vendredi 23 septembre 2022

"Discreet music": ça plane chez Eno !

 


Discreet music

Au milieu des années 1970, à mi-chemin entre l’avant-garde et la pop, Brian Eno posait les bases d’un nouveau genre musical, l’Ambient Music. Inspiré par la musique d’ameublement d’Erik Satie, la musique indéterminée de John Cage ou les drones de La Monte Young, il réalisait alors en studio une série de compositions fondées sur des processus formels stricts. L’impression d’une musique toujours à peu près la même et pourtant toujours différente nous plonge dans une écoute flottante, un état de conscience modifié propres aux musiques répétitives. Sous la direction artistique de Didier Aschour, l’Ensemble Dedalus propose une transposition instrumentale de quelques-uns des plus beaux titres de l’expérimentateur britannique.


Brian Eno
Discreet Music (1975) :le ton est donné avec le piano, compagnon de ce morceau hors norme: un leitmotiv envahissant, ascensionnel en reprise sempiternelle.La contrebasse s’immisce doucement dans ce maillage de notes égrenées à l'envi. Puis c'est au tour du xylophone-vibraphone de se glisser entre les notes, suivi des vents et cordes peu à peu.Cette lente et subtile addition, comme une accumulation savante de sons tuilés, se bordant, enrobant l'espace.L'amplification, le développement de ce motif, simple et enivrant, façonne l'opus dans une pureté des timbres rehaussée par l'acoustique vibrante et lumineuse de l'Eglise St Paul. Les auditeurs, allongés ou en position de méditation recueillie semblent bercés, apaisés par l'écoute de cette ode au calme, à l'évanescence de l'ether.Entêtant, persistant, les appuis et rebonds sonores font inflexions, pulsations régulières et mouvements de pliés, assemblés, chassés et détournés dignes d'un langage de danse classique reviisté.

Les oeuvres se succèdent indissociables...
Music for Airports (1978) : un must du genre sur le tarmac, embarquement immédiat pour survol aérienne, hors sol.Une longue tenue des cordes en introduction, envol et décollage vers des cieux prometteurs de paradis.Purgatoire oblige, calme et mystère comme ambiance globale.Le piano égrène ses notes, paisible, pondéré, douce et sensible référence acoustique.Dans une atmosphère lumineuse les perles de notes pianistiques rehaussant ce goutte à goutte délectable.Sur fond lisse, atonal, répétitif, minimaliste.Vents et piano comme des litanies, ondes et vagues sonores douces, enrobantes.Des inflexions votives comme mouvement aléatoire persistant.


Thursday Afternoon (1985):La sonorité inouïe des vents, saxophones à l'appui est reine et enchante.Symphonie relaxante, ambiance zen qui étire les sons et se répand sans cesse avec bonheur.De très belles intonations dans les graves de la part des trombones pour cette pesanteur solennelle édifiante. Telle une lente parade en hommage au temps, à la pondération.Les flûtes et clarinette, les cordes créent un univers lent, cortège qui passe sobrement comme une longue marche vers l'éternité.Eno en majesté dans un écrin acoustique idéal et pour un public nombreux, planant dans des sphères virtuelles de rêve.

Ensemble Dedalus
guitare, arrangements et direction artistique | Didier Aschour
flûte | Amélie Berson
clarinette | Laurent Bruttin
saxophone | Pierre-Stéphane Meugé
trompette | Christian Pruvost
trombone | Thierry Madiot
violon | Silvia Tarozzi
alto | Cyprien Busolini
contrebasse | Éric Chalan
piano | Denis Chouillet
vibraphone | Linda Edsjö
violoncelle | Deborah Walker

jeudi 22 septembre 2022 Église Saint-Paul dans le cadre du festival MUSICA
 

 

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