L’expérience intérieure - Philippe Poirier
2019, 52’, Sancho&Co
Il est fréquent aujourd’hui de se retrouver spectateur des images que
la technologie moderne met à la disposition des médecins pour soigner
les corps. Quand notre regard plonge ainsi dans cette « ouverture »,
nous accédons à un monde de science et de fiction. Que voyons-nous au
juste et à quelle réalité nous mesurons-nous ? Le réel, ici, est une
contingence, celle de notre corps dans sa vision la plus crue avec
lequel il nous faut négocier notre existence tant individuelle que
collective.
En présence de Philippe Poirier, réalisateur.
Un portrait des idées sur le corps intérieur de Jean-Luc Nancy: ou comment le faire réagir en lui montrant des images choisies pour leur im-pertinence: voilà la forme du film ainsi définie par le réalisateur et musicien-scénographe.C'est le mode d'apparition des images qui fait jaillir la promesse d'une pensée sans parole, imaginaire.Le chemin parallèle entre pensée discursive et images- la présentation sensible des idées selon Hegel- est au coeur du processus de création de cet opus étrange, film très "charnel et sensible" de Philippe Poirier.Mais comment fonctionne notre imagination, usine fertile et prolixe, ici convoquée sur le thème de l'expérience: entreprise, contemplation infinie, incommensurable...J.L. Nancy pense avec son corps, la vie et la mort..
Des images sidérantes en prologue, celles d'avaleur de sabre ou de néon qui questionnent notre "intérieur" et notre intériorité. Que voit-on à travers le corps, à travers ces images radioscopiques, médicales...On pénètre ici par le regard les abysses de la chair, on "organise" le monde organique en le révélant à l'image.On s'y retrouve dehors et dedans, comme pour le corps dansant et son espace intime, extime.Des empreintes de corps laissées sur les parois des cavernes, comme une intériorité spirituelle mise à nue: l'intime est ce qui s'exprime, qui ne reste pas caché au fond. J.L. Nancy à vif, dans le vif de la chair, du ressenti, dans la parole, la pensée et les gestes: filmé assis, il se dévoile, homme tronc, tronqué, le langage des mimiques exprimant le courant, la vivacité la brillance scintillante de sa pensée en mouvement.La voix est aussi la résonance du corps comme esprit en corps et en chair, vecteurs du son.Pas de paroles sans voix, mais on privilège la voix sans parole, le geste...
Très belle séquence où est évoquée en images, en icônes picturales choisies, triées sur le volet par les intentions du réalisateur: la "carnation" y apparait, évident conducteur du teint, de la couleur de la peau qui se présente "au dehors" non comme une enveloppe mais comme un lien, une adhérance à l'organisme.La peau du monde qui trésaille, lumière et passeur d'énergie, de chaleur, d'envie et de désir de communiquer avec l'autre.Le teint comme présentation de la vie, de la circulation du sang
A partir des dessins d'anatomie de André Vesale , celui qui "fait voir" l'étrange et l'étranger en nous, le film conduit au "mystère", ce qui s'éclaire de soi-même et révèle l'inconnu. Léonard de Vinci excelle dans le croquis, serein, de la chair, des muscles et séduit par la tranquillité de ses découvertes sidérantes.Repoussant du dedans, séduisant du dehors, ce corps que nous transportons chaque jour !
"Corpus" que l'on regarde comme un excédent de corps, trop de corps qui s'ignore où se ressent à fleur de peau.
A corps ouvert, ces étranges figures, personnages sculptés dans la cire peuplant les musées d'anatomie. La Vénus de Florence, belle endormie, nue, ronde et charnelle, comme une boite de Pandore, ouvre ses flancs pour dévoiler son intérieur viscéral !
Ouvrir son corps en douceur comme sur ces planches d'anatomie où de véritables mannequins de défilé de mode, dévoilent leurs entrailles, la peau flottant comme un châle ou une paire d'ailes factices...Une mélancolie élégante que de montrer ce qui les tue !
L'étrange beauté du désir, l'étrange étrangeté de l'impossible à voir.
Tout le montage de la parole de J.L. Nancy pour faire un film qui passe par le corps, qui n'est pas un film sur le corps, mais un filtre de lumière à travers la peau pour déceler l'intime. Bien en chair et en os dans l'évocation du "Transi" de ST Thomas, sculpture momifiée d'un personnage célèbre Nicolas Roeder qui se montre entre vie et mort avec la peau et les os, organisme pétrifié dans son aspect quasi vivant, animé de tensions.
A bien passer vivant à travers la mort dans cette mise au carreau très stricte et réaliste, sidérante en diable.
Autopsie du réalisme, dévoilée à travers les paroles d'anatomiste et chercheurs scintifiques de renom.Un choix judicieux de témoins, de passeur de savoir pour "illustrer" et abreuver les paroles de Jean Luc Nancy
Un hommage au philosophe à fleur de prises de vue s'autorisant à accompagner ses propos vifs argent avec des images, matrices d'un savoir sur la chair organique et d'une réflexion sur la "bonne chère" du haut de la chaire de toute son expérience cinématographique pour Philippe Poirier: un art du mouvement et de la mise en lumière, corps-objet dansant à distance pour mieux se rejoindre dans l'étreinte du rythme.
Un film qui avance comme la pensée du philosophe en marche, danseur attentif , en éveil, aux aguets, malin et espiègle facteur et passeur d'intelligence -inter-ligerer- : relier, rassembler ses pensées pour les amener plus loin, les déplacer comme un corps guidé par ses intuitions.
DANS LE CADRE DE LA NUIT DES IDÉES : ÊTRE VIVANT ?
En partenariat avec l' INSTITUT FRANÇAIS, porteur de l'évènement.
CYCLE Focus Films Grand Est
Un dispositif de valorisation des films soutenus, tournés et/ou produits dans la région Grand-Est.
En partenariat avec Image Est et La Pellicule Ensorcelée.
En présence de Philippe Poirier, réalisateur.
Un portrait des idées sur le corps intérieur de Jean-Luc Nancy: ou comment le faire réagir en lui montrant des images choisies pour leur im-pertinence: voilà la forme du film ainsi définie par le réalisateur et musicien-scénographe.C'est le mode d'apparition des images qui fait jaillir la promesse d'une pensée sans parole, imaginaire.Le chemin parallèle entre pensée discursive et images- la présentation sensible des idées selon Hegel- est au coeur du processus de création de cet opus étrange, film très "charnel et sensible" de Philippe Poirier.Mais comment fonctionne notre imagination, usine fertile et prolixe, ici convoquée sur le thème de l'expérience: entreprise, contemplation infinie, incommensurable...J.L. Nancy pense avec son corps, la vie et la mort..
Des images sidérantes en prologue, celles d'avaleur de sabre ou de néon qui questionnent notre "intérieur" et notre intériorité. Que voit-on à travers le corps, à travers ces images radioscopiques, médicales...On pénètre ici par le regard les abysses de la chair, on "organise" le monde organique en le révélant à l'image.On s'y retrouve dehors et dedans, comme pour le corps dansant et son espace intime, extime.Des empreintes de corps laissées sur les parois des cavernes, comme une intériorité spirituelle mise à nue: l'intime est ce qui s'exprime, qui ne reste pas caché au fond. J.L. Nancy à vif, dans le vif de la chair, du ressenti, dans la parole, la pensée et les gestes: filmé assis, il se dévoile, homme tronc, tronqué, le langage des mimiques exprimant le courant, la vivacité la brillance scintillante de sa pensée en mouvement.La voix est aussi la résonance du corps comme esprit en corps et en chair, vecteurs du son.Pas de paroles sans voix, mais on privilège la voix sans parole, le geste...
Très belle séquence où est évoquée en images, en icônes picturales choisies, triées sur le volet par les intentions du réalisateur: la "carnation" y apparait, évident conducteur du teint, de la couleur de la peau qui se présente "au dehors" non comme une enveloppe mais comme un lien, une adhérance à l'organisme.La peau du monde qui trésaille, lumière et passeur d'énergie, de chaleur, d'envie et de désir de communiquer avec l'autre.Le teint comme présentation de la vie, de la circulation du sang
léonard de vinci |
"Corpus" que l'on regarde comme un excédent de corps, trop de corps qui s'ignore où se ressent à fleur de peau.
l'ange de l'anatomie |
A corps ouvert, ces étranges figures, personnages sculptés dans la cire peuplant les musées d'anatomie. La Vénus de Florence, belle endormie, nue, ronde et charnelle, comme une boite de Pandore, ouvre ses flancs pour dévoiler son intérieur viscéral !
Tout le montage de la parole de J.L. Nancy pour faire un film qui passe par le corps, qui n'est pas un film sur le corps, mais un filtre de lumière à travers la peau pour déceler l'intime. Bien en chair et en os dans l'évocation du "Transi" de ST Thomas, sculpture momifiée d'un personnage célèbre Nicolas Roeder qui se montre entre vie et mort avec la peau et les os, organisme pétrifié dans son aspect quasi vivant, animé de tensions.
A bien passer vivant à travers la mort dans cette mise au carreau très stricte et réaliste, sidérante en diable.
Autopsie du réalisme, dévoilée à travers les paroles d'anatomiste et chercheurs scintifiques de renom.Un choix judicieux de témoins, de passeur de savoir pour "illustrer" et abreuver les paroles de Jean Luc Nancy
Un film qui avance comme la pensée du philosophe en marche, danseur attentif , en éveil, aux aguets, malin et espiègle facteur et passeur d'intelligence -inter-ligerer- : relier, rassembler ses pensées pour les amener plus loin, les déplacer comme un corps guidé par ses intuitions.
DANS LE CADRE DE LA NUIT DES IDÉES : ÊTRE VIVANT ?
En partenariat avec l' INSTITUT FRANÇAIS, porteur de l'évènement.
CYCLE Focus Films Grand Est
Un dispositif de valorisation des films soutenus, tournés et/ou produits dans la région Grand-Est.
En partenariat avec Image Est et La Pellicule Ensorcelée.
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