mardi 4 février 2014

Christian Rizzo:pas "craneur"! Mais si "Fragile"!


Bientôt à Pôle Sud pour "Sakinan Göze çöp Batar", Christian Rizzo retravaillait  ici un solo monté il y a trois ans et le donnait en interprétation au très talentueux Jean-Baptiste André. Un motard, sans visage, à face de mouche, apparaît, casqué et tout de noir vêtu. Homme insecte, homme araignée, homme accidenté. Lentement, il se noue et se dénoue, prend la pose, puis coupe tout et marche, terriblement viril, imperceptible roulement d'épaules qui fait tout. Puis non, parfois il ne marche pas, il se déplace, insecte. Plie son corps et le casse et l'étire, enfermé dans cette boîte invisible dont il rapelle sans cesse les limites de sa main noire, également enfermée dans un gant, comme son corps dans cette tenue de motard et son visage dans sa résille de mouche. Puis, la musique s'impose, rend, dans un premier temps, sa messe d'insecte absurde, cocasse, puis l'émotion s'immisce imperceptible, un poil tragique, un peu sombre, mais très beau.

« Juillet 2002, invité par Rachid Ouramdane, je me penchais avec lui sur la figure du motard, solitaire sans moto, solo. Skull*cult en fut la réalisation pour et avec le jardin de la vierge. Janvier 2005, invité par Jean-Baptiste André, je décide avec lui de réinterroger Skull*cult pour le même lieu, trois ans plus tard. Si le souvenir d’une expérience que l’on pourrait confondre à tort avec une image persiste en nous comme inscription d’un temps passé, qu’en est-il de sa réactivation et interprétation par un autre être, dans un autre présent, une autre histoire… Que voyons nous alors d’un corps qui ne se dévoile que caché, doublement filtré par l’histoire d’un autre et par le costume figure ? Comme crâne comme culte revient sur des traces pour en déposer de nouvelles, telles les pensées (prières, visions) accumulées dans l’espace vide, cristallisé par ses possibles. Empreint de souvenirs et de douce nostalgie, Comme crâne comme culte propose un temps d’observation, une écriture précise et découpée dans le vide de l’espace environnant. Plus que jamais l’enjeu de la présence, du détail et de l’intelligence physique à s’autodéfinir sont pour moi une pensée-faire, au travail. »
Christian Rizzo, février 2005 (durant la première période de travail avec Jean-Baptiste André au CNDC d’Angers).

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