Placée sous le thème du corps, l’édition 2019 entend démontrer que l’écoute est un acte incarné : non seulement auditif, mais aussi visuel, vibratoire ou tactile.
Ce second laboratoire de l’écoute prend la forme d’une rencontre entre des spectateur·trice·s sourd·e·s ou malentendant·e·s et des spectateur·trice·s entendant·e·s, visant à évaluer en quoi la musique peut dépasser les limites de la perception. Sous la forme d’un concert suivi d’un temps d’échange accompagné par des interprètes en langue des signes, il s’agit de croiser les expériences pour mieux déconstruire les stéréotypes et les appréhensions.
Au Centre Chorégraphique de Strasbourg, endroit de prédilection pour étudier le mouvement, les vibrations du corps, s'installe le laboratoire d'expérimentation du son, par le vecteur, conducteur si naturel que nous possédons tous: le corps !
Elles concernent respectivement la perception visuelle comme dans "Offertorium", de Jeppe Ernst : une femme assise derrière un petit théâtre , femme tronc comme dans un moniteur tv, entonne ses gestes, claquements de doigts, simulations mimétiques de jeu sur les touches d'un piano.Chapeaux de couleurs en alternance sur sa tête et chemise jaune comme costume, elle est dédoublée, triplée par ses clones en images projetées simultanément: elle joue de cette proximité visuelle et rythmique, pour leurre l'espace, troubler notre perception, et transformer le langage sonore en langue des signes réinventée Un peu trop mimétique cependant, appuyant ses gestes sur les temps fondamentaux ou illustrant de façon pragmatique le sens de la source des sons.
Son théâtre musical, synchronisé avec les deux portraits virtuels avec lesquels elle rentre en dilalogue simultanément: exercice périlleux, sorte d'auto description en direct pour une traduction, version-thème très drôle parfois, avec humour et regard burlesque au sein du visage très expressif!
La perception corporelle est de mise avec "Key Jack" de Michael Beil:face à face, debouts, un homme, une femme se touchent, se tapotent le visage du bout des doigts, de leurs "pelotes" tactiles, dans le silence absolu, sans bruit de percussion corporelle!
Jeu de miroir du toucher, ils se mesurent, s'apprécient, se devinent et s’apprivoisent comme en "amour" et s'identifient par le toucher.Danse des doigts, des bras, du visage, du cou, de la nuque.Ils dessinent les contours de leur chacras, se frôlent, se rassemblent, recueillis, les yeux fermés..C'est de toute beauté et l'on ose à peine les déranger du regard dans leur intimité dévoilée! Pas de son: que peuvent s'imaginer les "mal-entendants" à ce sujet? Se jouent-ils une musique, alors que nous apprécions le silence? La confusion des perceptions est à son comble et laisse une extrême liberté d'interprétation!
La perception vibratoire avec "Having never written a note for percussion" de James Teney nous emporte dans un voyage collectif tout près du percussionniste devant et avec son gigantesque "tam-tam", sorte de gong suspendu, très bel instrument imposant. Il invite à tester les vibrations, chacun y allant de sa curiosité ou de son investissement physique de proximité. Les vibrations sont jubilatoire, intenses ou infimes selon le "point de vue", d'encrage du corps au regard de l'instrument. Belle expérience de partage qui succède à
l’écoute par conduction osseuse ou solidienne avec "C".de Simon Loffler
Les participants sont invités à chausser un casque isolant, à s'asseoir et à "mordre" dans une barre à hauteur de mâchoire: expérience de conduction du son, que d'ailleurs on avait ou faire au Shadock, à Strasbourg avec Line Pook, couchés dans des hamacs de perception totale, les os et le squelette irradié, parcouru de sonorités salvatrices!
Le collectif "We Spoke" de Simon Loffler a su faire vivre et partager des "good vibrations" pour le public, volontaire et engagé, motivé pour découvrir les bienfaits, également thérapeutiques de cette musique vibrante!
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