mardi 25 février 2014

"Gloria":le cycle, amen! Elle danse son célibat!



A 58 ans, Gloria se sent toujours jeune. Célibataire, elle fait de sa solitude une fête et passe ses nuits dans les dancings de Santiago.
Quand elle rencontre Rodolfo, tout change. Elle tombe amoureuse et s’abandonne totalement à leur passion tumultueuse. Traversée tour à tour par l'espoir et les désillusions, ce qui pourrait la faire sombrer va au contraire lui permettre d'ouvrir un nouveau chapitre de sa vie.
Elle y danse d'emblée dans une boite de nuit et la drague s'empare d'elle, éprise de séduction et de liberté!
Elle danse , s'éclate, boit, s'enivre de musique, de gestes et de regards vers l'autre sans vraiment communiquer. Et quand elle surprend dans la rue, la danse de mort d'une marionnette, squelette désarticulé, manipulé par un circassien, elle entrevoit la déchéance de sa vie, de son corps lassé par les aventures abracadabrantesques! Elle offre une pièce de monnaie à son image qui continue alors à danser sempiternellement!

Flotte, dans la variété italienne, une mélancolie ineffable, accrochée aux ritournelles les plus euphorisantes. La même qu'on entend dans la chanson Gloria d'Umberto Tozzi, qui déferla en 1979 et s'installa au sommet des charts, avant d'être reprise dans différentes langues. En faisant de cette chanson sur le manque amoureux, le titre et, en quelque sorte, l'hymne de son long-métrage, le Chilien Sebastian Lelio (La Sagrada Familia, Navidad) en donne la couleur. D'élan et d'allant, d'amour et d'amertume, il sera question dans son film qui oscille entre affliction et vitalité. Une émotion paradoxale, à l'image de Gloria, une femme mûre, dotée d'un solide appétit de vivre mais rongée par la solitude.


Avec ses enfants qui ont quitté le nid et un divorce pour alimenter ses regrets, Gloria aurait toutes les raisons de se laisser aller. Mais, déterminée à conjurer le sort, elle noue des contacts tous azimuts, dans d'improbables ateliers de rire ou des cours de gym. Le soir venu, c'est dans les dancings de Santiago du Chili qu'elle s'offre à la possibilité renouvelée de l'amour. Il lui tombe dessus en la personne du discret Rodolfo. Mais leur passion va connaître bien des tumultes.
PAULINA GARCIA, UNE « TOOTSIE » DU CHILI
Gloria, c'est Paulina Garcia. De tous les plans, elle compose, sur le fil ténu des émotions, un personnage vulnérable et passionné. Avec ses lunettes colorées qui lui mangent le visage, cette « Tootsie » du Chili, pathétique dans sa quête de la passion, se révèle touchante. Il fallait bien toute la conviction et l'investissement de la comédienne pour nous attacher cette femme à l'équilibre vacillant, inspirée de la Gloria de Cassavetes et des héroïnes « borderline » interprétées par Gena Rowlands.
D'autant que Gloria ne fait rien pour gagner nos faveurs, et encore moins celles de son amant, à qui elle n'épargne aucune humiliation. Agacée que Rodolfo ne s'affranchisse pas de l'emprise de son ex-femme et de sa fille, Gloria le met au défi, avec de plus en plus de virulence. La romance se grippe, entraînant le film du côté de la comédie grinçante. Elle s'insinue dans un récit qui s'en tient de bout en bout à l'enregistrement.
C'est là la limite de cette fiction minimaliste qui tarde à poser ses enjeux. De l'empilement de séquences banales, Sebastian Lelio tire, certes, un profit sociologique, mais cette accumulation s'apparente souvent au remplissage. Ce n'est que dans ses ultimes circonvolutions que le film nous emporte. A travers le spectacle cru et pitoyable d'une femme qui part en vrille, Sebastian Lelio élabore un récit de reconstruction, où le désir de contrecarrer le temps qui passe se mue en vanité.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire