Photo Marie Chouinard |
Spectacle bODY_rEMIX/les_vARIATIONS_gOLDBERG,
un ballet en deux actes créé pour le Festival
international de danse contemporaine de la Biennale de Venise, en 2005.
Photo Marie Chouinard |
Les dix interprètes de la compagnie exécutent des variations sur
l’exercice de la liberté. Les danseurs apparaissent souvent sur pointes,
avec une étude qui repousse les limites des jeux de déséquilibre, car
certains danseurs effectuent l'exercice de danser sur une pointe et un
chausson plat. A l'autre extrême, des danseurs évoluent sur quatre
pointes, parfois à quatre pattes, avec une élégance toute animale. Marie
Chouinard multiplie les recherches sur la gestuelle en dotant ses
danseurs de différents supports qui modifient chacun l'organisation du
mouvement: pas mal de béquilles ou de prothèses, des cordes, des barres
horizontales, des harnais, des trépieds de marche ou des déambulateurs à
roulettes. Toute une série d'objets aux usages divers: certains appelés
à pallier les handicaps, d'autres utilisés aussi pour des jeux
érotiques. Des objets dont l'utilisation mène à la libération du
mouvement ou à son contraire: à la contrainte, à la limitation du
mouvement. Avec ces objets, on rentre dans un monde gestuel inusité, ou
que la plupart évitent généralement de considérer. Et on se met à
réfléchir: comment un handicapé vit-il sa motricité, son absence de
motricité, comment peut-on, peut-il y remédier? Marie Chouinard offre
ici les résultats d'une recherche sur le corps de l'autre, avec une
lucidité qui n'est pas dénuée de tendresse. Elle élargit le champ de la
danse en y intégrant plus de l'humanité, en, allant à la découverte de
l'autre, celui qui d'ordinaire n'est pas invité à la danse, sinon en
spectateur. Le travail exigé des danseurs et leurs performances sont en
tous points extraordinaires, et le résultat est à la hauteur des
exigences de la chorégraphe.
La recherche sur le corps est intrinsèquement lié à la recherche sur le
son: le corps vit par son souffle et Marie Chouinard explore la
respiration, son bruit mais aussi ses silences. Elle revisite les
Variations Goldberg en en analysant la quintessence, en complicité avec
le compositeur Louis Dufort: il s'agit d'y retrouver ces pulsations
primordiales qui se démultiplient quasi à l'infini, et de les incarner
dans le corps des danseurs. Des variations de danse sur des variations
musicales, qui mènent aussi à la transgression des limites du monde
motionnel, et partant émotionnel, connu.
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