mardi 25 février 2014
"Musique,mouvement" de Anne Boissière
L'activité artistique, en certains cas, a un pouvoir exorbitant, celui
de bouleverser le rapport à soi et au monde. Que le mouvement en soit le
dépositaire, qu'il puisse oeuvrer d'une manière invisible, et que sa
force opératoire puisse rejaillir sur l'ensemble de la vie en ce qu'elle
a de plus profond et d'inassignable, telle est la thèse qu'élabore cet
essai. Mais c'est
alors en un sens qui s'est démarqué de toute idée de déplacement ; seule
la musique peut en donner la clé. À partir d'une lecture des Formes du
spatial d'Erwin Straus (1891-1975) en vis-à-vis des Espaces Rythmiques
d'Adolphe
Appia (1862-1928), dessins réalisés pour Émile Jaques-Dalcroze dans les
années 1910, la réflexion s'efforce de cerner la teneur de ce mouvement
invisible qui, dans le rythme vécu, ouvre à travers l'écoute un espace
irréductible à tout autre. C'est à la saisie d'un tel espace que la
perspicacité du psychologue Erwin Straus, fort de son intérêt pour
l'entreprise phénoménologique, nous convie avec son idée d'un « espace
acoustique » ; quant au metteur en scène Adolphe Appia, c'est dans sa
quête d'un art à venir, l'oeuvre d'art vivant, qu'il s'en approche au
plus près.
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