Très peu de texte et de couleurs dans les premières planches, mais la violence d’une lame de couteau dans les mains de Lucie, l’une des protagonistes. Une scène diurne, en couleur celle-ci, arrache le personnage à l’obscurité pour la plonger dans le quotidien. C’est cela aussi voire surtout que dit cette bande-dessinée. Quentin Zuttion explique : “Ce qui m’importait dans l’écriture, c’était surtout le quotidien, le domestique, et comment la violence l’a parasité. Comment on regarde/touche son enfant ? Comment on parle à sa mère ? Comment on se fait de nouvelles amies ? Comment on baise avec son petit-copain ? Comment on danse ? Comment on fait la vaisselle ? Comment on sirote un verre en terrasse ? Comment on se met au lit ? Comment on raconte une histoire ? Comment on voit une adolescente jouer à la piscine ? Comment on est face à la personne qui nous a fait du mal ?”
Quelques pages plus loin, les parcours des héroïnes se croisent et s’entrelacent dans les vestiaires d’un atelier d’escrime thérapeutique. Vincent, le “maître d’arme” est accompagné d’Eva, une thérapeute. Ensemble, ils vont petit à petit permettre à ces femmes de se réapproprier leurs corps et d’extérioriser la violence dans laquelle elles étaient enfermées. “Quand on a été victime de violences, il y a un double enfermement : dans les mots et dans la peau. Ouvrir la première cage est souvent déjà une lutte insurmontable, alors la deuxième… Les violences sont faites au corps et ce corps mémorise. Cette mémoire se traduit ensuite différemment chez chaque personne.”
“Vos corps parlent, écoutez-les” dit Vincent, le professeur d’escrime. C’est bien de cela qu’il s’agit ici : écouter les corps.
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