mercredi 15 mars 2017

"Sombre rivière" :Lazare connait la musique ! Diatribe en lit mineur.


"Depuis ses premiers textes, Lazare questionne le présent, son présent, notre présent qu’il ne sépare jamais de ce qui fut son histoire, notre histoire. Il ne cesse d’interroger le passé pour mieux comprendre aujourd’hui, faisant parler vivants et morts, nous entraînant dans le monde trouble des secrets qui finissent par se révéler.
Son écriture sait rendre poétique la langue orale de ceux qui ne maîtrisent pas la langue « savante », de ceux qui vivent dans les marges d’une société cabossée. Avec Sombre Rivière, titre d’un standard de blues, c’est dans la musique et le chant que nous entraînent Lazare et ses compagnons de route pour dire tout à la fois la violence trop actuelle du monde et la force des songes.
Se souvenant de Rainer Werner Fassbinder interviewant sa mère dans son film L’Allemagne en automne, Lazare écrit Sombre Rivière s’inspirant de deux conversations téléphoniques, une avec sa mère, l’autre avec un ami dramaturge pour parler de cette violence qui nous enserre et nous rend peureux et sans défense. Ces deux textes, où l’on n’entend que la parole d’un des correspondants et où l’on devine dans les silences celle de l’interlocuteur, permettent à Lazare de poursuivre son chemin sur la voie d’un théâtre où « la musique est une respiration de l’écriture ».
Un théâtre fort, exceptionnel, profondément personnel « fait d’improvisations et de rythmes qui alterne scènes parlées-chantées et musique », le théâtre d’un artiste pour qui écrire est encore plus nécessaire depuis les attentats de novembre 2015 à Paris."

Alors petite rivière deviendra grande et sourtout ne sera pas un long fleuve tranquille.
De son "lit mineur", un texte de la facture du metteur en scène, elle fera son "lit majeur", une tonitruante farandole, "redoute" des temps modernes. Diatribe poue et contre tant de sujets d'actualité, et en autre "les arabes", les "siens" bien français, mais pas "de souche"!
Comme un grang "stammtisch" ouvert et convivial, nous voici aux confluents des cultures, chacune comme un affluant venant grossir l'autre jusqu' à son estuaire: entre temps, un voyage au long cours, sur les berges, plein de petites et grandes actions, chatoyantes, touchantes, endiablées, énergiques.
Univers ludique, balade comme un défilé, déferlent musique, chansons, paroles et murmures, rage et douceur
La "petite famille" fait sa saga, et chacun des protagonistes y trouve saplace: Lazare, lui se débat, s'affole, danse et gesticule, pantin manipulé ou électron libre?
Sa bande de potes, joyeux et insouciants le suit: le rythme cependant s'éssoufle, les répétitions ou redondances, génèrent l'absence de surprises. Ce charrivari, burlesque ou dramatique-des sujets graves y sont évoqués-tend vers l'indigence, du texte surtout dont la poésie demeure absente. Ce "bla-bla- land", juste un peu caustique, au vitriol non décapant reste démagogique et n'apporte pas grand chose de plus à un panorama de la société dure et implacable. Lazare , toute à tout fait feu de tout bois, et le "genre" hybride de son spectacle ne pourrait convaincre ni fan de comédie musicale, ni adepte d'un show, rap ou slamé, authentique prestation urbaine, avec tripes à l'appui
Divertissement léger, enthousiasme malgré tout communicatif, "Sombre rivière" ne donnera ni le blues, ni la nostalgie, sauf peut-être le recourt aux références: "Les Ogres", le film de Léa Fehner, ou un "Molière" à la Mnouchkine, un Kustorica au théâtre....Lazare, gare aux pièges de l'amitié et de la solidarité: le théâtre, n'est pas que festif et partageux, il est aussi écriture et tempo, espace et lumière du jour et de la nuit.
Les comédiens, certes s'en donnent à cœur joie, francs et massifs, gais ou emplis de verve contagieuse. La "maman" de Lazare, beau personnage filmée dans toute sa sincérité en serait "le clou" du spectacle: heureuse, naturelle, se riant des élucubrations de son fils !
Alors, les petites rivières font les grands fleuves, et l'estuaire est vaste et la mer encore lointaine....Lazare, celui qui "sort", ressuscité, du tombeau,pseudo prédestiné ou chargé de symbolique devrait-il prendre la porte et revoir sa copie: sur les sentiers de "l 'âne" il faut savoir brouter les "mauvaises herbes", les meilleures et les offrir au delà d'un simple feu d'artifice ou de pot pourri, bouquet garni aux fragrances sauvages et indomptables!
Au TNS jusqu'au 25 Mars

1 commentaires:

Martine a dit…

Merci Geneviève de cette explication de texte....bon on n'a pas aimé cette folle mise en. Scène et cette agressivité musicale en permanence , mais on n'a pas vu le temps passer malgré tout

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