitare amplifiée pour ne pas amoindrir les chocs et catapultes musicaux."Ile sonnante", îlot perdu, flottant dans la violence, la virulence et les contrastes du calme des gamelans. Le son réverbéré, obsessionnel, inconfortable à l'oreille, saturé.La carcasse rouge, exosquelette de la guitare a une présence sidérante sous les doigts de Christelle Séry, virtuose en diable des cordes électrisées!
Rebecca Saunders
Vermilion (2003) / 15’
Le vermillon est une couleur rouge vif tirant sur l'orangé, du nom d'un pigment à base de sulfure de mercure.Dangereuse, toxique, la couleur est servie par un trio, clarinette, violoncelle, guitare, rouge vif, agressif, très présent sur scène. Des sonorités incongrues, inédites qui s’amplifient ou se rencontrent, en vibrations d'une tinte, de timbres non oblitérés par la convention sonore. En lamentations non estampillées par aucune règle ni convenue d'écriture, barbare: mouvements brusques et brefs de la guitare électrisante.Sans retenue, ténus puis éclatants. Que de surprises auditives sans relâche. La superbe présence de chacun, guitare en particulier, en dérapage contrôlé, ajusté: ça décontenance, perturbe l'audition, l'écoute toujours sur le qui- vive, à l’affût d'une extravagance distinguée, d'une fantaisie, masquée. On est ébahi, surpris sans cesse: pas de répit pour nous ni pour les interprètes, beaucoup de "doigté" pour tous.
Le violoncelle, seul sous les doigts de Christophe Bau, cela semble une démonstration d'une gestuelle magistrale au service de l'instrument qu'il épouse, emphatique,gratté, frotté par l'archet, brusque et offensif, course folle des sons au rendement, à l'efficacité. Vindicatif, buté, obtus et obstiné, l'interprète excelle dans cette directive, direction des tonalités inconfortables. Les sonorités s'assouplissent, susurrent, glissent langoureuses, déterminées toujours, franches, nettes et carrées. Questions et réponses alternent à l'intérieur de la structure de l'opus, dialogue interne, intime comme deux personnes qui se contrediraient.L'ombre portée n'est pas conforme à sa source, son modèle incarné. La volupté des gestes du musicien au final, en apothéose, ravit et "la rouille du temps battue par les ressacs de l'éternité" fait effet rauque et pénétrant de vielle, ici évoquée par le compositeur.
L' "iconologie" pour titre, fait question ,méthode qui étudie l'image, images aux antipodes du travail de Dufourt dont la musique est loin d'en suggérer les contours, le contenu ou les métaphores....Mais que dissimule cette oeuvre prolixe, sinon des paradoxes, des pistes non balisées, des sentiers à direction multiple sur la cartographie de l'histoire de la musique qui se fabrique.
Tristan Murail
La Vallée close (2016) / 16’sur des sonnets de Pétrarque
Et voici l'ensemble Accroche Note au complet, chef au pupitre!
Un paysage de cordes expressives fait irruption, au coeur de l'espace vocal de la chanteuse, en bord de plateau La clarinette, en alternance dans des mouvements doux ou violents. Le fil de la voix, tenace, conducteur d'une langue affolée, tient bon, émerge, jamais submergée par son entourage sonore En secousses, pas à pas, s'écriant, en accents entrecoupés: de beaux portés musicaux l'enrobent, l'habillent,la revêtissent , en retenus discrètes ascension menée par son "coffre" et sa résonance interne. La récitante chargée de douceur dans une mélopée ample et charnelle, grave en saute de degré, d'octave sand handicap à franchir de force.
C'est comme dans un jeu d'enfant "Jacques a dit " ou " un, deux, trois, soleil": on avance, caché, en syncopes, arrêt sur image pour mieux surprendre celui qui va se retourner: statufié, pétrifié, puis à nouveau en mouvement, le temps d'arriver au but et de gagner la place du décideur!
Jeu de dupe passionnant pour entrer dans la musique, leurre pour s’immiscer dans le processus de création qui n'a de cesse d'interroger la temporalité.Et notre immersion dans la musique qui n'est ni univers, ni ambiance ni atmosphère: seulement phénomène physique de retentissements architectoniques. Lamentations de la voix qui insiste, persiste et gagne en présence, puis parle parfois dans la langue de Pétarque, sonnets en structure d'ancrage, de poids, de force.Pour convaincre, accentuer un drame ou des péripéties narratives inventées, fantasmées.Les cordes la bordent, l'enveloppent, la clarinette la couvre de ses timbres: elle resurgit du lot, pas morte ni inhumée, bien vivante dans cette "vallée close" si ouverte vers l'urgence de l'émission des sons indispensable à l'urgence fébrile de l'écriture de Murail.
Salle de la Bourse le 24 Septembre dans le cadre de Musica
Et voici l'ensemble Accroche Note au complet, chef au pupitre!
Un paysage de cordes expressives fait irruption, au coeur de l'espace vocal de la chanteuse, en bord de plateau La clarinette, en alternance dans des mouvements doux ou violents. Le fil de la voix, tenace, conducteur d'une langue affolée, tient bon, émerge, jamais submergée par son entourage sonore En secousses, pas à pas, s'écriant, en accents entrecoupés: de beaux portés musicaux l'enrobent, l'habillent,la revêtissent , en retenus discrètes ascension menée par son "coffre" et sa résonance interne. La récitante chargée de douceur dans une mélopée ample et charnelle, grave en saute de degré, d'octave sand handicap à franchir de force.
C'est comme dans un jeu d'enfant "Jacques a dit " ou " un, deux, trois, soleil": on avance, caché, en syncopes, arrêt sur image pour mieux surprendre celui qui va se retourner: statufié, pétrifié, puis à nouveau en mouvement, le temps d'arriver au but et de gagner la place du décideur!
Jeu de dupe passionnant pour entrer dans la musique, leurre pour s’immiscer dans le processus de création qui n'a de cesse d'interroger la temporalité.Et notre immersion dans la musique qui n'est ni univers, ni ambiance ni atmosphère: seulement phénomène physique de retentissements architectoniques. Lamentations de la voix qui insiste, persiste et gagne en présence, puis parle parfois dans la langue de Pétarque, sonnets en structure d'ancrage, de poids, de force.Pour convaincre, accentuer un drame ou des péripéties narratives inventées, fantasmées.Les cordes la bordent, l'enveloppent, la clarinette la couvre de ses timbres: elle resurgit du lot, pas morte ni inhumée, bien vivante dans cette "vallée close" si ouverte vers l'urgence de l'émission des sons indispensable à l'urgence fébrile de l'écriture de Murail.
Salle de la Bourse le 24 Septembre dans le cadre de Musica
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