la compagnie Théâtre Lumière propose une immersion profonde et sensible dans l'univers rock et poétique d'Alain Bashung.
Avec Serge Gainsbourg comme grand frère et Roldophe Burger de Katonoma comme fils spirituel, celui qui vécu son enfance en Alsace restera à jamais dans nos coeurs de rocker.
Déjà 10 ans (2009/2019) qu'Alain a rejoint sa Joséphine dans son rêve de mots bleus.
La petite entreprise de Gaby ne craignait pas la crise, et même si la nuit il mentait et prenait des trains à travers la plaine, encore et toujours l'âne plane au-dessus de nos âmes de fans de Monsieur Alain Bashung."
L 'obsédé textuel
"Je suis un loup ...doux" alors débarrassez moi de cette grand-mère: voici le petit Chaperon Rouge de Bashung, première incursion dans le monde fantasmé du poète-musicien, en prologue à la soirée qui lui est dédiée par Christophe Feltz, valeureux chevalier découvreur, délivreur des textes des paroliers et chanteurs les plus connus. Mais à contrario dont les textes sont souvent occultés, pas compris tant la musique submerge le sens ou la dramaturgie.
D'un "étranger rebelle" qui affirme qu'il faut se préserver si on veut durer" au "saut à l'élastique dans le Vercors", autant de dynamiteur d'aqueduc qui se révèlent à travers la diction, les mots du comédien: on y retrouve notre "latin" et "la nuit je mens m'en lave les mains" résonne à double sens au mieux!"La nuit, je mens énormément" devient colossal, la courte phrase en dit long et l'on plonge dans des univers sans fond, abîme délicieux de la compréhension sans obstacle, ni censure.
Un "bijou" où il met les bouts, cloue des clous sur des nuages sans échafaudage : tous les sons résonnent dans la bouche, sur les lèvres du conteur qui révèle et relève la richesse de ces oeuvres de paroliers remarquables.
"j'ai crevé l'oreiller" où "Dieu avait mis un kilt" font mouche, "pour un chien qui n'en démord pas" suit le cour de ces jeux de mots sonores, vire-langues savants, jamais vulgaires ni salaces, malgré le propos toujours très "sexuel" des paroles.
Comme des coups de latte, des baisers pour cet homme qui passe de sas en sas.
Que neige (n'ai- je)fondu sur ton balconnet: encore une citation burlesque en diable à double sens qui sonne juste et sème le trouble, la discorde pour le bien-pensant correct !Tout ici s'écoute et s'entend avant tout et c'est un régal en suspens qui sous-tend notre attention en perpétuelle alerte, alarme de surprise, de glissement -progressif du plaisir- !
Les grands voyageurs ne respectent pas les consignes", les hommes à femmes, affamés (à femmes et) non plus!Univers linguistique de rêve pour Madame qui érotise chaque objet, chaque parole à double sens: un jour, jusqu'au jour où....Le rose a des reflets bleus.
Un petit temps d'écoute comme intermède ou entremet pour mieux situer les paroles et textes au sein de la musique, plus reconnue... "Night in white satin" comme un Moody Blues à la Bashung, voix érayée, rauque et sensuelle à l'appui! "Tu m'as conquistador (conquis je t'adore), pour la route, un coït de coyote , un SOS à mort (amore) pour mieux jouir de la vie!
Christophe Feltz prend plaisir à malaxer les mots, ponctue, module, chuchote et improvise quelques beaux gestes de don de soi, d'ouverture ou de questionnement étonné. Il rythme et met en scène le tout, sans regard extérieur, avec justesse, modestie et impact! Les mots choisis, très musicaux, "duo de nous deux", bâtissent en filigrane toute l'érotisation sensuelle des textes qui n'en démordent pas: scansion des sons, des voyelles, des chuintantes, richesse sémantique et linguistique au poing!
C'est avec "Gaby" que le sommet de sa démarche se confirme: très bien joué, interprété en comédien-conteur, diseur de textes atypiques, privé pour le meilleur de musique, sans pour autant bâillonner le travail sonore ni le renier.
Encore quelques sonorités country-rock, des origines du chanteur au temps de sa jeunesse et l'on s'y recolle au jeu de piste textuel: "t'es parti avec mes revenus" qui fait "envie", toujours quand Bashung évoque les corps charnels épris d'amour et de déraison. Nous sommes "immortels", ode à la vie, à la poésie...
Alors Christophe s'en va, s'éclipse par la porte de sortie du café Brant,écharpe et chapeau en poupe, tire sa révérence: le spectacle est fini, "chapeau" l'artiste!
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