"Musica convie auditeurs et auditrices à vivre un moment unique. Durant tout le festival, des concerts ont été dissimulés dans des lieux insolites ou normalement inaccessibles du centre-ville strasbourgeois. Des musiciens proposent une lecture du répertoire contemporain à travers plus d’une centaine d’oeuvres. Une expérience de l’intimité musicale qui, pour être vécue pleinement, est destinée à un public extrêmement réduit. Quant au mystère des lieux et du programme des concerts, il ne sera levé qu’au dernier moment…
Une cinquantaine de musiciens et musiciennes issus des formations invitées, d’ensembles locaux et de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg proposent une lecture du répertoire contemporain à travers plus d’une centaine d’œuvres. Une expérience de l’intimité musicale qui, pour être vécue pleinement, est destinée à un public extrêmement réduit. Quant au mystère des lieux et du programme des concerts, il ne sera levé qu’au dernier moment…
Le protocole est simple. Le spectateur choisit le créneau horaire qui lui convient, sans que ne lui soient dévoilés le lieu et le programme du concert. Une adresse lui est communiquée par SMS et email 48 heures avant la manifestation. Tous les lieux sont situés à Strasbourg même et ont été sélectionnés pour ne poser aucun problème d’accès. Sur place, à l’adresse et à l’horaire précisés, le spectateur est reçu et guidé par un agent d’accueil vêtu aux couleurs du festival."
Le lieu tenu secret jusqu'au bout de ce futur voyage intriguant où le "trac" de l'inconnu, de l'étranger, se fait au coeur de l'auditeur-spectateur d'un soir, d'un moment attendu. Voyeurisme, curiosité, tout semble animer celui ou celle convoquée à ce show unique, taillé sur mesure. C'est dans la salle Stravinski de l'ancien conservatoire de musique de Strasbourg que nous guide une charmante hôtesse identifiée Musica sur les marches du café du TNS...Suspens et petite anxiété ou enthousiasme de retrouver un lieu où 40 ans auparavant on y écoutait Françoise Kubler chanter Aperghis pour les premiers pas de l'Accroche Note...En robe rouge, gainée de voix déjà percutante et timbrée contemporaine!
Un jeune musicien fait irruption sur la scène déserte dans ce théâtre vide aux fauteuils peuplés de spectres absents...Vision surréaliste et onirique, l'auditeur assis sur une chaise dans l'intimité de la relation à deux, face à face!Un violon-alto pour trois morceaux de choix en soliste...De Gyorgy Kurtag, avec une pièce courte "Signes, jeux et messages"à Gyorgy Ligeti et son "Sonate pour alto", il n'y a qu'un pas que franchit l'interprète du Philarmonique de Strasbourg, avec dextérité, virtuosité et bravoure.Les cordes menées à bout de leurs possibilité sous ses doigts agiles pleins de maitrise: oeuvres qu'il a choisies pour leur originalité, leur "modernisme" musical, leur rareté et complexité..Un choix judicieux qui éclaire les possibilités d'écriture musicale pour alto et réjouit le tympan, agile à restituer les harmoniques qui se dissolvent dans la finesse et l'extrême difficulté à reproduire des sons inouïs..La dernière pièce exécutée de Pascal Dusapin, extraite de "Inside" de 1980 fait figure de zénith, de "clou" de ce concert inédit. L'alto vibre, surprend, se plie aux caprices d'une partition pleine de didascalies, de notes d'intension de niveau, de timbres, de rythme....Un régal, le temps de cet échange inédit musicien-auditeur qui flatte quelque peu l'ego personnel de celui qui reçoit ce cadeau unique et ciblé pour le meilleur d'une écoute recueillie, intime, intense. Promesse d'une encore meilleure lecture d'autres oeuvres après cette leçon particulière de musique de premier choix. Joachim Angster et sa frêle silhouette tout en noir se pliant à cet exercice avec générosité, enthousiasme, éclairant de son "discours amoureux" les oeuvres interprétées devant et pour celui ou celle qui ose franchir les barrières du concert classique frontal, pour dériver sur le fil du danger de la rencontre, de la proximité: belle initiative du festival Musica pour faire se rapprocher acteur et auditeur dans le vaste champ de la musique! On quitte les couloirs, escaliers, salles de cours et rampe de fer aux diapasons sculptés, pour réintégrer le monde de la cité, le rêve encore plein les oreilles....
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